Atsumu a fait un rêve étrange, la nuit dernière. Il était avec Shoyo, au pied d'une montagne. Un ruisseau les séparait. Le brun lui avait crié de le rejoindre. Le rouquin affichait une expression étrange. Douce et lasse à la fois. Il avait secoué la tête, et sous ses yeux gonflés des larmes à venir, il s'était envolé. Sa voix traînante résonnait encore dans ses oreilles lorsqu'Atsumu s'était réveillé, en nage. Frustré de ne pas réussir à se rappeler ses paroles, qui l'avaient pourtant marquées au point d'en pleurer, Atsumu n'avait pu se rendormir.
Atsumu y repensait, en buvant cette horrible soupe, en croisant de nouveau le regard de Shoyo, en le regardant sortir de son appartement.
Il y repensait encore quand, dehors, assis sur un banc, il buvait une canette de thé froid. Son appartement était trop petit, et celui d'Osamu trop grand pour qu'il invite le rouquin à entrer. Fallait-il parler, évoquer le passé, se sourire et se pardonner ? Atsumu avait trop changé. Pardonné aurait été presque hors propos Alors ils buvaient en silence, sous la lumière déclinante.
"Tu n'es plus blond", furent les premières paroles du rouquin.
- En effet, répondit-il.
- J'aime bien comme ça aussi.
Ils frémissaient.
- Tu es parti au Brésil, ajouta-t-il.
- En effet.
Les lèvres du rouquin s'étirèrent sur le bord de la canette qu'il suçotait d'un air pensif.
- C'était comment ?
- Instructif, brûlant et sans thé.
Atsumu ne trouva plus rien à dire. Shoyo attendait quelque chose de sa part, c'était évident. Il attendait ce moment où ils évoqueraient le passé. Le brun le pressentit.
- Il faut que j'y aille.
Ils se levèrent. Shoyo se proposa pour le raccompagner. Atsumu refusa poliment. Le thé avait un goût de plastique, il ne s'en rendait compte que maintenant, sur le point de pousser la porte de l'immeuble. Derrière lui, on l'apostrophe. C'est Shoyo, au milieu du goudron troué.
- Tu m'as attendu ?
La réponse était évidente.
- Oui.
Shoyo se mord la lèvre inférieure, ne la relâche que pour parler.
- Je voudrais tout recommencer.
Atsumu n'a pas besoin de répondre. La réponse est évidente, mais cruelle pour les deux. Alors il la ravale et pousse la porte d'entrée. Cette fois, personne ne le retient.
