Bonjour, bienvenu(e) ! Nouvelle histoire, ancien ship. En ce moment je manque cruellement d'inspiration, alors je me gave de fanarts tous plus mignons les uns que les autres dans l'espoir d'avoir "un éclair de génie".
Celle-là [l'histoire] moisissait depuis quelque temps dans les notes de mon téléphone. Je les mise en brouillon wattpad il n'y a pas longtemps, et j'ai finalement décidé de la publier, même si je ne sais pas où ça va me mener. Ce genre d'histoire que je commence et que je ne termine jamais, parce que l'inspiration c'est évaporé, ou a été remplacée par une autre.
J'espère que vous apprécierez la lecture. Le style est 1000 fois moins travaillé, mais anyway.
(Petite précision de lecture : dans ce chapitre 0, tout le passage avant "Ce matin-là..." est du point de vue de l'Atsumu blond, celui qui s'est suicidé. On enchaîne après avec l'Atsumu brun. Juste au cas où...)
Atsumu vivait seul dans un ridicule appartement de huit mètres carré. Il restait la plupart du temps cloîtré dans ce petite habitacle, recroquevillé dans un lit engoncé entre quatre maigres cloisons, qui laissaient auditivement entrevoir au blond l'étendu des acrobaties noctures - voir même matinales - de ses voisins. Parfois, il se levait pour arracher une conserve de pulpe de tomate de ses placards atrophiés. Il la vidait à la cuillère à soupe, les yeux dans les vagues. Parfois, il allumait la télé, pour finalement sauter de chaînes en chaînes et toujours tomber sur les mêmes glands. Parfois, il regardait par la fenêtre, et observait les fruits de ses voisins gymnastes zigzaguer sur le goudron, si parsemé de trous qu'on aurait dit, de son étage, une étrange tranche de gruyère. Parfois aussi, il regardait le ciel. Le ciel, il l'aimait, peu importait sa couleur, le nombre de nuage qui l'occultaient ou les éclairs tonitruants qui le zébraient les jours d'orage. Il l'observait, le détaillait, une canette à portée de lèvres et une bonne cuillerée de tomate à la main. Il était le seul à faire cela. Sa vieille voisine de palier ne prenait pas la peine de lever ses yeux cernés de pattes d'oies vers le ciel lorsqu'elle secouait ses longs draps fleuries à la fenêtre. Le couple acrobate ne renversait jamais la nuque en arrière pour l'observer lorsqu'ils cheminaient main dans la main, chaperonnés par une brise d'été. Les enfants qui arpentaient de long en large le vieux goudron du terrain vague ne faisaient jamais halte dans leurs folles équipés pour voir le bleu céleste se décliner de maintes façons au gré du temps. Le ciel et lui, c'était une grande histoire d'amour. Parfois, Atsumu avait l'impression d'avoir trouvé l'âme sœur en son voisin céleste. Ils étaient tous les deux seuls ; pourtant toujours là, en chaire et en os, mais personne ne se risquait - ni même pensait, tout simplement - à les regarder. Juste un regard. A peine une œillade. Seulement le temps qu'il faut pour qu'on les remarque, qu'ils prennent corps dans ces pupilles indifférentes, l'espace de quelques secondes. Cela lui suffirait. Mais les gens sont avares de regards, car ils savent, ils savent qu'une seule étincelle peut se transformer en feu de forêt si on l'alimente. Et de quoi à besoins une étincelle pour grandir ? D'un peu d'humidité. De combustible. Ou tout simplement, d'une autre étincelle.
Certes, le ciel est si colossalement plus grand que lui. Il n'est qu'un grain de sable qui attend patiemment de passer de l'autre côté du sablier. Mais finalement, se dit-il, ne suis-je pas un ciel miniature ? Ne sommes-nous tous pas des ciels miniatures ? Qu'il soit plus grand ne signifie pas, ce manière irrévocable, qu'il recèle davantage de richesse. Ses mineures à lui sont les astronomes, les astrophysiciens, les cosmologues. Ceux d'Atsumu ne se sont pas manifestés à l'appel. Pas encore. Peut-être que la rémunération inexistante les rebutes.
Alors il attend, avec son ami aux multiples déclinaisons chromatiques. Il attend, que quelqu'un daigne bien le voir. Que la personne qui vie derrière la fenêtre face à la sienne, l'entraperçoive à travers l'inclinaison de ses rideaux pales. Qu'une pensée parmi d'autres, en cet instant où elle pose les yeux sur lui, même par inadvertance, lui soit dédiée. Qu'elle se dise "Qu'il est laid" ; "Qu'il est bizarre" ; "Qu'il doit se sentir seul". N'importe quoi, pourvu que cela le face exister dans l'esprit de quelqu'un.
Mais, à vrai dire, il rêve bien que cette personne - où une autre, n'importe qui - ait une pensée toute particulière qui lui vienne par la tête. Ce serait probablement un de ses voisins, qu'il connaît si bien et qui, pourtant eux, ne le connaissent pas, qui tenderait le plus à la formuler mentalement. La question tant attendue, qui embraserait son corps, et qui le consumerait très certainement de bonheur.
"Qui est-il ?"
Atsumu avait simplement besoins d'une autre étincelle, pour qu'elle mette le feu à la sienne. Une simple marque d'intéressement, même inconsciente. Un simple contact visuel. Un échange de regard. Cette expression lui plaisait, non seulement parce qu'elle exprimait à la virgule près son désir le plus profond, mais également car d'une manière détournée, c'était exactement ce dont il avait besoins. Une seconde manière de voir les choses. Un autre point de vue. Depuis, peut être, un appartement au premier étage, qui abriterait un jeune artiste à la poursuite d'une carrière brillante. La terre serait son verre d'eau, et son sein, son pinceau. Les humains, dans leur méandre de sentiments et d'états d'âmes, de paroles et d'actions. Son art serait le reflet de leur coexistence. Il verrait le monde, comme un artiste. Avec du recul, assis sur une chaise, face à son chevalet ; et, à quelques pas de lui, son modèle, sa muse, son chef d'œuvre : l'humanité. Le monde. Il ne serait ni positif, ni négatif. Ni réaliste, ni utopiste. Il peindrait, sans jugement.
Et qui mieux qu'Atsumu pourrait remplir ce rôle ? Lui qui est si peu touché par ces mêmes sentiments, ces évènement, car il n'existe pas. Il est invisible. Il n'arrive pas à se découvrir, à s'apprivoiser.
Atsumu aimerait partager son point de vue. S'asseoir à ses côtés et observer sa toile, sans se soucier du reste.
Les artistes ont la chance de pouvoir regarder tout leur soûl, sans que leurs modèles le leur retournent. Pour eux, c'est une bénédiction. Pour Atsumu, le reflet de son existence. Non, il ne fera pas artiste.Atsumu n'aime personne, et à la fois tout le monde. Il aime son jumeau, qui vit dans un palace dans un quartier prestigieux de Tokyo. Il aime ses parents, qui sont morts il y a bien longtemps. Il aime ses anciens amis. Mais il ne sait guère pourquoi.
Osamu, c'est à peine si parfois il oublie son existence. Osamu ne lui rend plus visite depuis bien longtemps ; depuis qu'il vit ici, en réalité. Prétextant qu'il ne voulait pas courir le risque que sa voiture soit volée par un de ces respectables habitants, il n'y a plus jamais mis les pieds après le déménagement. C'est l'argent qu'il lui envoie chaque moi, dans une enveloppe rectangulaire sans timbre, qui lui rappelle que oui, il a un frère. Un frère qui lui ressemble comme deux goutes d'eau.
Parfois il se regarde dans le miroir. Ça n'arrive pas souvent, car voir son visage se détériorer de jour en jour n'est pas une bonne chose pour son morale. Des idées folles lui traversaient l'esprit, comme se teindre les cheveux en gris et se faire passer pour son frère. La, il pourrait sur d'être regarder. Et pas que, d'ailleurs, car en seulement quelques années, son frère s'était convertit en un chef étoilé reconnu, admiré de tous, invité sur les plateaux télé, interviewé par de célèbres journaux.
Lui qui était le plus lumineux. Lui qui initiait leurs jeux. Lui à qui sa mère vouait une admiration muette. Lui, que son père faisait tourbillonner, toujours plus haut, jusqu'à dépasser le ciel. Lui qui allait décrocher les étoiles.
Et soudain...
Ce matin-là, les paupières d'Atsumu Miya dévoilèrent ses yeux noisettes. Ses jambes se contorsionnèrent pour amener à se redresser le buste. Les pieds prirent appuis sur le vieux parquet. Son regard tâtonna l'espace, ne sachant où se poser. Surtout pas sur son reflet. Ses mains agrippèrent la hanse de son frigo. Il en sortit un yaourts au kiwi. Sans morceau.
Au moment où il déposait mécaniquement le fruit d'un laborieux effort sur sa table basse, deux coups retentirent contre la porte d'entrée.