Chapitre 4

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Point de vue de Lévy

Une semaine et trois jours.

Voici, cela faisait une semaine et trois jours que le prince me gardait enfermée dans ses appartements. Pourtant j'allais mieux.

Mes souvenirs étaient certes vagues ; mais ce n'était qu'un détail. Il me semble que pendant trois à quatre jours, j'étais tombée affreusement malade. Durant cette période une personne, un homme, avait pris grand soin de moi. Je ne me souvenais plus très bien... En revanche ce quelqu'un avait de grands mains, un touché délicat, ainsi qu'une voix douce et apaisante.

À vrai dire, il était fort probable que j'avais rêvé de Thomass. Enfin que j'avais mélangé rêves et réalité. Car ici, personne ne correspondait à cette description. Personne ne m'appréciait assez pour me témoigner tant d'égard. J'inspirais seulement mépris et amertume, indifférence à la rigueur. Il arrivait aussi que l'on me regarde avec crainte parfois. En bref, j'étais la définition même d'une paria. Alors il était évident que j'avais dû rêver de ce personnage.

J'eus un pincement au cœur à cette pensée. Ça me faisait mal d'être traité comme cela, à cause des actions d'un autre. Surtout si "cet autre", était mon paternel. Et pour tout vous dire... j'avais encore tant de mal à accepter qu'il n'était pas seulement ce père aimant, doux et sagesse que je connaissais. D'ailleurs il m'arrivait aussi d'inconsciemment me faire des remarques en incluant mes proches ; avant de me souvenir qu'ils n'étaient plus de ce monde. Ce n'était franchement pas évident au quotidien mais je ne me laissais pas abattre.

Quoi qu'il en soit, j'étais rétablie. Je dirais même en pleine forme ! J'allais bien mieux depuis des jours, depuis une semaine et trois jours pour être exacte, "sans vouloir me répéter".

Malgré tout, le prince s'obstinait à me garder enfermé. Il refusait catégoriquement que je quitte cette chambre ! Ça faisait plus d'une semaine que je me tournais les pousses toute la journée, du levé du soleil, à son couché. Plus d'une semaine que je n'avais échangé de mots avec personne, ou du moins presque...

Seul le prince m'adressait la parole. Et depuis qu'il ne le faisait plus vraiment ; s'était devenu d'autant plus flagrant. Quant aux domestiques, ils m'ignoraient tout simplement.

Depuis mon rétablissement, je n'avais plus droit à la parole. Ça n'avait pas vraiment été acté pourtant c'était totalement ce qu'il se passait. Le prince se contentait de me donner des ordres, que je devais exécuter et c'était tout.

"Approche"
"Viens ici"
"Apportes moi ceci"
"Ne touches pas à cela"
"Ne fais pas de bruits"
"Mange"
"Dors"

Et j'en passe ! Mon quotidien était uniquement agrémenté d'ordres. Pfff ! Ce n'était pas cela qui allait m'aider à préserver mon équilibre mental. Moi, j'avais besoin d'interagir avec mon environnement, pour cela !

Honnêtement, si ce prince Gajeel ne possédait pas, dans sa chambre, cette fabuleuse bibliothèque, remplie d'encyclopédies en tout genre ; je serais assurément devenue folle.

Mais voilà...

J'étais une mordue de lecture. En l'espace de cinq jours, je les avais tous dévoré. J'avais lu plus d'une trentaine de livres, d'environ quinze à vingt-cinq milles pages chacun. Je pense n'avoir jamais autant lu de toute ma vie, en aussi peu de temps.

Et tant mieux pour moi, je possédais la surprenant faculté de pouvoir lire bien plus rapidement que la moyenne. Il me suffisait de quelques secondes, pour lire et comprendre environ deux milles à trois milles mots. Ce don m'était très utile pour exercer le meilleur passe-temps qui puisse exister ; la lecture.

Cela dit, les ouvrages de cette bibliothèque étaient écrits dans la langue locale. Et bien que ce soit le cas, cela ne fut pas un motif valable pour abandonner ; bien au contraire. Je m'y étais plongé plus sérieusement encore. D'autant plus que j'étais tombée sur un dictionnaire de traduction, en ma langue maternelle. Je suppose que s'était grâce à ce dernier que le prince avait pu apprendre mon dialecte. Ou du moins, qu'il lui avait été utile dans son apprentissage.

Esclave affranchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant