Chapitre 20

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Neven avait effectivement passé une nuit abominable. Impossible de fermer l'œil. Il s'était demandé s'il ne s'était pas trop habitué au confort d'un lit luxueux, car il n'avait pas réussi à trouver une position qui ne le faisait pas souffrir. Lui, qui avait passé sa vie à dormir sur le sol, n'arrivait maintenant plus à dormir sur un lit, certes dur, mais décent. Lorsqu'il s'était tourné une énième fois et qu'il avait croisé le regard cru et le sourire sauvage de l'homme à ses côtés, il avait frissonné d'effroi. La phrase de Gautier lui était revenue en tête. Pourquoi y aurait-il des morts dans une compétition ?

Ils étaient maintenant tous alignés face à une estrade et entourés d'une foule de gens les acclamant. Il y avait beaucoup de participants. Neven observa ses concurrents. Ils étaient tous en bonne forme et tous déterminés à gagner. Neven ne comprenait pas pourquoi cet engouement pour le roi. Pourquoi se dévouer à une personne qui ne les regarderait même pas s'ils étaient en train de mourir dans un caniveau.

Un son de trompette et de tambour retentit et tous se turent. Un silence solennel régnait à présent parmi les rangs lorsque le roi fit son entrée, accompagné d'Alaric. Neven admira l'homme qui avait couvert son corps de baisers il y avait de cela deux jours. Alaric avait l'air fatigué. Neven sourit tendrement. Visiblement, le prince non plus n'avait pas réussi à dormir. Il était élégamment vêtu de ses habits princiers, de tous ces tissus magnifiquement luxueux ornés d'or le rendait sublime. Neven n'avait de yeux que pour lui, si bien qu'il n'écoutait même pas le discours que prononçait le roi. Malheureusement pour le jeune homme, Alaric ne le remarquait pas. Neven était déçu, le regard du prince lui manquait. Il avait besoin plus que jamais de ses yeux dévorants. Son anxiété augmentait petit à petit et il décida de se concentrer. Le roi avait fini son discours et un homme expliquait maintenant les différentes étapes et différentes règles de la compétition. Pendant ce temps, une femme fit son apparition sur l'estrade et prit place aux côtés du roi et d'Alaric. Le roi Viryn embrassa la femme sur la joue et elle présenta sa main à Alaric qui la baisa, courtois. Elle avait la peau halée, des cheveux noirs et une somptueuse robe bleue. Mais ce qui frappa Neven était ses yeux, elle avait des yeux bleus aussi profond que ceux du prince. Elle devait avoir une cinquantaine d'années, mais elle était resplendissante. Elle dégageait une aura qui insufflait le respect. Neven n'avait aucun doute, cette femme était la reine.

La première épreuve était l'endurance, une course qui consistait à faire plusieurs tours de terrain et arriver parmi les cinq premiers. Neven était confiant, s'il y avait bien une chose pour laquelle il était doué sans entraînement c'était de courir. Ils passaient par groupes de plusieurs personnes tirées au sort. Au son du départ, ils se mirent tous à courir sous une chaleur ardente et un soleil bien haut. Les premiers tours furent un jeu d'enfant pour Neven. Certains participants avaient déjà abandonné, d'autres luttaient encore, essoufflés à en cracher leur poumons.

C'est alors que Neven fut surpris par un croche-pied qui lui fit perdre l'équilibre. Il tomba s'arrachant le menton sur le sol rugueux avant qu'un pied ne lui écrase l'avant bras. Un homme lâcha un "oups, désolé" qui sonna si peu sincère. Neven hurla de douleur. Il releva la tête et observa un des hommes de Louis rire en le dépassant. Cette action était puérile, mais venant de ce faquin qui ne saurait gagner autrement qu'en écrasant les autres, ça n'étonnait pas Neven. Il se fit dépasser par deux personnes se retrouvant en septième position. Faisant fi de la douleur, il bondit sur ses pieds et mit ses dernières forces à dépasser de nouveau ces deux concurrents. Observant la ligne d'arrivée se rapprocher, il fonça. Ses jambes brûlaient, mais il parvint enfin à passer en cinquième position juste avant la fin. Il s'écroula sur le sol essoufflé, mais fier de lui et surtout en colère contre l'homme qui lui en voulait. Il étira ses jambes tremblantes et releva la manche de sa chemise pour frotter sa cicatrice devenue douloureusement rouge et enflée. Lorsqu'il reprit son souffle, il remarqua le sang goutter sur le sol. Il mit la main au menton et serra les dents. Il devait avoir une belle égratignure. Ses mains aussi étaient éraflées. La compétition commençait bien... Cet homme avait délibérément visé son bras meurtri.

Tu seras roi [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant