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Partie très courte, bonne lecture.


Du côté de Juan:

Un voile s'est dressé devant mes yeux. Un voile flou et épais qui m'empêche de voir avec clarté les détails qui m'entourent. Je ressens le goût métallique du sang envahir ma bouche avant de me mettre à le cracher.

Seigneur ai pitié de moi.

Je rassemble le peu de force qu'il me reste pour essayer de m'éloigner de la scène de crime sanglante duquel je suis la victime. Je rampe mais le fait même d'être sur mon ventre me fait un mal de chien. Mon esprit est embrumé il refuse de réfléchir correctement. Faites en sortes que ça soit le cas parce que je ne suis pas entrain de mourir. Ils disent tous qu'on voit notre vie defiler devant nos yeux avant de clamser, mais je n'ai ni la vue ni de souvenirs bien heureux pour m'accompagner dans ce moment affreux. Mon beau père vient d'essayer de me tuer, pour la deuxième fois. Et je crois bien que cette fois il pense avoir réussi.

Seigneur ai pitié, je t'en prie, ai pitié de moi.

Je m'étouffe, je tousse encore et encore. Ce n'est pas le moment, ca ne peut pas être ici et maintenant. Pas quand ma femme est entrain d'accoucher sans moi à l'hôpital. Pas quand mon fils doit être entrain de pousser ses premiers cris. Pas alors que je ne l'ai pas vu, pas tenu dans mes bras, pas pu lui donner tout l'amour que j'ai deja pour lui. Non. Je refuse. Je pose ma main à plat contre le bitume et pousse dessus. Ce n'est pas assez. Je pose la deuxième, j'entend un gémissement sortir du plus profond de mon être alors que j'arrive à m'asseoir, à genoux.

Seigneur...

Je suis à peine conscient de tout le sang qui s'écoule de ma poitrine. Mais l'odeur est forte alors je baisse la tête sur les coups de poignard qui parsèment mon torse. Quand je la relève, ce sont des yeux vert en amandes qui rencontrent les miens. Mon souffle se fait court, ces yeux je les reconnaîtrais entre mille. Mon souffle se fait court de la même manière que la première fois que j'ai plongé mon regard dans le sien. De manière étrange pourtant, aucune culpabilité ne m'accable cette fois. Mes poings se serrent, je retiens les larmes qui menacent de couler. C'est fini, elle est la pour mettre fin à ma vie. J'aurai une mort tourmentée ça je le sais. Je laisse derrière moi une femme et un enfant. Je ne suis pas mieux que mon défunt père.

?: C'est le café qui m'a fait changer d'avis.

Je fronce les sourcils. Je peine à garder mes yeux ouvert, mon corps ne demande qu'à se reposer. J'ai froid, j'ai l'impression qu'en fermant les paupières j'aurais moins froid. Et cette femme, ma belle mere, me parle de café.

Zahira: Et le respect que me porte ma fille.

Quoi ? J'aimerai avoir un peu plus temps, un peu plus d'énergie pour pouvoir lui répondre. J'ai froid, j'en tremble sans pouvoir m'arrêter. Sa main se pose sur mon épaule, la dernière chose que j'entend avant de tomber sont ses mots:

Zahira: N'ai pas peur ca va aller.

J'ai froid, pourquoi est ce que j'ai si froid ? Etonnement ce qu'elle me dit me réconforte un peu et je laisse le noir prendre de la place et s'étendre jusqu'à ne voir que par lui.

Du côté de Hayet :

Je tiens mon bébé dans les bras, épuisée par la nuit que je viens de passer. Je n'ai même pas réussi à me lever pour aller aux toilettes tout à l'heure. Et Juan n'est pas venu. J'ai eu beau crier, demander à ce qu'on appelle mon mari une bonne vingtaine de fois, la porte est resté fermé. Je pensais qu'il viendrait, que même si il avait un empêchement il arriverait à se demerder. Apparement pas. Je lache un soupir en regardant mon fils. L'inquiétude que je ressens pour son père s'estompe un peu quand mes yeux se posent sur lui, un sourire s'étire sur mes lèvres même.

Par amour. [2.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant