« Chapitre 22 : Achluophobie »

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Chapitre 22 : Achluophobie

« Il faut se dépêcher, je sens que quelque chose se prépare.. ! s'inquiéta Solène.

- Je pense aussi, chuchotai-je avant de continuer de tâter le mur. »

Je pensais que tout espoir était effacé jusqu'à ce que mes doigts s'enfoncèrent dans un creux qui se forma dans le mur, comme une sorte de bouton. Suite à cela, nous entendîmes comme une sorte de mécanisme, des rouages s'entremêlant, laissant place à un bruit d'enfer. Solène, Prag et moi nous eloignâmes doucement du mur, le voyant bouger, comme roulant sur lui même. Le mur se sépara en deux et s'ouvrit à nous comme les portes du Paradis, même s'il faisait beaucoup plus sombre. Derrière ce qui semblait être quelque temps avant que de la pierre se trouvait une autre pièce qui était cette fois-ci éclairée par plusieurs torches. Ce qui était terrifiant était le fait que les flammes étaient violettes, et non orangées.

Alors que j'étais stupéfait devant ce spectacle, Solène et Prag commençait déjà à entrer dans la pièce. Je les suivis et nous entrâmes dans l'espace carrée, d'environ 10 mètres de côté. Il n'y avait rien dans la pièce à part des torches. Comment des murs peuvent cacher une pièce dans lequel il n'y avait rien du tout ? Pourquoi créer tout un mécanisme pour finalement, qu'il n'y ait rien de l'autre côté ? Je ne comprenais pas et cela se voyait également sur les visages de Solène et Prag. Nous nous regardâmes, perdus. 

« REGARDEZ ! »

Solène venait de s'exclamer, terrifiée. Elle pointait du doigt quelque chose derrière moi. Lorsque je me retournai, j'aperçus les murs entre lesquels nous venions de passer se refermer. Nous allions nous retrouver enfermés vivants au beau milieu d'un labyrinthe, pour l'éternité. Dans un élan de survie, je me mis à courir pour passer à travers les murs avant qu'il ne soit trop tard, en vain. J'avais l'impression que plus je courais pour sortir, plus les murs s'éloignaient. Je vis alors, devant moi, les murs se touchaient et se refermer comme si je n'avais pas bougé d'un pouce. Décontenancé, je tombais sur les genoux, nichant ma tête entre mes mains, comme si j'allais pleurer. Je voulais pleurer, mais je ne le fis pas. De toute façon, nous étions enfermés désormais. Solène et Prag ne disaient rien. Ils ne devaient pas se rendre compte de ce qu'il se passait.

Après plusieurs minutes de silence interminables, je me relevai et regardai les jeunes adolescents qui s'étaient adossés contre un des murs, attendant patiemment que la porte s'ouvre de nouveau, ce qui était impossible. Je savais que pour ouvrir le mur, il fallait appuyer sur l'œil de l'hibou, de l'autre côté du mur. J'étais persuadé que personne ne nous retrouverait. Je repensai donc à mes parents qui devaient être terriblement inquiets chez moi. Je ne savais plus depuis combien de jours j'avais disparu, mais je supposais que mon père était rentrer de son boulot. Il devait se trouver avec ma mère, ou alors avec les forces de l'ordre pour me rechercher. J'eus un léger rire nerveux. Je savais très bien que même avec tout l'optimisme du monde, il ne pourrait jamais me retrouver. Même si mes parents arrivaient à savoir que j'étais tombé dans ce puits, jamais ils ne réussiraient à refaire tout le chemin dans ces souterrains pour arriver jusque moi.

Je pensais désormais à Ambre qui m'avait tant voulu m'aider. Je me mis à culpabiliser de l'avoir rejetée à plusieurs reprises, tout ça pour me retrouver seul. Je me rendis compte à quel point j'avais été égoïste, à quel point la solitude était nocive. J'aurais dû les écouter, eux tous. Si j'avais accepté l'aide d'Ambre, je ne serais pas là, au beau milieu de nulle part.

*Ellipse.*

Solène, Prag et moi discutions de nos vies, avant que tout cela ne nous arrive. Cela faisait peut-être des semaines que nous étions là, ou alors quelques heures seulement, en tout cas, le temps n'était plus rien pour nous. J'appris que Solène venait d'une famille aisée, à Paris, et qu'avant d'arriver dans ces souterrains, elle était une famille modèle qui n'avait aucun problème et avait un petit-ami. Elle nous expliqua qu'il lui manquait et qu'elle s'en voulait de s'être disputée avec lui avant de disparaître. Prag, lui, nous expliqua qu'il habitait dans le sud, près de Nice, et qu'il vivait dans une grande famille. Il avait, d'après ce qu'il disait, 7 frères et sœurs. Je trouvais cela énorme, mais contrairement à moi, il avait une famille sur qui comptait. Moi, entre ma mère qui travaillait énormément et mon père que je voyais une fois par mois, je ne pouvais pas dire que  ma famille était très présente pour moi. Bien sûr, j'aimais mes parents, mais je leur en voulais de ne pas être si présent que ça pour moi. Je leur racontais que la raison pour laquelle je m'étais retrouvé dans ce puits était, en quelques sortes, pour retrouver Horia, ma meilleure amie. Ils voulurent en savoir davantage et je racontai la relation que nous avions avant sa disparation. A la fin de mon récit, Solène me prit dans ses bras afin de me montrer qu'elle comprenait ma douleur. 

D'un seul coup, l'une des quatre torches que composaient la pièce s'éteignit. Nous nous regardâmes tous les trois, ne sachant pas comment cela c'était produit. Nous n'eûmes pas le temps de dire quelque chose qu'une deuxième torche s'éteignit, celle qui se trouvait juste en face de nous. Je le sentais mal.. 

« C'est quoi ce bordel ? s'exclama Prag.

- Oh non.. je le sens mal.. fis-je.

- Ne vous inquiétez pas, je continuerai de vous guider, essaya de nous rassurer Solène alors que cela n'avait aucun effet sur moi.

- Je.. »

Je fus coupé par une troisième torche qui arrêta de brûler. C'était comme si quelqu'un s'amusait à souffler dessus comme sur des bougies d'un gâteau d'anniversaire. Il ne restait plus que la torche qui se trouvait au-dessus de nos têtes, celle qui illuminait la partie de la pièce où nous étions assis. Je ne voulais pas atterrir dans l'obscurité totale pour le reste de ma vie. Je fus surpris de sentir les bras de Prag et Solène m'enrouler. Nous nous tenions comme signe d'amitié. Même si cela ne faisait pas si longtemps que ça que nous nous connaissions, je les considérai déjà comme des amis. Il fallait avouer que dans des situations comme celles-ci, nous nous attachions très rapidement aux personnes que nous croisions.

Je fermai fortement les yeux pour ne pas voir la dernière torche s'éteindre. Je me remémorai les souvenirs que j'avais dans la tête car j'étais certain que cela allait être les derniers que j'allais avoir. Les couleurs, les formes, tout cela allait disparaître de ma vie. J'allais être comme un aveugle, à vie. J'entendis Solène s'exclamer comme pour annoncer que la torche venait de s'éteindre, puis un silence complet.


[Chapitre 22 publié ! Héhé. Merci à vous de me lire. ;) La suite risque d'être surprenante ! Bisous.]

Loin des yeux, près du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant