Jour 7

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Chicago, 1947, 14h09

Tout était fin prêt. Howard supervisait les opérations et Bucky attendait sagement, assis près de cette intimidante machine, qu'on le renvoie dans son époque. Depuis l'incident, il n'avait pas revu Amanda et bien qu'il ait demandé à la voir, on le lui avait refusé. Joshamee ayant été arrêté, il n'avait plus aucune raison de rentrer en contacte avec elle. Ses yeux fixaient le vide, il ne prêtait aucune attention à ce qu'on lui disait. Il ressemblait à un enfant malheureux, puni sur sa chaise et dont personne ne se souciait. Cette époque était la sienne et on l'en avait arraché, la guerre lui avait enlevé tout ce qu'il avait. Amanda lui avait offert ce passé volé pendant quelques jours, elle avait ramené le Bucky qui avait disparu il y a plus de soixante-dix ans.

-Barnes ! l'interpela Howard pour la énième fois.
-Oui...
-Tout va bien mon vieux ?
-Oui, finissons-en.

Howard lui frappa amicalement dans le dos en lui accordant un sourire sincère en retournant derrière les commandes. Bucky ne se sentait pas prêt à partir. Il avait le cœur lourd et la boule au ventre. Encore une fois, il avait l'impression de tout plaquer pour vivre une vie qui n'était pas la sienne. Il le fallait, le faire rester impliquerait beaucoup trop de complications pour le futur. C'est avec une profonde tristesse qu'il fit signe à Howard de lancer la machine. Stark entama alors tout un processus de mise en marche, dans un ordre scrupuleux et sensé, suivant les indications sur son carnet. Il s'interrompit cependant, surprit par le brouhaha dans le couloir.

-Mademoiselle, vous ne...
-James ! Hurla Amanda.

Bucky descendit de son estrade pour attraper Amanda dans ses bras tandis qu'elle courait vers lui, vêtu d'un pyjama et d'une robe de chambre, ses pieds nus claquant sur le sol gelé. Elle avait noué fermement ses bras autour de son cou, les traits de son doux visage tirés par le chagrin et trempé de larmes. Bucky la serra tendrement contre lui, soulagé d'enfin pouvoir lui dire au revoir. Malgré les demandes de Howard, Amanda ne lâcha pas le soldat, au contraire, elle le serrait de plus en plus dans ses bras et pleurait de plus en plus.

-Comment vivre si vous partez !?

Bucky prit une profonde inspiration pour ne pas craquer à son tour et la déposa délicatement au sol. Ses mains, doucement, se posèrent son visage. Il essuya ses larmes d'un geste léger et se mit à sourire tristement.

-Tu es sauve maintenant, tu as toute la vie devant toi.
-Restez ! Je vous en supplie !
-Barnes, on a plus le temps, intervint Howard.

Bucky pinça les lèvres en reportant son attention sur la jeune femme qui ne cessait de sangloter. Habillé de son costume de sergent, il retira son képi pour le déposer sur la tête d'Amanda puis, d'un geste tendre, lui caressa la joue du bout des doigts et repartit se placer sur l'estrade. Howard réengagea la manœuvre de transfert. Amanda fixait Bucky, le cœur en miettes et les yeux tellement trempés qu'elle le distinguait à peine. Un bruit sourd s'éleva et une forte chaleur se dégagea de la machine. Le compte à rebours commença. À chaque seconde qui s'écoulait, Bucky sentir sa gorge se nouer. Le temps sembla s'arrête durant une seconde, la dernière avant qu'il ne retourne dans son présent. Amanda eut tout juste le temps de lui hurler quelques mots qu'il entendit à peine et une vive lumière l'enveloppa et le propulsa en 2023, dans le laboratoire d'Hank Pym où toute l'équipe l'attendait de pied ferme. Tout le monde le regardait, surpris pour les uns, perdus pour les autres.

-Tout va bien Barnes ? lança Hank.

Bucky se passa une main sur le visage, contre toute attente, une larme avait réussi à se frayer un chemin sur sa joue. Il fronça les sourcils, essuya rapidement sa main sur son pantalon et inspira un bon coup comme pour se redonner de la contenance. Il fut par la suite emmené dans le bureau d'Hank, où, pendant presque une après midi entière, il dut faire un rapport détailler de la mission. Ce ne fut pas simple, à la simple mention du nom d'Amanda, il se sentait défaillir, sa voix tremblait comme s'il perdait pied. Durant tout « l'interrogatoire » il semblait absent, le regard livide et le visage blême. Hank Ne parvint pas en savoir plus sur ce qu'il y a eut entre lui et sa protégée, mais il fallait être idiot pour ne pas s'en douter.

-Bien, il y a autre chose que je dois noter ?
-Je ne suis pas sûr...
-Dites toujours.
-Au moment de partir, j'ai cru l'entendre dire... Non, laissez tomber, c'est mon imagination.
-Alors le dossier est clos, vous avez fait du bon travail.

Bucky se leva et serra la main du docteur Pym.

-Ne tentez pas de la chercher, lança-t-il subitement. Elle n'est certainement plus de ce monde à l'heure qu'il est.
-Au revoir, docteur Pym.

Ainsi, il partit sans demander son reste. Hank avait probablement raison. Ça ne valait pas le coup de risquer d'être davantage anéanti. La vie devait reprendre son cours. Du moins, c'est ce que tout le monde disait. Cette rencontre l'avait bouleversé. Il y avait bien longtemps que Bucky ne s'était pas senti aussi... vivant.

Seul dans son appartement, Bucky lança ses clés sur le comptoir de la cuisine avec nonchalance et partit ranger tout son attirail de sergent dans son armoire. Il rangea soigneusement son costume militaire, passa un coup de brosse sur la veste et le pantalon et sentit un petit objet dans une des poches. C'était une bague à la circonférence minuscule et sans nul doute appartement à Amanda. Bucky la serra fortement entre ses doigts, sentant ses yeux brûler et s'embuer. Elle lui avait laissé une partie d'elle sans même qu'il ne s'en rende compte.

One Week - James « Bucky » BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant