Des choix regrettables

29 5 2
                                    

     Honnêtement, si vous m'aviez dit il y a quelques jours que je regretterais terriblement de ne pas avoir respecté les ordres de mon père, je ne vous aurais pas cru...

     Je vivais seule dans la grande maison, où j'ai grandie étant petite, que j'ai maintenant héritée de mon père décédé depuis quelques jours. Je me souviens des après-midi de pluie où l'on jouait ensemble à cache-cache dans la maison. Il n'y avait qu'une seule condition a nos parties de jeu : ne jamais, sous aucun prétexte, aller dans la cave. Je n'ai jamais su pourquoi et mon cerveau d'enfant y prêtait peu d'attention. Il gardait toujours la clef de la porte menant a la cave sur lui, et maintenant elle est en ma possession.

     Une nuit, où ma curiosité a dépassé mon doute, je me suis décidée à voir ce qu'il y avait dans la cave. Après tout, mon père voulait sûrement m'empêcher de déranger son bureau avec ses recherches. Maintenant qu'il n'est plus là, je vais devoir faire du rangement. Quand j'ouvris la porte, un grincement aigüe se fit entendre, ce qui me donna la chair de poule. Il fessais sombre et froid. Je m'avançais a pas léger sur les escaliers humide en me demandant comment mon père faisait pour travailler dans ces conditions. Une fois arrivée en bas je vit des barreaux rouillés, comme ceux d'une prison. Il y avait, plus haut, une fenêtre, aussi bloquée par des barreaux tordus et écartés. En descendant mon regard vers le sol, là où je pensais y voir un bureau ou des rangements, je vit un enfant allongé, habillé seulement d'un t-shirt blanc, taché et déchiré. Il avais la peaux pâle et il était tellement maigre que l'on pouvait distinguer la forme de ses os sous sa peau. Je me rapprochais doucement de lui en lui demandant si il allait bien -une question que je regrette maintenant d'avoir posé-. Il se redressa subitement et tourna sa tète pour me regarder. Ses yeux couleur ambre fessais un contraste entre le noir de ses cheveux et sa peau blanche.

     Effrayée, je fit un pas en arrière, trébuchant contre la dernière marche d'escalier qui était juste derrière mon talon. J'étais alors par terre, regardant cette chose terrifiante qui ressemblait à un enfant. Il me fixait, sans cligner des yeux. Et quelques secondes après, le garçon me dit doucement "j'ai faim". Je me demandais pourquoi il y avait un enfant empoisonné dans la cave de mon père ? Pourquoi m'interdisait t-il d'y aller ? Comment cet enfant était t-il entré ici et surtout comment il avait survécu ? Après une minute de réflection, j'ai réussi à bredouiller que j'allais lui chercher a manger. Il me répondit alors, sous le même ton qu'avant, "ne me laisse pas...". Je le regardais hésitante, mais fini par m'enfuir en courant vers la sortie de cette cave.

     Une fois en haut de l'escalier, je fit une pose derrière la porte pour reprendre mon souffle et réfléchir. Mon cœur battait aussi vite que le bruit des sabots d'un cheval au galop. Des tonnes de questions me traversaient l'esprit et je ne comprenait toujours pas pourquoi mon père m'interdisait de descendre au sous sol ? Pourquoi cacherais t-il un enfant dans sa cave sans le nourrir convenablement ? Le pauvre garçon était si maigre qu'il pourrait sûrement être emporté par le vent. Il fallait absolument que je l'aide et que je lui donne de quoi se nourrir pour qu'il gagne des forces.

     De retour en bas, avec un bout de pain, je m'approchais de lui doucement pour ne pas l'effrayer. Il était maintenant dans l'un des coins de la pièce, assis, sa tête étant entre ses genoux qui était collés à son torse.
Je lui ai dit doucement et calmement que j'étais revenue, tout en m'approchant des barreaux avec le pain dans la main.
Une fois assez proche je lui tendit ma main pleine de biscuits entre les barreaux en lui disant de ne pas s'inquiéter.

     Soudainement, il m'attrapa le bras et me tira vers lui. Il mordit ensuite violemment mon avent bras. Par réflexe je laissa tomber le pain a ses pieds. Je resta figé, pétrifiée. Une douleur atroce me transperça. Je vis mon sang encore chaud et liquide couler de mon bras pour ensuite faire une petite flaque rouge écarlate par terre. Plusieurs pensés fusaient dans ma tête : Était-il cannibale ? Ou peut-être juste fout ? Ou alors était-il un vampire comme on le raconte dans les histoires pour effrayer les enfants. J'avais la tête qui tournait, des sueurs froides, l'impression constante de tomber alors que j'étais assise sur le sol froid de cette cave lugubre.

     Je commençais à me sentir de plus en plus mal, espérant qu'il ne finisse pas par boire tout mon sang et que je finisse morte, seule, dans la cave de mon père. Enfin, il finit par desserrer la prise de sa mâchoire et de ses mains sur mon bras. Je le fixais, malgré ma douleur et finis par remarquer qu'il avait grandi en quelque seconde.
Il ne ressemblait plus à un enfant mais bien à un homme qui avait au moins la vingtaine. Je tentais de me dégager doucement pour éviter qu'il me remorde. Une fois assez loin de lui, je me mit à courir, tant bien que mal, en direction de l'étage.

     Il n'y avait rien autour de chez moi, étant donné que j'habitais a la campagne. Je sortit quand même de ma maison,en espérant trouver une voiture qui puisse me ramener à l'hôpital le plus proche. Puis, tout mes souvenirs sont devenus flous. Je me souvien seulement avoir réussi à arriver près d'une route assez fréquenté, puis plus rien, le néant.

     Je vous parle maintenant depuis mon lit d'hôpital. Quelqu'un m'a trouvée sur le bord de la route, a vu que j'étais blessée et a appelé une ambulance. Ma blessure a finit en hémorragie et je suis restée endormie quelques heures a cause de la perte de mon sang. Le médecin pense que c'est une morsure de chien, je n'ose pas lui dire que c'est un humain qui m'a fait ça -enfin une sorte de créature qui a bu mon sang et qui a pris 20 ans de plus tout de suite après- Il m'enverrait directement dans un hôpital psychiatrique.

     J'ai terriblement peur du moment où je devrais rentrer chez-moi. Et si il m'attend impatiemment, qu'il attend que je passe la porte de ma demeure pour me sauter dessus et cette fois me tuer.  Après quelques minutes de réflexion je fini par me dire que j'hallucinait. Mon père venait de mourir et je pouvais tout simplement délirer a cause du choc émotionnel. Peut être était t-il simplement un sans-abri qui avait réussi à se faufiler à travers les barreaux de la fenêtre pour avoir un refuge et qu'il étais finalement resté bloqué quelques jours car le mur était trop haut... Non c'est impossible, sinon pourquoi mon père m'aurais interdit de descendre dans cette cave ? De plus, c'était un enfant au début qui s'est transformé en adulte après avoir bu mon sang. Ce était pas un être humain empoisonné dans ma cave mais bel et bien une créature semblable a un vampire...

Des choix regrettables (one shot)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant