Chapitre 7

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Quand le barbier eut fini de couper ses cheveux, il s'admira quelques secondes dans le miroir. Il avait maintenant les cheveux mi-court, une simple coupe, effectuée aux ciseaux et par une autre personne, changeait déjà beaucoup son visage. Charles paya le barbier et ils sortirent du salon. Neven se fit entraîner dans une autre boutique de vêtements. Un homme les accueillit tout sourire. Le jeune homme remarqua qu'il n'y avait pas beaucoup de vêtements sur les étagères. Il conclut qu'ils étaient entrés chez un tailleur. Pourquoi s'embêter à lui faire des vêtements sur-mesures ? Cette attention le rendait mal à l'aise. Il regardait autour de lui pendant que Charles discutait avec le tailleur puis ils s'avancèrent vers lui. L'homme prit les mesures du jeune homme et, une fois fait, il s'exclama :

— Bien ! Ce sera prêt d'ici deux jours.

Charles avança la somme due et pressa Neven hors de la boutique. Ils prirent la voiture et roulèrent en direction du domaine. Neven s'observa dans le reflet de la vitre. Sa nouvelle coupe de cheveux lui convenait. Il toucha son visage, passant ses mains sur ses joues plus remplies. Manger quelques repas entiers lui avait été bénéfique. Il sourit et ses yeux pétillèrent. Il n'avait jamais souri auparavant. Charles l'observait du coin de l'œil et lorsque Neven s'en aperçut, son sourire se fana. Il détourna le regard, les joues rouges d'embarras. Charles ne put s'empêcher de penser que Neven avait cet étrange côté enfantin qui contrastait avec son passé et son futur proche. Il afficha un petit rictus moqueur quand le jeune homme se frotta la nuque. Neven se mordit l'intérieur de la joue en remarquant le sourire sur les lèvres de l'homme. Ses doigts caressèrent sa cicatrice épaisse. Ce foutu stigmate n'était pas assez effacé ! Elle lui rappelait constamment qu'il ne valait rien. Les esclaves étaient les rebuts de la société, même dans la ville-basse personne ne les fréquentait, mais Charles, même s'il avait plutôt défendu les décisions du prince, avait indirectement soutenu Neven. Cet homme n'était peut-être pas si méchant et, mis à part cette petite mésaventure, la journée de Neven fut bien remplie. Il avait eu le temps d'observer cette nouvelle ville, ces nouveaux visages et, pour la première fois de sa vie, il se sentit bien. C'était une étrange sensation qu'il n'avait jamais connue jusqu'alors. La sensation de n'être plus seul. Hanna lui parlait ouvertement et tous les autres domestiques lui lançait des sourires bienveillants, il avait l'impression d'avoir des amis même s'il ne savait pas ce que cela pouvait représenter. Encore quelque chose de nouveau pour lui. Il ne pouvait pas totalement leur faire confiance, mais il avait envie, pour une fois, de se laisser aller et de voir ce que cette nouvelle vie lui réservait. Il avait de moins en moins envie de s'enfuir, il faut dire que les repas étaient succulents, que le lit était moelleux et qu'il n'était au service de personne, enfin, c'est ce qu'il pensait. Alors il en profiterait autant qu'il pourrait. De plus, l'entraînement de Charles lui permettrait d'affûter ses capacités et d'en apprendre de nouvelles, ainsi, lorsqu'il déciderait de s'en aller, il serait plus fort et pourrait donc mieux se défendre contre tous ceux qui essaieraient de l'en empêcher.

Lorsqu'ils arrivèrent au domaine, le crépuscule était déjà bien installé et la nuit ne tarderait pas à tomber. Charles l'abandonna sitôt sorti de la voiture et Neven se retrouva au milieu de l'allée sans savoir quoi faire ni où aller. Il devait s'habituer à cette liberté, il n'était pas esclave et ici, personne n'essayait de le tuer. Il restait néanmoins toujours en alerte, n'étant pas encore acclimaté à ce changement de décor.

Il entendit un hennissement au loin et décida donc d'aller voir. Il aperçut dans la carrière une personne montée sur un cheval galopant. Il reconnut Ed et son élégance sans pareil. La personne qui le montait ne pouvait être autre que le prince. Cela piqua la curiosité du jeune homme. Il s'approcha et s'accouda à la barrière, les yeux rivés sur le spectacle qui s'offrait devant lui. Le sol vibrait à chaque foulée du cheval. Il était magnifique et la personne qui le montait lui seyait à la perfection. C'est alors qu'un hurlement de loup se fit entendre au loin. Ed prit peur et se cabra. Le prince tira sur les reines pour rester en équilibre. La lumière rose du crépuscule dansait sur le visage concentré d'Alaric et contrastait avec la robe ébène du cheval. Cette image resta gravée dans la rétine de Neven. C'était un tableau...

Tu seras roi [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant