Chapitre 9

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Outlander Soundtrack - People Disappear All the Time

Bureau du Roi

Château de Bavery

Une heure plus tôt...

Roi James

Pensant que ma conversation avec Nicholas aurait quelque peu adouci le mal qui me dévorait, celle-ci n'a fait qu'enfoncer le clou. Je viens de passer une nuit des plus désagréables, bataillant avec draps, oreillers et couvertures en quête d'un sommeil réparateur. Résultat, je suis à fleur de peau et prêt à en découdre avec le monde entier. Je suis enclin à reconnaître mes torts, mais Carah est aussi coupable que moi ! J'ai l'impression d'être face à une montagne infranchissable, sans aucune issue favorable pour la surmonter. Dois-je céder à tous ses caprices pour enfin avoir la paix ? Dois-je la laisser flâner dans les couloirs du château et continuer à fuir ses obligations ?

À mon réveil, je ne me suis même pas donné la peine de descendre pour le petit-déjeuner. Me retrouver à ses côtés m'aurait fait sombrer dans la folie. La désillusion qu'elle m'a infligée hier soir me laisse un goût aigre en bouche. J'ai beau le noyer dans un verre, rien n'en vient à bout. Notre lit ne m'avait jamais paru aussi désespérément vide, aussi froid. Avoir parcouru son corps de mes doigts a libéré un tourbillon d'émotions dont je peine à maîtriser les vestiges. Le manque me taraude, me persécute, générant une frustration insoutenable au fond de mes entrailles. Son parfum flotte encore sur mon torse, la marque lancinante de son passage est ancrée jusque dans mes os. Une tension électrique habite mes membres, mes sens. À moins d'assouvir le désir féroce qui menace dans mon entrejambe, je ne vois pas comment soulager ma tension. J'ai l'impression d'être un jouvenceau accro aux plaisirs de la chair !

Me voilà réduit à errer comme une âme en peine dans ce fichu bureau !

On toque à la porte, me libérant de mes lubriques pensées.

— Entrez ! aboyé-je.

Grizel apparaît avec une mine à faire brailler un nourrisson. Visiblement, sa nuit n'a pas été de tout repos pour elle aussi. Lucie aurait-elle fait des siennes ? À son âge, le port de la tétine et des couches n'est plus d'actualité ?

— Bonjour, Votre Majesté, minaude-t-elle. J'aimerais m'entretenir avec vous.

Que se passe-t-il encore ?

Je m'adosse à mon siège, sentant une migraine gangrener mon cerveau.

— Je vous en prie, Grizel. Asseyez-vous.

Elle s'installe face à moi, d'un air désœuvré.

— Je... Enfin, ce que j'essaye de...

— Ne prenez pas de pincettes avec moi. Ma nuit a été des plus éprouvantes, je vous conseille grandement d'en venir au fait.

Elle frémit sous mes invectives, mais redresse le menton avec courage. Parfois, je me maudis de ne pas savoir mettre les formes avec mon personnel. J'ai l'air d'un véritable tyran !

— Je tenais à vous voir au sujet de la reine.

Je passe une main exaspérée sur mon visage.

— Qu'a-t-elle encore fait ? Ne s'est-elle pas présentée à une de vos innombrables leçons de bonne conduite ?

— Effectivement... Comme vous le savez, votre épouse se montre hostile à tout ce qui touche de près ou de loin à la monarchie. Nous sommes face à une situation critique et sans précédent.

À JAMAIS 2 : L'indomptable CarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant