Après la fin

Chapitre 7 L'infiltré

La tension est de plus en plus palpable au fur et à mesure que la discussion avance. Axel s'est préparé à cette mission d'infiltration depuis des mois. Il en sait autant, si ce n'est plus, que ses interlocuteurs sur pratiquement tous les domaines. Il a mené ses propres recherches sur tous les actes de terrorisme et de résistance dont il a pu prendre connaissance. Il a étendu ses recherches à tous les faits historiques qui ont opposé une minorité à un empire. Les Lybiens face aux Perses, les Zélotes en Judée, la Jacquerie en Ile de France, la Resistznce au nazisme, les grands attentats du début du siècle.
– Pour toi, quelle est la différence entre terrorisme et résistance ? interroge Kahina.
Axel s'attendait à la question, il s'y était longuement préparé. Il feinte une hésitation. Il ne doit pas répondre trop vite, ça sonnerait faux.
– Je sais pas, c'est compliqué.
– Ah ? lance Kahina, sur un ton à la fois ironique et méfiant.
– Je sais pas, répète Axel, pour moi, il n'y a pas de différence. Ça dépend du point de vue.
Vercingétorix acquiesce de la tête.
– Oui, c'est ça. Celui qui s'insurge, dans son camp, il est vu comme un résistant. Pour l'oprresseur c'est un terroriste.
Axel ne croit pas du tout en ce qu'il vient de dire, mais il espère que ses gestes et son attitude ne l'ont pas trahi.
– Qu'est-ce que Spartacus t'a dit à propos de nous ? demande Vercingetorix, brisant le silence qui commence à devenir pesant.
Spartacus lui a dit beaucoup de choses. Il est en garde à vue depuis presqu'une semaine. Il s'est mis à parler au bout de deux jours de déconditionnement psychologique. Une équipe s'est chargée de soutirer la moindre information utile à la mission.
– Je sais qu'on travaille comme une sorte de blockchain. On partage toutes nos infos au sein de notre cluster, au cas où on y passe, les données primordiales ne disaparaissent pas.
– Hmm. Et que sais-tu du rôle de Spartacus ?
– Je sais qu'il est en charge de recruter et d'entraîner des gens au combat.
– Et tu en sais assez pour que l'on travaille ensemble, intervient Vercingétorix, l'air visiblement agacé.
La discussion prend un air d'interrogatoire, cela lui déplaît fortement.
– Vous êtes toujours treize ? reprend l'homme grisonnant.
– Non, douze.
Il y a presque an, quand Axel a intégré le réseau, il avait reconnu l'un des criminels les plus recherchés d'Europol grâce aux portraits robots qu'on en avait dressé. L'homme avait tué plusieurs policiers et projetait de continuer sa série macabre. Il avait fallu l'arrêter, même au risque de compromettre la couverture d'Axel. Fort heureusement pour lui, la disparition de celui qui avait choisi pour pseudonyme Mesrine n'avait pas éveillé les soupçons.
– Mesrine a disparu.
– Et pourquoi je ne suis pas au courant ? s'indigne Vercingétorix, balayant l'assemblée d'un regard réprobateur.
– Il a dû se faire choper, suppose un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux longs et bruns.
– Non Nèo, je ne pense pas. Si c'était le cas, on le saurait. Il y a urait même de grandes chances pour qu'on ne soit pas ici autour de cette table, mais en taule ou exécutés. A mon avis, il doit être surveillé et il évite de faire remonter la filature jusqu'à nous. Bon, reprend Vercingétorix, frottant sa barbe. Dans exactement huit jours, plusieurs cellules vont se coordonner. Le nom de code de l'événement ...
L'homme ménage le suspens. Il sourit d'aise. Bien que volubile, il se force à garder le silence quelques secondes.
– Le Grand soir ! Eh oui, le nom de code c'est le Grand soir !
Axel frissonne. Son pouls s'accélère. Il sait que certains terroristes souhaitent mener une attaque groupée et de grande ampleur. Depuis des mois, le bruit courait mais rien de concret ne venait corroborer cette crainte. Jusqu'à présent, pour Axel, cette histoire n'était qu'un mythe. Alors c'était bien vrai ...
– Le calendrier a été avancé, car nous avons appris qu'ils ont prévu de lancer l'opération reconquête dans exactement neuf jours.
Axel est largué. Il ne sait pas du tout de quoi Vercingétorix parle. Il tente de ne pas le montrer. De qui parle t'il ? De quoi s'agit-il ?
– On a un problème, intervient tout à coup un homme dégarni  à l'allure maigre. Il s'agit de l'homme que Vercingétorix a désigné sous le pseudonyme de Jean Moulin. On a perdu le contact avec De Gaulle.
– Putain, s'emporte Vercingétorix, si lui aussi nous fait faux bon on devra laisser tomber.
– Je pense qu'il y a dû y avoir un souci.
– Il faut aller voir ce qu'il se passe, recommandé Kahina.
– L'equipe de Spartacus va s'en charger, ordonne Vercingétorix, adressant un regard oblique à Axel.
Ce dernier acquiesce. Il a tant de questions à poser. Il prend toutefois un air convenu et accepté la mission.
– Bon, c'est entendu, Moulin, tu iras avec Spartacus et ses combattants.  Vous reviendrez le jour J, on laisse tomber l'objectif treize. Je lève la séance.
Axel est complètement dépassé. L'infiltration s'est bien déroulée. Cependant, il lui faut au plus vite tirer de nombreux éléments au clair. Une seule personne peut l'éclairer, Spartacus ...