Jour 5

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Chicago, 1947, 01h18

La Vie en Rose d'Edith Piaf en fond, les lumières tamisées et la chaleur de la cheminée comme couverture, Bucky s'était endormi dans le canapé, la tête d'Amanda sur ses genoux. Quant à elle, elle était emmitouflée dans une couverture qui traînait sur le canapé, un livre posé sur son ventre, dormant d'un sommeil de plomb. Bucky avait insisté pour qu'elle vienne passer la nuit chez lui, lui proposant son lit tandis qu'il dormirait sur le canapé. Amanda accepta à la seule condition qu'elle puisse apporter son tourne-disque, prétextant qu'elle était incapable de dormir sans musique. Bien évidemment, Bucky accepta. Dès leur arrivée, Amanda proposa de cuisiner un petit quelque chose et Bucky partit enfiler quelque chose de plus confortable. Puis, ils se sont installés dans le canapé, Amanda faisant la lecture pour eux et Bucky fermant les yeux, exténué.

La musique s'atténua peu à peu jusqu'au soulèvement du diamant marquant un silence apaisant dans la pièce. Seul le crépitement du bois qui brûlait dans la cheminée produisait un doux bruit de fond. Tout était calme et paisible, mais Bucky fut tout de même rêveillé par un petit bruit qu'il était incapable de reconnaitre. Ce même petit bruit parvint à réveiller Amanda. Bucky lui fit signe d'aller s'enfermer dans la chambre tandis qu'il attrapait son arme pour sortir de l'appartement. En ouvrant discrètement la porte, il tomba sur un homme, tout de noir vêtu, venant tout juste de crocheter la porte de l'appartement de la jeune femme. Bucky referma immédiatement la porte derrière lui et se faufila dans  l'appartement cinq ou régnait une pénombre dense et impénétrable. Il resta néanmoins sur ses gardes. Après quelques minutes d'investigation, Bucky constata que l'appartement était vide et presque immédiatement après, qu'il en soit sorti pour rejoindre Amanda, un coup de feu le fit sursauter et un hurlement strident brisa le silence. Bucky se rua dans la chambre où se trouvait la jeune femme. Un vent glacial traversait la pièce, les voilages virevoltaient tandis qu'Amanda, baignant dans son propre sang, peinait à rester éveillée.

-Amanda ! s'écria Bucky.
-Il s'est enfui...
-Pourquoi tu ne guéris pas ??
-Le vibranium... agit comme un poison dans mon organisme...
-Il faut sortir la balle ! statua-t-il en se ruant dans la salle de bain.
-Tu n'y arriveras pas... Emmène-moi au SHIELD...
-Pourquoi ?
-Il n'y a qu'une personne capable... de me soigner...
-C'est trop dangereux, je peux...
-Il n'y a que Howard qui puisse... m'aider !!

Bucky la regarda un instant, complètement crispé. Si Howard le voyait, c'en était fini de la mission et du futur. Mais si Amanda mourait, le résultat était le même. La mâchoire serrée, il attrapa la jeune femme, l'enroula dans la couverture, et sortit en trombe de l'immeuble. Les rues n'étaient pas totalement désertes et tout le monde se retournait sur son passage tandis qu'il courrait à en perdre haleine. Amanda perdait de plus en plus de sang et sa peau devenait de plus en plus froide.

-Tiens bon, on est bientôt arrivés, lança le soldat.

Arrivés devant l'immense bâtiment, Bucky donna un virulent coup de pied dans la porte pour l'ouvrir, et sous les regards interloqués des employés, il se rendit, sur les indications à peine audibles d'Amanda, au sous-sol où se trouvait le laboratoire. Bucky n'eut même pas le temps d'être essoufflé, Amanda perdit complément connaissance et devant le manque de réactivité du personnel, il se mit à hurler le nom de Howard à pleins poumons.

-Barnes ? s'étonna Howard.
-Elle s'est fait tirer dessus !
-Vibranium ? demanda-t-il automatiquement en récupérant la jeune femme dans ses bras.
-Oui...
-Mademoiselle Richards, préparez la salle 4, Arthur, appelez l'agent Carter au bureau de Londres et transférez-la-moi salle 4. Barnes, vous ne bougez pas d'ici, on a des choses à se dire.

Howard Stark s'engouffra dans un couloir, Amanda dans les bras, suivit d'une horde de minions répondant à chacun de ses ordres. Bucky se laissa tomber sur le premier siège qu'il trouva, craignant pour la mission... craignant pour Amanda. Il aurait dû se douter que le coup de l'appartement n'était qu'une ruse pour l'éloigner de la jeune femme.

Le scénario n'avait de cesse de tourner dans sa tête. Tout était trop bien calculé, tout avait été pensé dès qu'il était arrivé. Il se rendit alors à l'étage et demanda à voir l'agent Brandson, seulement, l'hôtesse tiqua. A priori, l'agent Brandson était décédé il y a un peu plus de deux ans durant une mission. Bucky fronça les sourcils et demanda à voir l'agent de liaison chargé de sa mission, mais lui aussi était aux abonnés absents. Bucky tourna pendant des heures à la recherche d'infructueuses informations. C'est comme si cette mission n'avait jamais été planifiée.

-Barnes, l'interpela Howard.
-Comment va-t-elle ?
-J'ai réussi à extraire la balle, difficilement, mais c'est fait. Elle va mettre un certain temps à se remettre, mais elle ne risque plus rien.

Bucky souffla de soulagement.

-Toutefois, je pense que je mérite une petite explication.
-Je viens du futur.
-Oui, j'ai cru comprendre, mais pourquoi.
-Hank Pym m'a recruté pour empêcher l'assassinat d'Amanda Dwight.
-Qui est l'agent de liaison ?
-On m'a dit que c'était l'agent Brandson, mais il est mort il y a plus de deux ans.
-À quoi ressemblait l'homme avec qui vous étiez en relation ?
-Blond aux yeux bleus. L'air fatigué et assez trapu. Il avait une voix très grave et faisait tout le temps tiquer sa langue lorsqu'il parlait.
-On ne vous a pas leurré. J'ai entendu parler de cette mission, mais on ne m'a pas mis sur le coup. La description que vous me faites de l'homme avec qui vous êtes rentré en contact ressemble beaucoup à celle de Perkins, ce que je ne comprends pas. Notre priorité pour le moment est d'assurer la sécurité d'Amanda. Si vous avez un moyen d'entrer en contact avec Monsieur Pym, faites-le. Mais, je pense que pour le moment, vous avez besoin de repos, il est tard.
-Je veux rester ici.
-Ne soyez pas buté, allez vous reposer. On a encore beaucoup à faire demain.
-Je reste avec elle.

Howard eut un sourire en coin et lui accorda un signe de tête.

-Très bien, je vous montre le chemin.

Bucky marchait dans ses pas, tapotant nerveusement ses doigts contre sa cuisse, tentant par moment de regarder au-dessus de son épaule, mais toutes les portes se ressemblaient. Enfin, Howard marqua un arrêt et ouvrit la porte qui les séparait d'Amanda. Bucky le bouscula et se rua vers la convalescente, attrapant presque immédiatement sa main. La chambre était très peu éclairée, une forte odeur d'antiseptique et de désinfectant embaumait la pièce créant une odeur limite supportable. Amanda n'était reliée à aucune machine, aucun cathéter. Il fallait laisser son corps faire le travail de lui-même.

-Je suis certainement mal placé pour vous dire ça mais... Mais ne vous amourachez pas de cette fille.

Bucky pinça les lèvres et fronça les sourcils, faisant mine de ne rien comprendre.

-Elle m'a bien traité... et je lui dois beaucoup.
-Je ne comprends pas ?
-Sans ce sérum, Steve...

Puis Bucky marqua une pause.

-Peu importe, dit-il, je lui dois beaucoup.
-Bien... Je vais demander à ce que l'on vous rapporte de quoi dormir cette nuit, mais vous comprenez que vous ne pourrez pas rester jusqu'à son réveil.
-Je partirai tôt demain matin.

One Week - James « Bucky » BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant