|| 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚝𝚛𝚘𝚒𝚜

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Il est tard lorsqu'on se décide à régler l'addition

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Il est tard lorsqu'on se décide à régler l'addition. Je propose de payer, mais Tobias balaie mon idée du revers de la main, et quand j'insiste, il fonce au bar pour m'en empêcher. J'ai conscience que nous avons le même air enfantin que nos élèves quand nous nous battons comme des chiffoniers en plein milieu du restaurant, sous les regards intrigués ou sévères des autres clients. Mais je n'en ai que faire des autres et visiblement, lui non plus.

Forcée de battre en retraite, je me retrouve donc plantée derrière Tobias. Je l'observe, mal à l'aise, payer l'addition. Quand le reçu sort de l'appareil après plusieurs secondes interminables, Margo le tend à mon compagnon et moment où celui-ci se retourne dans ma direction, elle me lance un clin d'œil qui ne m'échappe pas. Je souris timidement pour toute réponse, mais mon malaise s'accentue et je me sens obligée de me dandiner d'un pied sur l'autre.

— On y va ? Tu veux passer au lycée pour que je puisse jeter un œil à ta voiture ?

J'ouvre la bouche pour répondre avant de finalement me raviser. J'étais prête à décliner l'invitation avant de me rendre que passer du temps avec Tobias est vraiment agréable, mais permet aussi de mettre ma culpabilité de côté le temps de ces quelques heures passées en sa présence.

Il fait nuit, nous n'y verrons rien.

Les nuages gris menacent New York et ses habitants.

Nous pourrions nous retrouver trempés comme des animaux.

Autrement dit, le temps se couvre sérieusement, et la chaleur a laissé place à l'humidité.

Mais ça n'a pas d'importance, pourvue qu'elle réchauffe mon coeur.

— Est-ce que ça fait de moi quelqu'un qui abuse de ta gentillesse si je te dis que je veux bien que tu la regardes ? Ton expertise vaudra tellement mieux que celle de Kamyl...

— Tu sais, j'ai seulement eu le temps de l'apercevoir par l'ouverture de ton placard, mais je suis certain qu'il serait capable de tatouer ta bagnole ! dit-il en me lançant un sale regard, les lèvres finissant tout de même par se fendre d'un sourire.

— Ben merde alors, je n'avais pas songé à cette possibilité ! Mais qu'il essaie, parce que moi c'est autre chose que je lui tatouerai sur le front !

Je m'amuse de l'idée en passant le pas de la porte.

Sur le parking, nous enfilons nos casques, enfourchons la moto, et je m'accroche à Tobias comme si ma vie en dépendait. Je le sens réprimer un frisson quand mes mains effleurent sa peau par dessus son t-shirt, mais il fini par se détendre. J'entends un soupir s'étouffer entre ses dents.

J'inspire à fond lorsque nous prenons de la vitesse. Je ferme les yeux pour oublier où je me trouve, pour voyager, pour rêver, pour que la force qui m'animait autrefois revienne prendre son souffle à la surface. Je crie, je hurle même, je me cramponne à Tobias plus fort encore. Je ris, à en avoir mal aux joues, à en faire chagrin à celles de mon ami, et je laisse cette seule et unique larme achever son chemin sur mon jean.

FLETCHER Don't forget her ;  / EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant