« Chapitre 2 : Souvenirs »

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Chapitre 2 : Souvenirs

Allongé sur mon lit, je contemplais la blancheur de mon plafond. Je réfléchissais aux éventuelles chances de la revoir un jour. A vrai dire, même si j'étais très doué en mathématiques, il m'était impossible à mettre un chiffre sur ces données. Personne ne savait où elle était passée. En même temps, elle était toute seule. La dernière fois qu'elle avait été vue était par sa mère. Elle avait raconté à la police que sa fille s'était énervée et, après avoir claqué la porte d'entrée derrière elle, était partie se dégourdir les jambes dehors. Je la connaissais très bien et je savais que lorsqu'elle voulait décompresser, elle allait se réfugier près du lac, juste à côté du parc municipal. Bien évidemment, j'en avais parlé aux policiers qui avait été fouiller les lieux. Bien évidemment, ils n'ont rien trouvé, et bien évidemment ils n'ont pas été chercher plus loin pour « manque d'indices ». La disparition d'une gamine de 15 ans ne leur suffisait pas ?

« Je suis rentrée ! »

La porte d'entrée claqua et résonna dans la maison. Ma mère venait de balancer sa valise dans le couloir, comme elle avait l'habitude de faire après une longue journée de boulot. Il était déjà 18h30 et je ne m'étais pas préparé à manger. Non pas par fainéantise, mais juste par manque de famine.

« Jayden ? Tu es là ? »

Je soupirai légèrement et me levai lourdement de mon lit avant de descendre les escaliers.

« J'suis là. »

Je fis un léger sourire. Forcé, mais visible. Il ne fallait pas que ma mère me prenne pour un dépressif sinon j'allais finir dans un asile et l'enfermement était la seule chose qui me ferait sombrer totalement.

« Ça va ? »

Elle commença à lécher son pouce et à l'étaler sur ma joue. J'avais certainement du stylo sur le visage, comme tous les jours en rentrant le soir. En classe, j'étais très tête en l'air, et il m'arrivait par conséquent d'être ailleurs et de mâchouiller mon stylo ou jouer avec. Le résultat se trouvait à chaque fois sur ma figure.

« Bon.. » Elle prit ma tête entre ses mains et me regarda avec insistance. « Jayden, il faut que tu me parles, sinon jamais je ne pourrais te comprendre, tu le sais ça ? Je comprends que depuis le disparition d'Horia tu.. »

« Ne prononce pas son nom. » m'énervai-je.

Je retirai ses mains de mon visage d'une telle violence qu'elle écarquilla les yeux. Je partis m'enfermer dans ma chambre, les larmes aux yeux. Pourquoi étais-je si fragile ? Ne pouvais-je pas être un sans-cœur ? Je ne voulais pas parler à ma mère, et encore moins d'elle.

Ma mère vint frapper à plusieurs reprises à la porte de ma chambre, m'appelant à chaque reprise, désespérée. Je ne lui répondis aucune fois. Je n'avais pas besoin d'aide, je le lui avais pourtant répété des dizaines de fois. Quand allait-elle comprendre que la seule personne qui pouvait me faire revivre était elle ?

Elle arrêta de frapper à ma porte. Elle avait sûrement compris que je n'étais pas d'humeur à lui parler. Je l'entendis descendre les escaliers et je m'enroulai dans mes couvertures. Je ne voulais pas dormir, mais je ne voulais pas sortir. Je ne voulais pas rester, mais je ne voulais pas bouger. Tant de contradictions que j'avais l'impression d'en perdre la tête.

Soudainement, je me mis à revoir son visage. Son magnifique visage. Je l'adorais tellement. Elle et moi étions comme deux doigts de la main. Inséparables, ou presque. Je me souvenais nos après-midis passés ensemble. Une fois, elle m'avait invité à aller au zoo. Bizarre, mais terriblement amusant. On avait regardé ensemble des dizaines d'animaux. C'était ce jour-là que j'avais appris qu'elle avait la phobie des oiseaux. Nous pouvions dire qu'elle était unique en son genre. Nous avions fait un "trappe-trappe" durant une bonne demie-heure suivi d'un "cache-cache" comme deux gamins. Nous étions gamins. A chaque fois, nous avions nos délires à deux, nous retombions en enfance. C'était le bon vieux temps.

