CHAPITRE 2

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Laura Jansen - A Call To Arms

Cimetière royal

Royaume de Bavery

Une heure plus tard...

Carah

Adossée à la pierre tombale de Lizzie, je m'imprègne des merveilleux moments que nous avons partagés ensemble. Ils me semblent si loin et encore tellement vivants dans mon cœur. Comme j'aimerais être transportée à cette époque où tout me semblait si simple, où ma vie n'était pas rythmée par des obligations archaïques et désuètes. J'ai la sensation que tout échappe à mon contrôle, que je ne suis plus maître de ma propre existence, alors qu'il me serait si pratique de tout envoyer balader. Seulement, l'amour qui m'unit à cette famille s'est creusé indéniablement en moi comme les racines d'un peuplier. Faire une croix sur nous me serait insupportable et impossible. Pourtant, mon besoin de liberté et de reconnaissance me hurle de prendre le dessus sur mes sentiments. Sentiments que James repousse et occulte continuellement au nom des McGregor.

Au bord des larmes, je me tourne vers les épitaphes de mon amie d'enfance.

— Comment as-tu fait, Lizzie ? Comment as-tu pu t'effacer par amour ? Je ne peux m'ôter de la tête que ta profonde déprime t'a conduit vers un destin des plus tragiques. Où est ma place dans cette histoire ? Envoie-moi un signe, s'il te plaît. Je me sens si seule, si perdue...

Les yeux rivés vers mon alliance en forme de couronne, je prends conscience des enjeux qui m'enchaînent à ce château de pierre. Château qui me semblait merveilleux et féerique encore un an en arrière. Aujourd'hui, il est devenu une prison dorée dans laquelle j'évolue péniblement à travers ses couloirs.

— Tu sais ? Parfois, je me demande si ma décision n'était pas précipitée. Pourtant, j'étais persuadée de faire le bon choix... Rien que de l'exprimer à voix haute me fait mal. J'imagine que l'affection qui me lie à Éléonore a motivé mon entrée légendaire dans l'église. (Je souris à la photo de Lizzie.) Oui, je sais ce que tu vas me dire... Perdre James aurait été trop douloureux. Évidemment que je l'aimais assez pour grimper sur son cheval blanc, mais de là à y laisser des plumes...

Perdue, je pose la tête sur la pierre, les yeux rivés vers le ciel. Dans quelques heures, Bavery sera recouvert d'un épais et majestueux manteau blanc. Le cadre nostalgique viendra à nouveau semer le doute et le chaos dans mon esprit, voilant et balayant toutes mes incertitudes. Il serait si judicieux de les oublier, de les effacer pour reprendre là où tout s'est arrêté. Je ne compte plus les jours qui me séparent de notre dernier baiser, de notre dernier moment à deux.

Malgré les nuits, les semaines et les mois qui me séparent de notre ultime étreinte, je n'oublie pas la saveur au goût de miel de ses lèvres, la douceur de ses caresses. Elles restent gravées au fer rouge sur ma peau. Le manque s'est insinué en moi, se répandant dans mes veines comme une traînée de poudre. J'aimerais tant que l'on revienne en arrière pour réparer nos erreurs. Nous nous étions promis de ne pas laisser le royaume entraver notre bonheur. Hélas, le poids de la Couronne a fragilisé nos piliers, nos remparts.

— Penses-tu que nous saurons surpasser nos différences pour en faire une force ? demandé-je à mon amie. Malheureusement, je n'ai pas la clé pour trouver une issue salutaire. Je suis si fatiguée, Lizzie... Tellement épuisée.

Exténuée, je bâille et croise les bras sur ma poitrine pour me protéger du vent qui se lève sur le land. Je n'ai qu'une envie : remonter dans ma chambre pour récupérer de toutes ces heures de sommeil qui me font défaut, mais Alistair ne tarderait pas à m'arracher à mon cocon pour m'envoyer sur le front, m'assommant de son agenda perfide.

À JAMAIS 2 : L'indomptable CarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant