11.

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Quand elle était petite, Célia attendait toujours avec impatience le moment où la lumière s'éteignait et qu'elle se retrouvait enfin seule avec ses pensées. Quand elle était sure que la porte était bien fermée et que son petit monde était bien sécurisé, elle s'autorisait à s'imaginer sur un podium, la foule rugissante sous ses pieds, les larmes de fierté de sa mère, ses amis étaient là aussi, heureux.
Les cris du présentateur dans le haut parleur vibrait de tout les côtés : "C'est un moment historique mesdames et messieurs, Célia Weber est championne du monde !"
Si elle fermait les yeux un peu plus fort elle pouvait même ressentir l'émotion de ce moment là, serrant la couette contre son corps.
Puis elle atterrissait à nouveau, le poids de la réalité refaisait surface en même temps que l'obscurité.
Une petite partie d'elle aurait aimé être un garçon pour pouvoir rêver de ça en pleine journée.
Elle finissait toujours par s'endormir, bercée par les battements de son cœur et peut être qu'elle avait tort, mais elle y croyait encore.

Et jusqu'à ce moment précis, elle n'avait jamais arrêter de rêver, ce rêve devenant de plus en plus fort et de plus en plus grand jusqu'au jour où elle n'avait plus besoin de chuchoter, elle pouvait enfin crier.

Crier. Si seulement elle le pouvait maintenant. Crier si fort pour que le monde s'arrête de bouger, juste un instant. Juste pour qu'elle puisse respirer.
Les micros sont pointés dans sa direction, menaçants. Les questions fusent faisant vaciller sa fierté.
Célia a du mal à voir où elle va, elle tient fermement le bras de Carole qui lui montre le chemin.
La boule dans son ventre l'empêche de respirer correctement et sa gorge se sert lorsqu'elles arrivent devant les bureaux d'Alpine.
Les portes s'ouvrent et le silence s'abat autour d'elles plus assourdissant que le vacarme à l'extérieur. Les personnes présentes lui lancent quelques regards curieux mais Célia n'a pas le temps de les remarquer.
À l'étage, une porte s'ouvre et Christian Horner apparaît, le visage dur.
Le corps entier de Célia tremble mais elle ne montre rien, le regard droit.
Une chaise est tirée devant elle et Célia s'assoit doucement sans faire de bruit. Elle aperçoit Marin du coin de l'œil mais ne trouve pas la force de le regarder.
Christian s'assoit à son tour. Personne autour n'ose respirer trop fort, seule la climatisation est autorisée à gronder.

"Au vu des dernières nouvelles, je pense qu'on est tous d'accord pour repousser l'annonce de l'arrivée de Célia chez Redbull"

Les personnes présentes hochent la tête et Célia grimace.
A sa grande surprise Carole prend la parole.

"Monsieur Horner, sauf votre respect, je ne vois pas en quoi d'anciennes photos peuvent changer les performances de Célia et donc l'annonce de son arrivée".

Célia se sent toute petite.

"Avec le duel pour le titre de champion du monde entre Max et Lewis, Mercedes et les journalistes n'attendent qu'une bonne raison de nous tomber dessus. C'est donc pourquoi j'avais également demandé à ce que l'on fasse profil bas".
"Mais Célia n'a rien demandé et son contrat est signé !"

La jeune pilote déteste se retrouver au milieu mais ne trouve rien à dire, elle se contente de fixer le mur devant elle.

"Mademoiselle Weber devrait d'abord s'exprimer publiquement sur le sujet et si cette histoire ne disparaît pas et que ses performances ne nous satisfont pas, nous nous réservons le droit de revoir notre offre"

Le cœur de Célia rate un battement.

"Mais —"
"D'accord je le ferais" Célia la coupe, plus capable de garder le silence.
Carole est surprise et ouvre la bouche mais Célia ne lui laisse pas le temps de rétorquer.
"Je parlerai aux journalistes".

Les Grands ViragesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant