La Guerre des deux soleils - Le Mage (Mxm Fantasy) ( Édité )

Chapitre 6

Sacha reçut ce qui paraissait être pour Cilian une révélation fondamentale avec un scepticisme complet et un petit rire involontaire. C'était tout simplement... too much pour lui...

En à peine quelques semaines, il avait découvert, et assimilé, l'existence d'un portail interdimentionnel, celle d'un monde parallèle à la Terre et enfin supporté la révélation que les lois de la physique telles qu'il les avait toujours considérées n'étaient que du flan, puisque la magie existait belle et bien. Alors envisager que lui-même puisse avoir la moindre petite parcelle de cette magie en lui? C'était la cerise impossible sur le gâteau foutrement improbable, et encore, il était gentil.

Il secoua vigoureusement la tête, refusant totalement d'envisager cette possibilité. Il avait l'impression de se retrouver soudain plongé dans un pastiche pas très inspiré de tous les romans de fantasy vintages qu'il avait pu lire au détour de ses explorations de la bibliothèque bien fournie que lui avait léguée son grand-père.

Alors bien sûr, Cilian semblait croire à cette idée, lui, mais il se leurrait probablement. Il devait y avoir une tout autre explication, un peu plus rationnelle que celle-ci, à la réaction des pierres et l'ouverture du portail de son côté du passage.

Heureusement, le grand et mince mage sembla comprendre son refus d'envisager cette possibilité et n'insista pas plus, laissant le jeune homme libre de retourner aux centaines de questions qui lui brûlaient les lèvres. Sacha voulait tout savoir de ce monde incroyable dans lequel il avait le sentiment d'être un pionnier et il comprit l'exaltation qu'avaient dû ressentir les premiers européens à poser le pied en Amérique. Avec la chance inouïe de pouvoir communiquer en plus, et les massacres et la variole en moins, il l'espérait, en tout cas.

Devant la curiosité manifeste de son visiteur, Cilian l'invita à le suivre dans sa demeure circulaire et Sacha dévora du regard son agencement.

Il avait déjà pénétré dans une yourte auparavant. Elles n'étaient pas rares aux alentours de Forcalquier, comme toutes les autres formes d'habitats non conventionnels, mais dans celle-ci, bien sûr, aucun signe de technologie ne venait trancher avec les meubles bas en bois recouverts de lainages colorés, les étagères jonchées de livres et de parchemins, les herbes séchées accrochées au faîte des poutres sculptées ainsi que les étranges instruments qu'il apercevait de ci de là, posés sans logique évidente sur chaque surface plane. Cela sentait le bois, le feu, le cuir et les simples et il constata, sans vraie surprise, que tous les signes indiquaient que Cilian vivait seul ici.

Ce dernier fourragea un moment dans un tas imposant de manuscrits et de petits ouvrages reliés et sortit un grand parchemin roulé en tube, qu'il étala précautionneusement sur une table ouvragée et polie qui semblait destinée à des usages variés.

Sur la carte dessinée à la main et aux encres colorées un peu passées, des petites pattes de mouches venaient marquer chaque zone de symboles inconnus et Sacha constata qu'il ne pouvait pas les lire. De toute évidence, le sort de son hôte n'allait pas jusqu'à lui apprendre l'alphabet local. Elle représentait une immense zone de terre, qu'il supposa être un genre de continent, enclavée de plans bleus qu'il déduisit être les mers et océans de cette planète. Il n'était pas certain de l'échelle, mais au vu des minuscules montagnes et lacs qui apparaissaient régulièrement sur le vélin jauni, il supposa qu'elle était très importante.

— Voilà Woswain, lui expliqua Cilian en aplatissant les bords de la carte qui s'enroulaient sur eux même.

Il désigna un petit point perdu à droite de la carte, au milieu de dessins grossiers figurant des montagnes et des forêts.

— Et nous sommes à peu près ici.

— Woswain, c'est un continent ?

Le mot était sorti en français, à l'étonnement de Sacha, et fit lever un sourcil surpris à son interlocuteur. Il comprit rapidement que le sort de traduction n'avait probablement pas trouvé d'équivalence en woswien et il tenta à nouveau.