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Atsumu pédale, pédale à en perdre son souffle. Hors d'haleine, mais satisfait de cet effort physique, il le range dans le garage commun, entre une draisienne rose et un vélo à cabas. Oikawa l'a libéré tôt, cette après-midi là, ce qui lui a permis de se défouler. Il a rencontré Yachi et sa petite copine devant le marchant de glace. Elles semblent amoureuses l'une de l'autre. Atsumu les envierais presque. Puis il repart chez lui, la boule au ventre. Il a terriblement envie de le voir.  

Il enfonce la clé dans la serrure, la tourne. Il hésite toujours un quart de seconde sur le sens du tour. Son porte-clé ballon rebondit contre la porte. Tombe à terre, entraîné par la chute des clés. Le tissu se déchire, libère de la mousse qui s'éparpille autour du ballon dégonflé. Le tout à un côté dramatique.

Shoyo est là, dans son lit. Les yeux mi-clos perdus dans les vagues. Ce qui apparaît comme un vacarme dans cette pièce silencieuse le tire de sa rêverie. 

Il semble perdu. Sa lèvre tremblote. Il se pince sauvagement un carré de peau.

- Atsumu, Atsumu !

Il se jette dans ses bras. Le brun l'enserre en retour. Lui même est déboussolé, et attend encore quelques minutes avant de lui demander des explications. Shoyo inspire profondément, le nez dans son sweat shirt.

- Je ne demanderais plus rien, je le jure ! Oh, merci ! merci !

Sa prise se raffermie. Il encercle la taille du brun de ses petits bras. Frotte son visage contre son cou. C'en est trop pour Atsumu, qui l'écarte gentiment.

- Que me vaut cet honneur ?

La réponse est brève et se résume à un froncement de sourcil.

- Bon écoute, je veux bien discuter du passé, si tu veux qu'on mette les choses à plat. Mais laisse-moi juste le temps de me doucher. 

- Quel rêve réaliste...

Shoyo se dresse sur la pointe des pieds, observe le moindre carré de peau. Atsumu sent son embarras croître.

- Tsum tu... pourquoi t'es-tu suicidé ?

Puis, se tournant vers le plafond :

- J'en ai déjà tant demandé et obtenu, mais il semble que... je souhaite savoir. 

- De quoi parles-tu ? Quel suicide ?

Shoyo semble l'écouter pour la première fois. Il pèse le poids de ses mots.

- Je ne comprends pas... murmure-t-il, brusquement effrayé. Puis il saisit une poignée de ses cheveux roux, les tire sans vergogne. Réveille toi ! Réveille toi !

- Eh oh, du calme !

Atsumu tente de le maintenir à sa place, l'attrapant par derrière, mais Shoyo s'arrête de lui-même.

- Tu sembles épuisé. Laisse-moi me laver, et après si tu veux je t'invite boire un thé en bas.

Atsumu tremble de peur. Qu'arrive-t-il à Shoyo ? Le mieux est d'entrer dans son jeu, et de faire comme si de rien n'était.

- Tu as dit quoi ?

Le brun cligne des yeux.

- Que tu sembles épuisé ? Que je vais me laver ?

- Après.

- Que je t'invite à un thé en bas ? Haha, ton avis est intéressé. J'y travaille figure-toi, j'aurais certainement la boisson gratuite si Oikawa n'est pas trop radin.

La mâchoire du rouquin balaye le sol.

- On est en quel moi ?

- Euh... Janvier.

- De quelle année ?

- **21.

Un petit cri meurt dans la gorge de Shoyo. **21. Il y a un an.

- Mais tu... enfin, tu ne sembles pas surpris de me voir alors que j'ai emménagé en avril...

Il s'adresse autant à lui même qu'à Atsumu.

- Tu as emménagé il y a quatre jours.

- Pardon ?

C'est alors que ses yeux se posent sur la chevelure brune.

Under the same sky ||AtsuHina||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant