Résilience, partie 4

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Adèle se redressa soudainement. Une vive douleur lui traversa la poitrine.

— Slowly ! Your injury is quite serious. (Doucement ! Votre blessure est assez grave.)

Elle n'était pas morte. Pourtant cela aurait été préférable. Sa résurrection aurait complètement effacé tout traumatisme. Elle regarda autour d'elle. Une toile avait été tendue à l'aide de plusieurs poteaux et formait une tente de fortune. Des centaines de blessés l'entouraient.

— Jack ? s'enquit-t-elle.

— Corporal Smith is alive. But he's not awake yet. (Caporal Smith est vivant. Mais il ne s'est pas encore réveillé.)

— Where is he ? (Où est-il ?)

— Get some rest , ordonna-t-il. (Reposez-vous.)

Elle attendit qu'il s'éloigne et se leva avec précaution. Elle portait toujours sa brassière mais on avait passé un pantalon par-dessus son short.

L'odeur sous la toile était désagréable : sang, infection, urine et selles.

Il fallait qu'elle retrouve Jack. Il était peut-être le seul sorcier à des kilomètres à la ronde, le seul à pouvoir l'aider.

Mais tous les soldats se ressemblaient. Tous des hommes blancs et pas une seule combattante.

Tout en continuant à chercher, elle mit sa paume sur sa plaie et accéléra un peu plus la cicatrisation. Suffisamment pour ne plus être en danger, mais pas trop pour n'éveiller aucun soupçon.

Jack était au bout de la rangée. Elle n'attendit pas plus longtemps et le soigna légèrement.

Ainsi elle évitait les complications, comme une infection ou la perte de trop de sang, de se produire. Un halo bleu pâle entourait le jeune soldat. Inquiète, Adèle surveillait que personne ne la regarde.

Le caporal se réveilla soudainement.

— Je ne peux pas faire plus sans que ce soit suspect, s'excusa-t-elle. Je suis désolée.

— Thanks. (merci)

Elle s'assit par terre, épuisée.

— Je pourrai probablement te soigner dans quelques heures, lui promit-il.

— Non, il va falloir que je fasse avec. Sinon comment l'expliquer ?

— Tu sais si on a réussi le débarquement ?

Adèle observa les alentours avant de lui répondre. Sa présence devait déjà éveiller les soupçons. Quelles seraient les conséquences si on découvrait qu'elle détenait des informations sensibles ?

— Vous tenez quelques plateaux comme celui-ci. À Vierville-sur-Mer, la situation commencera seulement à se stabiliser après-demain. La bataille de Normandie durera jusqu'à la fin du mois d'août. En Europe ce sera officiellement fini par la capitulation de l'Allemagne en mai 1945. En septembre de la même année pour l'Asie.

Jack garda le silence. La perspective d'encore plus d'un an de guerre le démoralisa profondément. Son université et les vacances à profiter des bons plats de sa mère lui manquaient.

Il aurait dû être diplômé cette année. Porter une toge, lire la fierté dans le regard de ses parents et faire la fête avec ses amis. Au lieu de ça, il s'était engagé dans l'armée après Pearl Harbor.

S'il rentrait au pays, arriverait-il à reprendre ses études ?

— Alors ton but est de sauver ta chronologie et les gens que tu aimes ? demanda-t-il lorsque les souvenirs devinrent plus douloureux que réconfortants.

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