« Tu me manques.. »

Je l'avais chuchoté tellement bas que moi-même je doutais l'avoir dit. Soudainement, j'entendis comme si l'on frappait à ma fenêtre. Je relevai la tête, curieux, et aperçus une branche de l'arbre en face de chez moi en train de frapper contre la vitre. Fichu vent.

Le soir même, je n'étais pas descendu pour rejoindre ma mère manger. Mon père, je ne l'avais pas vu depuis deux semaines déjà. Il était en mission et devait revenir dans moins d'une dizaine de jours. Il était parti juste après l'annonce qui avait fait le tour de la ville. Il était donc au courant de mon état et parfois ma mère me passait le téléphone lorsque papa était au bout du fil, afin qu'il me dise qu'il était de tout cœur avec moi. De tout cœur.

Avant de m'endormir, je lançai un regard à mon bureau, là où se trouvaient des dizaines de photos accrochées sur la surface boisée. Des photos d'elle, de ma mère, de mon père, et même de mes cousins. Je ne savais plus la raison pour laquelle je les avais affichés sur ce mur mais je n'allais pas pour autant les retirer. J'éteignis ma lampe de chevet avant de m'enrouler de nouveau dans ma couette, sur le point de partir dans le monde des rêves, ce monde que je redoutais tant. Toutes mes nuits étaient agitées, et pas dans le bon sens du terme. Je la revoyais à chaque fois, là, devant moi, sur le point de me tuer. Elle me répétait sans cesse « C'est ta faute ! C'est ta faute ! » et je me réveillais en sueur. Toutes les nuits, depuis 3 semaines. 19 jours exactement.

« Jayden ? Hého ? »

Je sentis qu'on me secouait l'épaule. J'ouvris doucement les yeux avant de faire face à la luminosité de la pièce. Ma mère était assise sur mon lit et tentait désespérément de me réveiller. Elle avait eu l'excellente idée d'allumer la lumière, ce qui avait manqué de m'aveugler.

« C'est bon.. j'arrive.. » soufflai-je.

Elle déposa un baiser sur mon front puis m'annonça qu'elle partait au boulot. Elle ajouta qu'elle rentrait très tard le soir même, et que j'allais devoir me débrouiller seul. Seul. Ce mot qui rythmait mon quotidien. Seul. La solitude. Solitaire. Solitaire ? Je pensais subitement au fameux jeux de cartes. J'essayais de penser à n'importe quoi afin de ne pas penser à elle.

« Je te fais confiance, hein ? »

- Oui oui. »

Elle me donna les clés avant de disparaître de la chambre et de crier un « A ce soir ! ». Elle claqua la porte derrière elle, me laissant seul dans cette maison vide et sans émotion. La décoration froide et fade de la maison n'arrangeait pas les choses. Pas étonnant que je ne sois pas si festif que ça.

Nous étions vendredi, et donc le dernier jour de la semaine, pour mon plus grand soulagement. J'en avais marre de devoir rester seul toutes mes journées. Ambre venait tous les jours me proposer de venir la rejoindre dans sa « troupe », mais vus les spécimens, je n'en avais pas envie. Il fallait dire qu'entre les décérébrés, les cas sociaux et les dégénérés, je ne savais pas où mettre la tête.

« Pull noir ou bleu ? »

Je me mis à me faire des propositions tout seul. Étais-je si désespéré que ça ? A croire que oui.

Une fois préparé, je fis mon sac et le portai sur mon dos. Je sortis de la maison, refermant la porte à clé derrière moi avant de partir dans ce lieu si dur depuis sa disparition. Je serrai les poings en repensant aux policiers qui étaient venus m'annoncer la fermeture de l'enquête. Ils n'avaient pas le droit ! J'étais persuadée qu'elle était quelque part, non loin de là, toujours en vie. J'espérais, tout comme ses parents.

[Deuxième chapitre de cette nouvelle fiction ! J'espère que vous comprenez mieux l'histoire ? x) Désolé si le début est assez mou, mais je dois mettre la situation en place avant de débuter REELLEMENT l'histoire ! Cependant, n'hésitez pas à mettre vos avis en commentaires, j'y répondrai ! *-* Si vous avez des questions ou autres, n'hésitez pas non plus. :) En espérant que vous appréciez ce début. Bisous. ♥]

Loin des yeux, près du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant