Chapitre 2

75 3 0
                                    

Le désavantage, c'était que Jerry ne sortait jamais de chez lui, donc elle n'était jamais tranquille pour faire son plan, sauf la nuit.

Il lui fallut quelque temps pour échafauder son plan, une fuite parfaite qui ne laissera pas de trace.

Elle commença par appeler une agence qui pourrait lui procurer des faux papier pour pouvoir quitter le pays, ou au moins la ville, elle avait eut ce contact il y a bien longtemps par un sans-abri androïde, et elle n'aurait jamais pensé l'utiliser un jour, même si elle l'avait gardé au cas où. Elle aurait voulu le remercier mais il avait sûrement été jeté à la décharge depuis longtemps.
Mais tout ça était loin d'être gratuit, alors elle dû trouver une solution. Jerry ne lui donnait qu'une somme limitée d'argent pour faire ses courses et à chaque fois, elle gardait la petite monnaie et économisait, ce fut très long pour trouver la somme nécessaire et plus le temps avançait, plus elle angoissait et redoutait le jour où Jerry allait l'emmener voir son nouveau « propriétaire », elle était complètement impuissante, elle aurait voulu que les choses ailles bien plus vite mais il fallait qu'elle reste discrète, car si elle se faisait prendre les conséquences seraient désastreuses. Elle savait au moins une chose, Jerry ne pouvait pas la jeter à la benne, elle était bien trop précieuse pour ça, même si elle se serait bien passée de cette rareté.
Elle fit son sac en avance en prenant des vêtement trop petits pour Jerry qui sortait de la machine, elle fut reconnaissante d'avoir été assigné au rôle de femme au foyer, qui sait comment elle aurait pu faire pour élaborer tout son plan sinon.
Au bout de plusieurs semaines, elle avait enfin l'argent, et se fit livrer ses faux papiers quelques jours après. Heureusement d'ailleurs, car le jour même, lorsqu'elle ouvrit la boîte aux lettres, elle tomba nez à nez sur une lettre de son réparateur, il y était écrit en gros « DERNIER DÉLAI DE RÉFLEXION ». Il fallait qu'elle agisse dans la nuit, pendant que Jerry était endormis.
Ce soir là, Lise lui donna bien plus de bière qu'à l'ordinaire et il les accepta sans se douter de quoi que ce soit, si bien qu'il tomba dans un sommeil profond quelques heures plus tard, complètement saoul. Elle s'assura qu'il était bien endormi et trop saoul pour réagir si il se réveillait et prit son sac, elle se changea avec les vêtements prévu à cet effet, mit les faux papiers dans sa poche et rentra dans la chambre de Jerry. D'habitude, elle n'y allait que quand Jerry était d'humeur tactile et en avait profité pour fouillé lorsqu'il était endormi. Elle avait alors remarqué qu'il cachait une petite quantité d'argent dans un bocal, il l'utilisait sûrement pour jouer au casino lorsqu'il était encore en état de sortir de chez lui. Elle prit ce fameux bocal et glissa l'argent dans son porte monnaie. Elle sorti de la chambre et ouvrit ensuite le congélateur où étaient entreposés des dizaines de sachets de carburants, elle ne pouvait pas les prendre avant car sous la chaleur, ils se périmaient et étaient inutilisables. Les mains tremblantes, elle prit les sachets et les fourra dans un sac de congélation. Elle avait encore du mal à se rendre compte de se qu'elle faisait et elle avait trop d'adrénaline pour angoisser. Elle vola aussi le vieux téléphone de Jerry, elle manquerait sûrement d'argent une fois sortie du pays et un téléphone serait toujours utile.

Elle avait beau avoir réfléchi pendant des semaines à cette scène, elle avait l'impression qu'elle avait oublié quelques chose, ce qui était probablement le cas dans le feu de l'action.

Elle s'apprêtait à sortir de la maison quand un souvenir lui revint, la fameuse pièce dont elle avait l'interdiction d'aller. Que pouvait-elle bien contenir ? c'était l'occasion parfaite, elle ne reviendrait plus jamais dans cette maison et brûlait d'envie de savoir ce qu'elle contenait. Elle referma délicatement la porte d'entrée et se dirigea vers la pièce, presque en courant, elle prit la poignée et voulu l'ouvrir mais elle était verrouillée, elle fouilla dans un placard à clé et prit la plus rouillée, elle savait parfaitement que c'était celle-ci qui ouvrait la porte, elle passait des dizaines de minutes à la regarder en se disant si elle devait ouvrir cette porte où non.
Cette fois-ci, elle ne renoncerait pas, elle prit la clé, la mit dans la serrure et ouvrit la porte.
Elle toussa à cause du nuage de poussière qui s'en échappait. C'était une chambre, une chambre d'adolescente vieillotte mais affreusement vide. On aurait dit une chambre d'hôpital, les murs étaient vides et les seules décorations présentes étaient de vieux cadres, elle s'approcha pour mieux les regarder et se vit elle même, avec 10 ans de moins, où même 15 sur certaines photos. C'était bien elle, elle en était sûr, mais elle était différente, plus humaine, pourtant ses yeux de petite fille étaient vides comme les siens, elle souriait sur quelques uns de ces souvenirs, mais ce sourire était comme forcé. Elle regarda autour d'elle, cette chambre lui appartenait autrefois, pourtant elle n'en avait aucun souvenirs, le vide qu'elle avait ressenti toute sa vie se fit plus grand que jamais dans cet endroit qui n'était plus le sien, c'était la chambre d'une Lise humaine, avec du sang, des besoins, un vrai cœur qui bat. Elle continuait de regarder les photos et l'une d'entre elles l'interpella, sur celle-ci se trouvait une jeune femme coquette qui la prenait dans ses bras, cette femme lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Elle prit la photo avec elle et s'assit sur le lit aux draps blanc. Elle resta là à regarder la photo de sa mère pendant une période de temps qu'elle ne pourrait décrire.

« C'est ma mère, mais je ne la connais pas, pour moi c'est juste une inconnue qui me ressemble, je n'ai pas de famille, pas de père, pas de mère, je ne me souvient de rien, qu'est-ce que je vais faire une fois enfuie ? Certes, j'aurais enfin la liberté que j'ai toujours voulu, mais ensuite ? Je ne connais rien de ce monde, je n'ai pas de passé, et probablement pas de futur non plus... à quoi bon se donner autant de mal ? Au final je ne suis qu'un robot, ce n'est pas si grave si je suis vendue à quelqu'un, ce sera juste un nouveau bourreau et les choses reprendront leurs cours, comme avant. », pensa-t-elle.

AlzedynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant