Le bruit des pas à l'extérieur redouble d'intensité, une personne trébuche dans les escaliers. Le monde extérieur est pris dans l'excitation et l'anticipation. Des voix résonnent dans les couloirs, inaudibles, le son bloqué par les murs préfabriqués.
Célia est assise sur le lit, son regard posé en face d'elle. Elle passe une main tremblante sous le col de sa combinaison qui est soudainement trop serré à son goût. Célia tourne légèrement son cou, faisant craquer quelques muscles déjà prêts par l'échauffement.
Elle profite des dernières minutes de silence et ferme les yeux pour tenter de calmer sa respiration. Elle pense à sa mère, à son père. Tout ces dimanches et ces vacances sacrifiés pour qu'elle soit là aujourd'hui. Elle aurait aimé les avoir avec elle, la voix rassurante de sa mère et le regard rieur de son père.
Célia prend une nouvelle inspiration.
Elle repense aux paris, aux smileys, aux menaces.
Sa main se crispe autour tissu de sa combinaison qu'elle relâche doucement.
Elle pense à Fernando et aux plis à côté de ses yeux, à Max et ses grandes épaules puis à Pierre et son sourire penché.
Célia inspire par le nez et ses poumons se remplissent à nouveau. Elle retient l'air un court instant avant de le recracher doucement dans la pièce glacée par la climatisation.
Elle ouvre les yeux, les rayons de soleil l'éblouissent légèrement.
Ses jambes se réveillent et elle se redresse. Ses pieds se dirigent vers la sortie et elle s'arrête lorsque sa main touche la porte. Encore un instant.
Elle pose son front contre le métal froid.
Ses doigts agrippent la poignée et le monde extérieur apparaît.
Quelques personnes sont encore présentes dans le bâtiment et hochent poliment la tête dans sa direction, Célia fixe droit devant elle.
La lumière est encore plus intense lorsqu'elle sort pour rejoindre les garages et la jeune pilote réajuste sa casquette. Quelques journalistes ou mécaniciens tardifs courent vers le circuit. Les manches de sa combinaison accrochées autour de sa taille rebondissent au rythme de son pas déterminé.
L'odeur de l'essence s'accentue lorsque Célia s'approche des garages, les gradins sont encore plus rempli qu'il y a quelques heures et son cœur accélère.A travers tout les mécaniciens, Célia peut apercevoir la carrosserie bleue de sa voiture qui brille sous le soleil.
Des cris retentissent dans les gradins et elle se retourne. Daniel salue un groupe de jeunes filles, son casque de musique fixé sur les oreilles. Elle sourit légèrement.
Les minutes avant le début d'une course semblent durer des heures.
Célia enfile sa combinaison, bloquant la chaleur à l'intérieur. La musique est forte et elle n'étend pas Pierre arriver dans sa direction. Elle sursaute lorsqu'elle sent sa main sur son épaule."Je voulais te souhaiter bonne chance"
Célia est surprise et hoche simplement la tête.
"Et je voulais aussi te dire que je suis désolé. J'aurai du aussi te protéger, j'aurai du insister"
Célia ouvre la bouche pour répondre mais il reprend aussitôt.
"Je sais que t'es relou et que tu m'aurais sûrement pas écouté mais j'aurai du essayer un peu plus fort".
Une nouvelle chaleur s'installe dans sa poitrine, agréable cette fois ci.
"Pierre, je le sais et j'-"
"Quel que soit ton pari aujourd'hui j'espère que tu vas réussir. Montre leur Cel, c'est ce qu'on s'était dit non ?"
Elle hoche la tête à nouveau, un sourire se dessine légèrement sur le visage de Pierre.
"Plus que le champagne, plus que la vitesse tu te souviens ?"
Le cœur de Célia rate un battement en même temps que les souvenirs lui reviennent.
Elle s'approche de lui sans prévenir et Pierre la prend dans ses bras.
Pendant un instant, juste un instant, le monde autour ralentit et le bruit de la piste devient lointain. Pendant un instant, Célia est invincible, là dans ses bras. Les petits moments se regroupent, le sapin de l'internat, l'anniversaire, les hauts parleurs de l'aéroport, la chambre d'hôtel rempli de désir et de regrets. Elle le sert un peu plus fort et il répond à son étreinte.
"Bonne chance" elle murmure doucement.
Ils s'éloignent et Pierre lui lance un dernier sourire avant de rejoindre sa voiture. Son parfum flotte encore pendant quelques secondes autour de Célia, se mélangeant à l'odeur du goudron et des machines.
Son cœur est sur le point d'exploser, le bonheur mixé à l'adrénaline du départ.
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Les Grands Virages
FanfictionCélia est pilote de Formule 1 depuis deux ans maintenant. Elle a su faire face aux critiques, aux médias, aux victoires, aux défaites mais dans ce sport personne n'est à l'abris. Lorsqu'un nouveau contrat se présente à elle, plus rien n'est jamais c...