Loin des yeux, près du coeur

« Chapitre 1 : Seul »

Chapitre 1 : Seul

Encore une fois, je me faisais engueuler. Il fallait dire que ces trois dernières semaines étaient difficiles pour moi. Je baissais la tête et attendais patiemment que Madame Ferda, la professeure de mathématiques, finisse de me rouspéter :

« Il faut réellement que tu te ressaisisses, Jayden. »

Je remuais machinalement la tête, en signe d'acquiescement. Me ressaisir ? Je n'y croyais plus à vrai dire.

« Bon, vas-y. Tu peux retourner rejoindre tes camarades. »

Elle allait me laisser repartir, comme le faisaient tous les autres. Tout le monde savait la raison pour laquelle j'étais comme ça, mais personne n'essayait RÉELLEMENT de m'aider. Ils se contentaient de venir me poser des questions afin de paraître gentil et attentionné alors qu'ils étaient tous les mêmes.

Je ne me fis pas prier puis sortis de la salle de classe, sac à l'épaule. Mes camarades ? Lesquels ? Je regardai dans les couloirs, mais personne ne m'adressa un seul regard. Il fallait dire que tu haut de mes 1m72, j'étais un élève comme les autres. Seule elle avait pris la peine d'apprendre à me connaître.

« Jayden ! Oh, je te cherchais ! »

Une chevelure blonde apparut devant moi. C'était Ambre, une jolie fille dans son genre. Elle était dans ma classe de Seconde depuis le début de l'année. C'était l'une des seules personnes qui m'adressaient la parole dans ce lycée.

« Tu as ton agenda ? »

Elle me regardait, tout sourire. Elle attendait patiemment que je lui réponde. Sans même la regarder, je sortis mon agenda de mon sac et le lui prêtai.

« Merci ! Je veux juste vérifier quelque chose. »

Elle feuilleta pendant plusieurs secondes les pages au recoin déchiré puis posa ses yeux sur la date du 17 novembre.

« On a rien ! Merci beaucoup. » Elle rendit mon bien puis ajouta : « Je pensais avoir oublié d'écrire les devoirs. »

Elle me regarda de ses yeux bleus très intenses, comme pour attendre que j'ajoute quelque chose. Je n'avais pas envie de parler, je pensais que le message était passé dans la tête de tous ces adolescents décérébrés depuis sa disparition.

« Jayden.. Je n'aime pas te voir comme ça..

- Bah ne me regarde pas. rétorquai-je. »

Elle fut surprise de ma spontanéité. J'étais froid, voire trop, mais je n'avais pas envie de jouer au gentil petit garçon qui la bouclait pour le bonheur des autres. J'étais mal. Ambre tourna des talons avant de rejoindre son groupe d'amis. Je glissai ma main dans mes cheveux et les tirai légèrement, désespéré. J'angoissais. J'angoissais de ne plus la revoir, de ne plus pouvoir lui parler. Elle me manquait tellement. Aucune trace. Aucun indice. Rien. C'était ce que les policiers avaient affirmé. A croire qu'ils n'avaient pas cherché bien loin. A plusieurs reprises je m'étais dit que je mènerai mon enquête, mais entre mes séances chez le psychologue et les cours, je ne pouvais pas faire grand chose. Ma mère, une avocate assez réputée dans la région, avait pris la décision de me payer un psychologue afin de « me remettre dans le droit chemin ». Je ne voyais pas en quoi ça la dérangeait que je ne veuille plus manger, plus travailler, plus dormir. Elle qui travaillait tant ne me voyait que le soir, et encore.

Je sortis de l'enceinte du lycée. La journée venait de se terminer pour ma part. Nous étions les seuls de la classe à ne pas avoir choisi espagnol comme deuxième langue. Si elle était toujours là, à ce moment précis, nous serions en train de marcher jusqu'à la boulangerie qu'elle adorait tant. Elle se serait acheté un beignet au chocolat qu'elle aurait partagé avec moi avant de se plaindre des kilos qu'elle allait prendre. Qu'est-ce qu'elle me faisait rire.. Malheureusement, je dus passé devant la boulangerie sans même y pénétrer, même si l'odeur des viennoiseries venant de sortir du four m'attirait terriblement, mais entrer dans cet endroit ne me ferait rien de bon, à partir remonter des souvenirs douloureux. Me souvenir d'elle me faisait sourire, mais dès que j'affrontais la réalité, tous mes sentiments s'effaçaient jusqu'à devenir négligents. A croire que j'en étais amoureux. Je me mis à sourire à cette pensée. Elle était comme une petite sœur pour moi. Elle était tellement gentille, drôle, toujours là pour les autres. Son absence se faisait ressentir dans la classe. Tous les jours, la chaise à mes côtés était vide. Tous les jours, je faisais la queue tout seul à la cantine. Tous les jours, matin et soir, je faisais le trajet tout seul à pieds.

