Les Rescapés de Salem - Tome 2: Le shaman

Chapitre 28.

Salem, lundi 28 juin 2021
17h30, bureau du légiste

- Vous allez écouter votre médecin Jefferson, gronde Sidney au bord du désespoir. Ce n'est pas vous le médecin là-bas.

- Je n'ai pas besoin de ce séjour en ré-éducation, argumente le légiste tel un enfant. J'ai déjà passé trois semaines à l'hôpital, je suis apte à rentrer chez moi.

Sidney lève les yeux au ciel en se retenant de soupirer. Il se pince l'arête du nez et implore les esprits pour garder son calme. Si le service de cardiologie estime que Jefferson a besoin d'aller dans un centre de repos, alors c'est qu'il y a une bonne raison. Le légiste minimise trop la crise cardiaque qu'il a eue. Ses derniers ECG montrent qu'il n'est pas encore rétabli. Chose qu'il ne pourra jamais faire s'il continue à demander à Sidney de pratiquer les autopsies en visio.

La porte de son bureau s'ouvre sur Alistair, tandis qu'à l'autre bout du fil, Jefferson râle qu'on l'infantilise. Gordon et Sidney ne seraient pas obligés de se comporter ainsi avec lui, s'il était raisonnable. Le blond lance un regard de détresse à son mari. En deux enjambées, Ali traverse la pièce et se place derrière lui. Il commence à lui masser les épaules. Sidney se détend instantanément.

- Non, vous irez dans ce centre, expose Sidney d'une voix dure. Gordon et moi, nous venons vous chercher demain matin et nous vous emmènerons là-bas.

- Vous êtes aussi têtus l'un que l'autre.

- C'est l'hôpital qui se fout de la charité.

- Ne sois pas insolant jeune homme, réplique le médecin vexé. Je te rétrograde !

- Non, vous ne pouvez pas. J'ai signé un papier qui stipule noir sur blanc que je suis votre remplaçant durant toute la durée de votre convalescence. Demande faite par le commandant du poste de police de Salem...

- Ça va, j'ai compris, le coupe Jefferson.

- Donc je viendrais vous chercher demain à 11h.

- Très bien. Je vais faire ma valise dans ce cas.

Le vieil homme raccroche en marmonnant des paroles inaudibles, certainement des plaintes. Sidney pose son portable sur le bureau, il s'octroie enfin le soupir qui le démange. Il était à deux doigts de s'arracher les cheveux. Les mains d'Ali sur sa peau apaisent toutes ses tensions. Son patron est si borné, il n'assimile pas que sa santé est en jeu, il doit y aller en douceur.

- Comment tu as su ?, demande Sidney à son mari.

Ce n'était pas prévu qu'ils se rejoignent à la morgue. Le shaman devait retrouver Alistair à l'unité 1 dans une demi-heure, fin officielle de leur service. Lieu où Riley va venir pour leur parler de ses vacances.

- J'ai entendu ton coeur m'appeler, répond Ali en encerclant son cou.

- Mon âme-soeur, murmure Sidney reconnaissant. Jefferson va me rendre fou, il refuse des soins dont il a besoin.

- Il sait qu'il doit les accepter pour que le médecin lui donne l'autorisation de retourner au boulot.

- Heureusement que Gordon a pu mettre en place cette manigance, je te jure.

Ali ricane dans la nuque de Sidney. Un long frisson le traverse. Il remercie son époux d'être venu et d'être si prévenant avec lui. Malgré le contexte, Ali est toujours attentif à ses besoins. Il reçoit un baiser sur la joue. Il bascule le crâne contre le thorax du noiraud. Son mari, parfait en toutes circonstances. Il en ronronne de plaisir. La barbe d'Ali chatouille sa peau, ce qu'il adore. Il l'entend vaguement lui répondre, mais les mots ne lui parviennent pas, trop perdu dans son nuage de bonheur.