Mon nom est Ash. Je suis une des marionnettes plantées en cercle au milieu de ce décors désertique. Cela depuis vingt ans, car je suis né ici, d'Esmeralda Ovzenko. Une femme que je ne connais qu'à peine. Elle m'a accouché et nommé, avant de s'en retourner à son rôle d'ange. Comme tous ceux nés de la communauté, j'ai été élevé par tout le monde. Ma génitrice revenait quelque fois me voir durant mon enfance. Seulement dans les moments où Père n'avait pas besoin d'elle. Elle revenait, et m'enseignait les textes sacrés écrits par Père, ainsi que l'amour et l'obéissance inconditionnels que je lui devais.
Les Anges sont celles et ceux, -principalement celles-, qui mettent leur beauté extérieure et intérieure au service des élus et d'Hizimund Bjöörn Ier, notre Dieu, et bientôt unique Dieu du nouveau monde. Je ne détaillerai pas ce qu'ils font exactement, et me contenterai de dire que c'est ainsi que moi-même et beaucoup d'autres fûmes conçus. Ma mère a probablement été conçue de cette manière elle aussi.
Les Anges ont comme devoir de se présenter dans les tentes royales dès qu'iels sont appelés. Les uniques refus tolérés sont en cas de maladie, justifiée par les médecins. Ils officient jusqu'à ce que leur beauté se fane.
Nous sommes l'une des factions sous l'ordre de Père. Nous vivons en nomades sous le joug de sa divine incarnation terrestre.
Nous ne sommes environ deux-cents. Deux-cents personnes rassemblées là, en cercle autour de cette immense baignoire d'acide. Au-dessus de celle-ci est accroché un balancier avec, d'un côté, un gros rocher lié à une corde, de l'autre, Asmodelle, pendue par les pieds au-dessus de la bassine. Elle va être punie.
Je me souviens d'Asmodelle. J'étais amoureux d'elle petit. Nous nous sommes perdus de vue lorsqu'elle a été mariée.
Père, qui nous surplombe d'au moins deux mètres sur son trône de bois, prend la parole de sa voix puissante et caverneuse.
« Mes enfants. Tout d'abord, je tiens à vous rappeler que je vous aime. Je vous aime d'un amour sans limite. L'amour d'un père envers ses fils, l'amour d'un créateur envers ses disciples. Votre foi est le terreau de tout ce que nous avons bâtis, et de ce que nous bâtirons ensemble, lorsque nous serons, vous et moi, les premiers à fouler les terres du nouveau monde. Malheureusement, cette foi en moi que vous avez, malgré les aléas de notre vie en communauté, n'est pas quelque chose d'inné ni de facile à acquérir. Cette jeune femme en est un exemple. Elle ne nous accompagnera pas, malheureusement, sur le chemin de l'éternité, car elle a fauté. »
La foule se met à huer.
« Vous allez ainsi assister à sa rédemption. La rédemption de son corps de pécheresse passe par la douleur. Alors, mes enfants, criez ! Criez mes fils ! Je veux vous entendre raccompagner votre sœur vers la divinité !. »
Sur ces mots, des voix s'élèvent, portant des mots de haine et des crachats envers notre sœur. Ses grands yeux bleus se révulsent de terreur, alors qu'elle prend une grande inspiration. Ce n'était pas de ce genre spectacle dont elle souhaitait être l'héroïne. Je devine qu'elle aimerait bouger, mais son corps drogué ne peut rien faire de plus.
Comme nous tous, elle a déjà assisté à aux punitions toujours plus inventives de Père, mais jamais, comme nous tous, elle n'aurait imaginé se trouver à la place du puni.
« Vois-tu, Asmodelle, tu voulais te faire voir, j'ai répondu à ton souhait. Te voici sur les devants de la scène, occupant le rôle principal. »
Les visages de la foulent se tordent en des expressions de colère et de dégout, alors que les cris de haine deviennent plus fort. Je croise le regard d'Ygor, son mari, seul, avec moi, dont la bouche reste fermée. Ses yeux embués se plantent dans les miens, et nous demeurons silencieux.
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Behind the Scene : les contes d'une organisation secrète (réécrit)
Fantasy« Notre cerveau ne peut percevoir qu'1 % de la réalité qui nous entoure... » Une phrase bien étrange, sur un carnet abandonné, et trouvé sur une route par un nomade habitué à l'ésotérisme. Un écrivain ? Un illuminé ? Ou encore une organisation secrè...