Je fus extirpé de mes pensées. Mon téléphone vibrait dans la poche de mon jean. Je m'empressai de le sortir et de répondre.

« Allô ? »

Le cri strident de ma mère se fit entendre à des dizaines de centimètres de l'appareil alors que je n'avais même pas pris la peine de mettre le haut parleur. Lorsqu'elle parlait comme ça, c'était mauvais signe.

« TU N'ES PAS ALLÉ VOIR TON PSY ? JE T'AI POURTANT DIT QUE C'ÉTAIT POUR TON BIEN ! »

Et patati, et patata.. Décidément, elle n'allait jamais comprendre. Ce n'était pas un psy qu'il me fallait, mais bien elle. Je n'avais jamais prononcé son nom depuis sa disparition. Je n'osais même plus parler d'elle, même pas à mon psychologue. De temps à autre il me demandait comme ça se passait au lycée. Je devais lui répondre avec le plus grand des sourires que j'étais content, que je m'étais fait des dizaines d'amis et que j'étais pleinement satisfait de ma vie. Lui et moi savions très bien que c'était faux, mais pourquoi ne pas y croire ? L'espoir faisait vivre. L'espoir de la retrouver m'aidait à me lever le matin, à me coucher le soir. Ce même espoir qui, quelques temps auparavant, ne signifiait rien pour moi.

« Maman.. Je n'suis pas d'humeur. Puis, je n'avais pas envie de traverser la ville à pieds. »

C'était faux. Marcher ne me dérangeait pas, aller voir le psy, si.

« Ce n'est pas une raison valable ! Tu sais que ce psy coûte une fortune ? s'exclama-t-elle.

- Bah tu n'as qu'à tout simplement pas me forcer à y aller. Je n'ai jamais demandé d'aide, j'vois pas pourquoi tu essaies de m'en donner. »

Je l'entendis soupirer à l'autre bout du fil. Je l'énervais, je le sentais. Il fallait dire que j'étais très têtu. Je tenais ça du côté de mon père qui était aujourd'hui en Afghanistan. Il était militaire, un métier que jamais j'aurais osé faire. Il adorait ce qu'il faisait, ce qui m'impressionnait.

« Bon, on se voit ce soir à la maison. Je préfère qu'on en parle face à face. »

C'était bien une avocate.

« Si tu veux.

- Ne fais pas de bêtises, Jayden. »

Elle raccrocha. Des bêtises ? Quelles bêtises ? Je n'étais pas non plus suicidaire. Tout le monde pensait que j'étais à deux doigts de mettre ma vie en l'air, mais j'avais juste du mal à m'adapter à la situation. Elle était partie si précipitamment que je n'avais pas eu le temps de m'y préparer.

Je devais rentrer chez moi, même si l'idée de me retrouver seul dans ma chambre ne me tentait pas trop. Je n'aimais pas être seul, mais cela avait l'air d'être la meilleure solution. Vaut mieux être seul que mal accompagné. Elle me le disait tout le temps, souvent suivi d'un de ses rires. Je marchai le long des rues, toujours le sac à l'épaule, espérant qu'à un moment je la croise. En vain. J'avais beau parfois croire la percevoir vaguement, je me trompais tout le temps. C'était soit un effet d'optique causé par les ombres, soit une fille qui lui ressemblait beaucoup de dos.

Je rentrai à la maison très rapidement. Le vent glacial qui fouettait les rues m'avait convaincu de presser le pas. Nous étions en automne, bientôt en hiver. Cela voulait dire que les bonnets, manteaux et écharpes allaient revenir à la mode. Que les adolescents allaient se plaindre de la fraîcheur matinale. Que la neige allait arriver, tout comme Noël, fête que j'allais passer très certainement dans l'enthousiasme le plus réduit.

« Y'a quelqu'un ? »

Aucune réponse ne parvint à mes oreilles. Personne.

« Encore seul, soupirai-je. »

[Chapitre 1 terminé ! Bon.. J'avoue avoir galéré à l'écrire.. x) J'espère que ce premier chapitre vous met l'eau à la bouche ! Mmmmh, dites-moi, que pensez-vous de Jayden ? Ce n'est que le début, et ne vous basez pas seulement sur ce chapitre ! :( Il faut que je m'adapte à ce nouvel univers, car après 3 mois à avoir écrit MBB (Mon Bad Boy), il faut que j'me réinvente un tout autre monde ! :') N'hésitez pas à laisser vos avis en commentaires ! :) Bienvenue dans la vie de Jayden ! ;) Bisous. ♥]