« Chapitre 5 : Le puits »

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Chapitre 5 : Aide-moi

Le lendemain, je m'étais réveillé avec difficulté. Je n'avais pas cours ce jour-là pour le plus grand bonheur de mon cerveau qui était en surchauffe à cause des leçons que l'on nous dictaient toute la journée. Je rejoignis rapidement ma mère qui était, pour une fois, encore à la maison. Elle leva la tête dès que j'entrai dans la cuisine. Elle avait son café matinal à la main : noir et sans sucres. Je me laissai tomber sur le tabouret devant elle et m'accoudai à la table en prenant ma tête entre mes mains. Je soupirai un grand coup sous le regard interrogatif de ma mère.

« Tu as bien dormi ? me demanda-t-elle.

- On peut dire ça comme ça. »

Je ne voulais pas lui parler de cette voix que j'avais entendu la veille. Si je lui racontais ça elle allait vouloir me faire passer des tests psychologiques ou vouloir prendre rendez-vous avec mon psychologue qui allait m'harceler de questions. Cette nuit, j'avais encore fait le même cauchemar que les jours précédents mais cette fois-ci il y avait un détail en plus. J'avais vu un puits. Oui, un puits. Je revoyais encore tous les détails en y repensant : une corde suspendue dans le vide, de vieilles pierres où se tenaient des lierres ainsi qu'un petit toit en bois qui recouvrait le tout. Je ne savais pas pourquoi j'avais rêvé de ça, mais la précision avec laquelle j'avais vu ces choses était tellement frappante que je me demandais si ce n'était pas plus. Je connaissais aucun endroit où il pouvait y avoir un puits de ce genre. Surtout pas dans notre ville qui, en plus d'être paumée au beau milieu de nulle part, était loin d'être une réserve d'eau. Les agriculteurs de la région se préoccupaient davantage au blé et à l'avoine. 

« Tu penses à quoi ? me questionna ma mère, voyant que j'avais la tête ailleurs.

- Je fais des rêves bizarres. »

Pourquoi me confiai-je ? Peut-être pouvait-elle m'aider à mettre un souvenir sur ce puits ?

« J'ai rêvé d'un puits cette nuit, pourtant je n'en ai jamais vu, enfin, que dans des films. »

Ma mère sembla attentionnée. Elle m'écoutait tout en avalant quelques gorgées de son café puis vint le poser juste devant elle. 

« Peut-être que tu t'es souvenu du puits où nous allions quand tu étais petit. On t'emmenait souvent à l'extérieur de la ville, juste à côté du bois, afin de se promener. Il y a un puits là-bas, me répondit-elle. »

Un puits près du bois ? Pourquoi ne l'avais-je jamais remarqué ? Il fallait dire que je n'allais que très rarement au bois. Lorsque je sortais de la ville, c'était soit pour partir en vacances ou chez des amis, soit pour faire du vélo. D'ailleurs, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de vélo avec mon père. En même temps, il était de moins en moins à la maison. Il commençait à me manquer. Le fait que je sois la seule présence masculine dans cette maison me faisait prendre le rôle du père alors que je n'en avais aucune envie. Ma mère me demandait souvent de faire les tâches ménagères, enfin, celles que papa faisait d'habitude, lorsqu'il était là. Souvent, je soupirai avant de m'exécuter ou alors je refusai de faire « l'homme de ménage » comme je disais souvent. Je devais avouer que la fainéantise était dans mes défauts mais qui sur cette planète n'aimait pas être tranquille ? 

Après avoir déjeuné "en famille", je partis me laver et m'habiller afin de partir à la recherche de ce puits. Oui, il n'était que dix heures du matin mais je ne voulais pas perdre une seule seconde. La présence de ce puits dans mon rêve n'était pas là par hasard. 

En entrant dans ma douche, je fis couler l'eau chaude sur ma peau. Des filets d'eau coulaient de ma tête à mes pieds. Je changeai souvent de position afin de pouvoir atteindre chaque parcelle de mon corps. La fumée formée par la haute température de l'eau envahit la pièce, me mettant presque dans l'ambiance d'un sauna. Je me lavai très rapidement comme j'avais l'habitude de faire puis me rinçai avant de sortir de la cabine de douche tout en prenant soin d'entourer une serviette autour de ma taille. J'étais en train d'essuyer mes cheveux avec une seconde serviette lorsque j'entendis des bruits de frottement derrière moi. C'était le bruit de frottements de doigts contre une fenêtre embuée. J'arrêtai de me sécher les cheveux et me retournai doucement, craignant que ce que j'entendais était bien réel. Mes yeux se posèrent sur le miroir sur lequel était inscrit en lettre majuscule « AIDE MOI ». Pris de panique, je sortis le plus rapidement possible de la salle de bain et appelai ma mère avec terreur. Ma mère monta très rapidement les escaliers et me regarda, inquiète. Je montrai du doigt la salle de bain par lequels sortait toute la chaleur étouffante que j'avais créee. Ma mère entra dans la pièce et regarda tous les recoins avant de me lancer un regard interrogatif en arquant un sourcil.

« Le miroir ! m'exclamai-je, apeuré. »

Je commençais à avoir froid. J'étais seulement recouvert d'une serviette autour de la taille et je ne m'étais pas encore entièrement essuyé le corps. Je commençais à trembler, à la fois de froid mais aussi de peur. Je m'avançai avec ma mère dans la salle de bain et regardai une seconde fois la surface vitrée. Il n'y avait plus rien. Aucune trace de doigt. Aucune lettre. Rien qu'une buée lisse qui n'avait pas été touchée. J'eus un frisson dans le dos.

« Pourquoi tu es dans cet état ? Tu es sûr que tu es bien ? me demanda-t-elle.

- Je t'assure qu'elle a écrit sur le miroir ! Je l'ai vu ! paniquai-je. 

- Qu'est-ce que tu racontes ? »

Ma mère ne semblait pas comprendre où je voulais en venir. Il fallait avouer que mon histoire était quelque peu difficile à croire mais j'étais son fils. Elle devait me croire. Je n'étais pas fou ! 

« Horia.. Elle a écrit sur le carreau.. Je t'assure.. Je ne délire pas.. »

J'avais le regard dans le vide. Je devais être dans un sale état. J'étais tellement apeuré de vivre ces événements. C'était trop pour moi. Puis.. peut-être que je délirais ? Et si c'était mon imagination qui me jouait des tours ? C'était probable. Non.. c'était tellement réel ! Je l'avais même entendu écrire sur la vitre. C'était comme les cris que j'avais ouï la veille.

« Jayden, je comprends qu'elle puisse te manquer mais.. 

- Elle était bien là ! Elle a écrit sur le carreau ! Elle m'a demandé de l'aider ! la coupai-je. 

- Horia n'est pas ici ! Il faut que j'appelle ton psychologue. »

Elle commença à descendre les escaliers mais je lui attrapai le poignet afin de le lui en empêcher. Je n'étais pas fou ! Il fallait qu'elle me croie. 

« N'appelle pas le psy, s'il te plaît. Crois-moi, elle veut que j'aille au puits maman, elle veut que j'aille la retrouver. »

Mes mots pouvaient avoir des connotations suicidaires, je devais l'avouer, mais ma mère sembla faillir. Je sentis durant quelques instants qu'elle allait me croire et faire ce que je lui disais mais elle finit par se retirer de mon étreinte et partit dans la cuisine appeler le psy.

« Tu n'es pas stable psychologiquement mon cœur, il faut que j'en parle au psychologue. Il pourra t'aider à aller mieux. »

Je voulus crier de toutes mes forces pour lui exprimer toute la colère que j'avais en moi mais rien de sortit. Je savais que c'était peine perdue. Comme d'habitude, ma mère me croyait défaillant, comme tous les autres. J'étais bel et bien en forme pourtant. Je ne prenais aucune substance illicite et aucun alcool, mais pourtant elle ne prit même pas la peine d'envisager que ce que je disais était réelle. Elle ne croyait pas son propre fils.


[Chapitre 5 publié ! Omg. Je vais arrêter d'écrire ce genre de fiction à 1h du matin.. J'vais mal dormir cette nuit, je le sens. x) Sinon, n'hésitez pas à me donner vos avis et tout et tout ! Bref, je corrigerai ce chapitre demain car je n'ai pas envie de le relire là.. (ouuuuh le peureuuux euuuh. - chut.) Bonne continuation à vous ! ♥]



Loin des yeux, près du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant