Je descends marche par marche de l'avion. Le soleil me brûle la peau, me la rougissant. Me voici ou devrais-je dire nous voilà ? Mon cœur et mon corps m'amenant là où le vent souffle. Quoique le vent est inexistant ici.
Mexico ? Oui, c'est bien cela.
Après, mes dix-huit ans en France, je me suis promise de faire une pause. Le système scolaire horrible, le gouvernement terrible et seules les délicieuses pâtisseries de ce pays me manqueront ainsi que ma famille. Je ne voudrais pas vous dire que le départ n'a pas été compliqué mais si cela l'a été. Mes parents étant musulmans, ne voulaient même pas m'entendre en parler. J'ai dû inventer un petit mensonge en leurs disant que c'était pour les études. Bien sûr, cela a très bien marché. Ils ont du pensé que l'université proposée des échanges universitaires et que c'était donc normal de voyager.
Des marmonnements de mécontentement me sortent de mes pensées. Je regarde en arrière et puis ensuite mes pieds pour me rendre compte que je me suis arrêtée au milieu de l'escalier. Purée ! Je me retourne en adressant un sourire maladroit aux personnes avant de dévaler les escaliers à toute vitesse avec ma minuscule valise. Je continue ainsi jusqu'à sortir de l'aérodrome.
Je regarde de gauche à droite en cherchant une pancarte avec mon nom inscris dessus. Une vieille femme avec les cheveux plaqués sur le crâne et un chignon d'où il n'en sort même pas un cheveu tient une pancarte avec mon nom inscrit au feutre noir. Plus, je m'approche plus je remarque qu'elle semble avoir vécue beaucoup de mésaventures. En effet, son visage est marqué par la fatigue. Ses rides au coin de la bouche ainsi que sous les yeux me le signalent. Je l'interpelle :
- Eh ! Amaya !
- Buenos días hija ! Ton voyage s'est bien passé ? J'ai préparé des bons petits plats. Tu vas bien te régaler. On pourra aller faire les magasins après.
Elle enchaîne les phrases sans me laisser le temps d'en placer une. Sa bienveillance me réchauffe le cœur. Je lui souris de toutes mes dents. Elle attrape mon poignet et nous traîne ma balise et moi jusqu'à la voiture. Près de sa voiture, j'observe celle-ci en détails. Elle semble avoir du vécu elle aussi. Une des vitres arrière semble être entièrement cassée et de multiples rayures blanches sont repérables sur la carrosserie.
- Bien, mi hija, on va chez moi.
- Si si, je te suis tía.
Je rentre dans sa voiture. Une ancienne odeur empêtre dans la tapisserie de cette voiture mêlée à une odeur d'essence. Amaya appuie sur un des boutons du caste radio et un chant propre aux mexicains en sort. Cette douce mélodie me détend, le doux souffle du vent sortant des fenêtres ne m'enfonce que plus dans l'ensommeillement et mes yeux se ferment petit à petit jusqu'à tomber dans le sommeil.
Je me réveille par des mains qui me secouent. J'ouvre brusquement les yeux. Je rencontre deux paires de yeux verts inoubliables, le plus grand des bijoutiers le lui aurait volé. Je me rappelle qu'Amaya n'a pas les yeux verts. J'ouvre lentement des yeux avant de mettre la main devant mes lèvres et je crie. Oui, je crie telle la drama-queen que je suis. Bon Dieu ! Je me retourne du côté gauche pour me rendre compte qu'il y a bien Amaya avec moi. Elle met une de ses mains sur mon crâne. Le regard plein de tendresse, elle me chuchote tout doucement:
- Mi hija, ce n'est rien. Il fait des vérifications pour voir si tu n'es pas dangereuse. C'est fréquent au Mexique. Pour vérifier qu'aucun intrus ne leur causera des ennuis.
- Il était obligé d'être aussi prêt de mon visage, mon âme a failli quitter mon corps.
- Chut, mi hija, il va t'entendre.
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Inhale and exhale
AcciónTu cherchais ton chemin sans savoir que je me tenais là, ta boussole.