Les Rescapés de Salem - Tome 2: Le shaman

Chapitre 14.

Salem, lundi 31 mai 2021
19h, appartement de Sidney et Alistair

Le loup-garou est assailli par les doutes. Il n'a pas cessé de se demander ce qui l'attend une fois la porte franchie. Même à travers le message, Alistair pouvait sentir l'excitation de Sidney. Il a passé sa journée à s'abrutir devant la télévision, trop impatient de retrouver son mari pour faire quoi que ce soit. Riley a annulé leur pause déjeuner, à cause d'un travail urgent et prioritaire. Il s'est fait chier durant des heures et maintenant qu'il a enfin bougé, il reste immobile.

Bordel, son nom est sur la porte, il a signé le bail et il paye la moitié du loyer tous les mois. Il n'a pas à avoir peur. C'est un alpha, il s'est battu contre toutes sortes de monstres, dont un rakshasa et un berserkers. Alors ce n'est pas son propre mari, shaman d'un mètre soixante-dix qu'il va craindre. Ledit mari a une arme qu'aucune autre créature possèdent, son corps. Cette demande à dîner à des goûts de rencard. Il se fait inviter à un rendez-vous par son époux, chez lui.

Il ne sait pas pourquoi il stresse autant. Quand bien même c'est un rencard, ce n'est certainement pas le premier et il espère que ce ne sera pas le dernier. Si Sidney lui en donne l'occasion. Aller ça suffit ! Il n'arrive pas à croire qu'il va sonner chez lui, l'appartement dont il est propriétaire. C'est un comble.

Avant qu'il n'esquisse le moindre geste, la porte s'ouvre sur l'objet de ses tourments. Ali s'est laissé surprendre. Ok, vu la tenue du blond, c'est définitivement un rencard et l'odeur du gel douche frais embaume ses narines.

- Salut, lui dit Sidney d'une voix tendre, mais un brin timide. Madame Baker m'a dit que tu étais là et que tu n'osais pas entrer. Ce qui est stupide, c'est chez toi.

- Madame Baker ? Une nouvelle amie ?

- Oui, longue histoire. Je te la raconterais.

Sidney se décolle, il est trop gêné pour dire à Ali qu'il peut entrer. Le noiraud pénètre dans leur logement. Il entend le rythme cardiaque effréné de son mari, son angoisse aussi. Du coup, il ne sait pas s'il doit s'inquiéter. En revanche, il ne s'attendait pas à voir une table joliment dressée pour deux. Des casseroles sont posées sur la plaque à induction. Donc là, c'est officiel, ils ont un rencard. Comme Sidney est au bord du malaise, il ne demandera pas la confirmation à voix haute.

Son organe vital d'homme amoureux en fond d'amour. Visiblement, cette soirée est importante pour son mari. Même sa tenue bleue n'est pas choisie au hasard, c'est l'assortiment préféré d'Alistair. S'il se fi au parfum qui s'échappe de la cuisine, c'est son plat favori qui mijote. Est-ce que Sidney tente de l'amadouer ? Si c'est le cas, il commence très bien.

- Je nous ai pris du vin, annonce le shaman en se dirigeant vers le frigo, la voix chevrotante. Celui que tu aimes bien.

- Merci, répond-il simplement, un peu perdu.

La bouteille en main, Sidney récupère un tire-bouchon dans un tiroir. Alistair le regarde l'ouvrir, les doigts tremblants. L'anxiété qui les entoure, l'empêche de faire remarquer à son mari que le vin rouge se met dans la petite cave en dessous du frigo et non dans celui-ci. L'attention le touche beaucoup, surtout que Sidney ne boit pas d'alcool, normalement.

- Tiens, lui dit le shaman en lui tendant un verre à pied, à demi rempli de liquide rouge.

- Merci bébé.

Le visage du blond prend une jolie teinte rosée et son coeur s'affole. Ce surnom a toujours cet effet sur lui, pour le plus grand plaisir d'Ali. Ils trinquent en silence, puis boivent une gorgée. La grimace de Sidney n'échappe pas aux yeux du noiraud. C'est la première fois en vingt-huit ans qu'ils sont mal à l'aise ensemble. Ils ne savent pas quoi se dire. Après les banalités d'usages, ils ont fait le tour.