CHAPITRE I

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Le bruit du jour me fit sortir de mon repos.
Je ne pouvais plus parler de sommeil pour ces deux heures qui me servait de repos, de délivrance. Pendant un court instant mon âme arrêtait de souffrir...
Deux heures! Tout ce dont pouvait m'accorder mon corps pour libérer mon âme et mon esprit de cet état dans lequel je l'avais mis. Dormir qui était un moment sans doute agréable et pour lequel je ne fournissais aucun effort, était devenu une denrée rare à mon existence.
Je fis la première chose en ouvrant mes yeux, celle que je fais sans doute tous les matins à mon réveil, et cela depuis deux semaines maintenant. C'était involontaire et automatique, on pouvait dire que mon corps avait encré cette programmation dès l'instant où mes paupières se séparaient de leur étreinte il pleuvait dans mon coeur comme il pleuvait dans la ville, je fis un mouvement circulaire sur mon visage comme pour nettoyer la tâche d'une vitrine, je fixais le plafond avant de basculer ma tête sur le côté. J'ai aperçu le rideau de velours placé sur la fenêtre comme pour empêcher une quelconque lueur entrer prendre une coloration dorée, le jour s'était levé. J'ai posé mon premier pas sur le carreau froid de ma chambre, ça y est! Le calvaire pouvait commencer, une nouvelle journée, j'avais l'impression de passer quatre jours en seulement 24h c'était infernal, je me suis laissé traînée vers la salle de bain alors que mes pas s'entremêlaient l'un après l'autre, à croire que j'étais ivre morte moi qui pourtant ne touchais pas une goutte d'alcool. Je retirais lentement mon peignoir comme si les mouvements de mon corps étaient téléguidés, je n'avais plus le contrôle de moi même, j'étais juste vide et sans envie...
Je me regardais dans le grand miroir devant moi, l'eau ruisselait le long de mon corps purifiant ainsi ce corps qui pendant deux jours baignait dans un lac de larmes, je ne sais plus si je prenais une douche d'eau ou de larmes tout était si flou et confondu, mon corps entier tremblotait je fis alors passer ma main entre mes cheveux, un souvenir, une pensée, un flashback de cette journée horrifiante me revînt à l'esprit, je me suis crispée avant de m'effondrer et de pleurer à chaude larmes. L'eau avait cessé de couler, mes larmes tout aussi. Je me suis relevé lentement avant de me rediriger vers ma chambre, j'enfilais un t-shirt over size rouge puis un élastique dans les cheveux pour les tenir à l'écart de mon visage, j'ai remarqué sur mon portable qu'il était à peine 11h... c'est fou comment grâce à tout ça le temps a pu se figer, j'ai levé mon visage pour me regarder dans la glace, tout était terne, sous mes beaux yeux des cernes sans parler de l'énorme ride de loin que l'on apercevait à des kilomètres, je ne ressemblais à rien d'autre qu'une plante morte et cela m'anéantissait avant de sentir la grosse boule passez, vous savez cette boule qui souvent nous prévient que l'on fondra en larmes passa lentement dans ma gorge, j'ai levé les yeux pour les retenir mais impossible elles se sont allongées sur mon visage sans pour autant avoir à presser mes paupières. Un petit sourire, ensuite un ricanement, me questionnais je dans ma tête comment suis-je arrivée là! Toute mon existence était à présent conditionnée par ce qui m'est arrivé il y a deux semaines: migraines, insomnies, perte d'appétit, de poids, saut d'humeur et tous ce qui pouvait s'en suivre, j'étais mentalement épuisée à vrai dire.
J'ai saisie mon portable 12h 47 minutes, zéro notifications bien évidemment c'était logique, j'ai lancé "I hate you I love you" version française de Sarah avant de m'allonger et de m'en aller pendant que ce son mélodieux me berçait et m'emportait...
En ouvrant les yeux, c'était le noir absolution . Faisait-il nuit ? Moi qui pourtant avait perdu la capacité à dormir pendant plus de deux heures, je n'arrivais pas à croire que j'avais pu m'endormir jusqu'à la tombée de la nuit, je me suis redressé comme pour rééquilibrer les choses dans ma tête en saisissant mon portable, j'ai tapoté dessus il était off hélas! S'en doute que la batterie s'était épuisée à force de laisser tourner la musique, je me suis rapprochée de la fenêtre pour regarder à travers, en soulevant le rideau j'ai vu qu'il me cachait un grand ciel sombre et nuageux comme pour la bande annonce d'un film d'horreur. Cela m'aurait étonné, il ne faisait pas nuit non! Le ciel annonçait plutôt un moment de froid, d'eau et d'éclair... je regardais le vent souffler dehors soulevant et emportant ainsi tout ce qui se trouvait sur son passage et moi j'aurais aimé être à la place de cette nappe qui s'en allait au loin surfant sur le vent comme si la vie ne valait rien, les premières gouttes sur la vitre me virent sortir de ma rêverie il pleuvait, je me suis à nouveau sentie mal, était-ce le froid qui me procurait cette sensation je n'en sais pas plus que vous. Je me dirigeai lentement vers la salle à manger où je n'y avais mis pieds que le mercredi et rien n'avait bougé tout était exactement pareil, j'ai regardé vers le frigo encore des souvenirs à croire que ma maison était hantée, après un petit sourire sur le côté elles étaient de retour et se mirent à couler de nouveau, je ne pouvais m'empêcher de le faire et ça devenait mentalement épuisant de m'affliger tout cela, un jour de week-end où habituellement je serais entrain de me détendre me voilà ici toute seule dans le noir à m'apitoyer sur mon sort. La journée passa et j'étais perdu dans mes pensées emportée par la musique, il était 22h à présent et je me tenais devant mon écran, j'avais plein de messages mais je ne répondais à aucun d'eux je n'avais envie de parler à personne tout ce que je pouvais faire était écouter de la musique et vider mon corps de toutes ses larmes.
J'écrivais des textes dans mes notes un peu comme si je préparais un discours, j'écrivais encore et encore jusqu'à me rendre compte du temps qui s'était écoulé 4h! Mon corps s'affaiblît j'ai posé mon téléphone, pris mes genoux dans mes bras, verser quelque larmes avant de m'endormir jusqu'au matin.

CarcèlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant