Nouvelles sorcières

Résilience, partie 8

Mais subitement des éclairs s'abattirent sur Eugène et ses hommes. Une silhouette de femme se tenait sur leur droite. Ses pouvoirs semblaient être ceux d'une multiple.

Adèle peinait à rester éveillée tandis que des rayons lumineux d'une bataille acharnée déchiraient l'obscurité.

Au bout de combien de temps les troupes aux alentours se dirigeraient vers eux ?

Un Allemand s'attaqua à l'inconnue. Tout en maintenant son lien avec Adèle, Jack lança un sort. Les mains du soldat nazi se noircirent soudainement puis son visage et il s'écroula.

Perturbé, Jack baissa les yeux.

— Je... J'utilise ta blessure, expliqua-t-il dans un murmure. Je ne savais pas que... Je n'aime pas faire ça.

Adèle entendit des échanges de tirs. Ce qu'elle avait craint se produisait. Des troupes avançaient dans leur direction.

— Jack ! chuchota Adèle dans un râle. Le médaillon... Maintenant ! Il faut emmener la multiple avec nous.

Cette dernière fut bientôt encerclée. Le caporal hésita un instant avant de continuer à la protéger. Il ne s'était pas engagé pour participer à une guerre magique et tuer des compatriotes. Malheureusement il n'avait plus le choix.

Les militaires s'écroulèrent tous en une fraction de seconde.

Eugène horrifié s'apprêtait à fuir. Mais l'inconnue lui jeta un éclair qui l'emprisonna.

— Tu sais qui je suis ? lui lança-t-elle. Mon père me répétait souvent une phrase que ma mère lui avait dite un jour : le moindre détail compte toujours. Je suis celui de ton échec.

Eugène écarquilla les yeux et se débattit en vain. Cette sorcière possédait une puissance et une rage bien trop forte.

— Tu sais depuis combien de temps j'attends ce moment ? ajouta-t-elle.

Il explosa. Un amas de lambeaux de peau et d'os retomba au sol.

La multiple s'élança alors vers Jack et Adèle. Elle attrapa la main de la temporale en s'agenouillant auprès d'elle :

— Maman !

— Renée ?

La jeune femme acquiesça les joues couvertes de larmes.

— Névoa ! proclama Jack avant que les troupes alliées et allemandes atteignent leur position.

Un épais brouillard envahit le bosquet. Jack sentait les forces de son amie s'évaporer. Lui seul la maintenait encore en vie grâce à sa propre énergie. La brume se dissipa progressivement laissant apparaîtra des meubles et des murs.

— Une réplique de notre maison, expliqua Adèle.

Renée la fit léviter afin de la déposer sur le canapé du salon. Puis elle se précipita jusqu'à l'armoire à onguents et potions. Elle revint rapidement, tourna sa mère avec précaution et appliqua une crème aux doux parfums de menthe et de lavande sur sa blessure. Une sensation de froid s'empara du bas du dos d'Adèle et remonta jusqu'à son cœur.

— Cela atténuera la douleur. Je suis désolée. Nous sommes toujours incapables de contrer les czas. Je ne peux pas te sauver.

— Un anesthésiant temporel, en conclut Jack.

— J'ai fini par apprendre l'art des potions, expliqua-t-elle. Je sais donc les reconnaître.

Adèle lui caressa la joue et la contempla. Sa fille était à peine plus jeune qu'elle.

— Je suis une multiple alors j'ai survécu. Je viens du futur pour que tu saches que je vais bien et pour... te dire au revoir, termina Renée dans un sanglot.