-Ollie, que se passe-t-il?, interrogea Michael en avançant dans ma direction. Pourquoi pleures-tu?
Il s'accroupit pour se mettre à ma hauteur, son visage anxieux sondant mes larmes d'un air ennuyé. J'eus un soupir en ravalant le sanglot qui gonflait de nouveau ma poitrine, et je passais mes doigts contre mon visage ruisselant.
-Décidemment, je te retrouve toujours après un moment délicat, dis-je avec un sourire douloureux. J'en suis désolée.
-Ne dis pas de bêtises, maugréa-t-il en secouant la tête. Tu n'as pas à t'excuser de pleurer. Dis-moi plutôt ce qu'il s'est passé. Miguel m'à pourtant affirmé que tu ne rentrerais pas avant une heure avancée de la nuit, que t'est-il arrivé?
-J'ai quitté le restaurant en furie, répondis-je en baissant les yeux sur mes doigts où mes larmes avaient fait déteindre mon mascara noir. Je n'ai pas encore pu redescendre en pression, d'ailleurs, mais là...
Il eut une mine chagrinée en relevant ses sourcils noirs. Malgré mon ton sec et ma voix rocailleuse, Michael ne semblait pas vexé ou blessé. Au contraire, il m'observait avec tristesse lorsqu'il remua sur le sol pour s'asseoir en position de tailleur, puis il me tendit sa grande main brune.
-Alors faisons redescendre la pression, dit-il en m'observant déposer ma main dans la sienne. Quels endroits du monde préfères-tu?
-Comment?, cillai-je surprise.
-J'aime beaucoup l'Afrique, poursuivit-il pensif. Tu y es déjà allée?
-Je suis allée au Cap-Vert une fois, dis-je en tentant de me recomposer des souvenirs. Miguel avait un rendez-vous officiel qui se déroulait pendant la période de Noël, et j'étais un peu... triste.
Ma grimace lasse le fit esquisser un demi-sourire compréhensif.
-C'était ma première année sous son aile, me justifiai-je inutilement. Les filles préparaient les fêtes dans l'entrain habituel qui entoure ce moment là de l'année, mais je n'ai jamais été très amie avec Noël.
-Tu n'apprécies pas ça?
-On ne m'en a jamais donné l'occasion, dis-je en baissant une nouvelle fois les yeux sur ma main restée posée contre mon genou. A l'orphelinat, j'étais en fugue, ou punie. Et pour être honnête, je ne me souviens plus vraiment de mes premiers Noël avec ma mère.
Il hocha la tête gentiment. J'avais honte de lui avouer une nouvelle fois la mélancolie qui baignait mon existence, d'autant plus qu'il m'écoutait avec une attention particulière, de celle qui donnait l'impression d'être l'une des personnes les plus impressionnantes qu'il eut jamais rencontré.
-Et toi, lançais-je pour détourner la conversation de ma personne. Tu as déjà mis les pieds en Afrique, alors?
-Oh, bien-sûr!, s'exclama-t-il en arquant ses sourcils sous l'écarquillement de ses grands yeux. Nous nous sommes produits au Sénégal l'année dernière, à Dakar. C'était formidable d'aller là-bas. Nous devrions partir faire un tour d'Europe avec le prochain album, mais j'espère que nous pourrons prendre quelques jours pour y retourner.
-Vous décidez de votre programme si longtemps à l'avance?, soufflai-je ébahie.
-Pas le choix, dit-il en haussant les épaules. Les maisons de disque doivent répondre aux demandes les plus récurrentes, et puis lorsque la musique commence à plaire à l'international, il faut être méthodique.
-Alors tu es déjà allé en Europe, non?, tentais-je de me souvenir. Il y à trois ans?
-Quatre!, corrigea-t-il. On à pu visiter la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne...
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Who is it?
General Fiction"Vous souvenez-vous de l'époque bénie de votre vie où l'insouciance et le soleil baignaient vos journées du réveil au coucher? Vous savez, cette partie de votre vie, lorsque vous êtes assez conscients pour apprécier chaque petite goutte de bonheur q...