Scène 4

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IRINA/SOLANGE

SOLANGE est debout à côté du banc, elle tourne autour dans un grand état de stress. Elle marmonne.

SOLANGE
Elle viendra, elle viendra pas, elle viendra, elle viendra pas, elle viendra, elle viendra pas, elle viendra, elle viendra pas. Oh putain, elle est là.

IRINA arrive sur scène très sereinement.

SOLANGE
Ah euh bonjour Irina.

IRINA
Bonjour Solange. Tu as quelque chose à me dire ?

SOLANGE
Comment tu vas depuis la dernière fois ? Je voulais prendre de tes nouvelles.

IRINA
Oui je vais bien. Mais tu es sûre que c'est de ça dont tu voulais me parler ?

SOLANGE
Et tes parents, est-ce qu'il vont bien tes parents ? Est-ce qu'il vous reste encore des crêpes ?

IRINA
Oui mes parents vont bien. Non, on a fini les crêpes. Solange, je sais ce que à quelque chose à me dire. Dis-le moi.

SOLANGE
Est-ce que tu dessines bien ? La vraie Irina est super forte en dessin est-ce que tu l'es aussi ?

IRINA, soupirant
Solange, arrête de tourner autour du pot. Je sais très bien que tu n'es pas venue pour ça. On perd notre temps Solange, et c'est franchement dommage.

SOLANGE
Qu'est-ce qui te dit que je ne suis pas venue pour ça ?

IRINA
Moi. Je suis une partie de toi Solange, ne l'oublie jamais. Je sais tout de toi, je te lis aussi facilement que les marins lisent un ciel d'étoiles. Je sais que tu as des choses à me dire, mais que tu as peur de les dire. Alors tu évites le sujet, tu tournes en rond parce que si tu vas tout droit, tu redoutes ce qui se passera parce que tu l'ignores. C'est bien naturel, c'est le propre de l'inconnu que d'effrayer. Mais il ne faut pas en avoir peur. Il faut dire ce que tu as sur le coeur.

SOLANGE
Tu sais ce que j'ai à te dire ? Alors qu'est-ce que c'est ?

IRINA
Tu es ici parce que tu languis, tu brûles pour moi. Tu as des roses qui poussent dans ton coeur à penser à moi, l'idée de ma présence fait comme une pluie d'étoiles de joie dans tes pensées. Tu rêves de moi, mais en toute légèreté, en toute douceur. Tu oublies trop facilement que tu m'aimes ; tes pensées sont d'une pureté lascive, d'une timidité sensuelle. Je sais pourquoi tu es là.Tu es ici parce que tu veux me dire tout ton amour, tu es ici parce que tu es amoureuse de toi.

SOLANGE
Je suis amoureuse de toi ? C'est très prétentieux d'affirmer ça ainsi.

IRINA
Je ne suis pas prétentieuse, je suis dans ta tête. Je sais que tu es amoureuse de moi.

SOLANGE
Très bien. Alors pourquoi dois-je le dire au juste ? À quoi me sers t-il de répéter ça si tu le sais déjà ?

IRINA
Parce que toi tu ne le sais pas encore. Enfin si, tu le sais. Mais pas assez. Je ne veux pas que cette idée reste enfermée, cloisonnée dans un coin de ton inconscient. Non. Il faut que tout ton être le sache, que la moindre de tes cellules en soit consciente, que les pores de ta peau se bouchent tant ils sont imprégnés par cet amour, cette idée d'une idylle, cette hypothétique relation. Je ne veux pas que tu me dises que tu m'aimes, non : ce n'est pas assez. Il faut que tout ton corps, toute ton âme à l'unisson, toutes les parcelles de ta conscience crient ses mots pour que tu les comprennent enfin. Tu as compris Solange ?

SOLANGE
Je crois que oui. Je.. je t'aime Irina.

IRINA
Non ça ne va pas. Tu ne penses pas ce que tu dis. On te l'a dit, tu l'as compris mais rapidement, effleurant à peine les brides de ta conscience. Tu sais à peine que tu m'aimes, sitôt qu'une brise légère d'incertitude se lèvera dans tes pensées, cette idée sera balayée, oubliée dans un coin de des idées. Recommence.

SOLANGE
Je t'aime Irina.

IRINA
Toujours pas. Tu manques de sincérité. Recommence.

SOLANGE
Mais comment faire ? Je te dis que je t'aime, tu sais que c'est vrai mais ce n'est pas assez sincère ? Je ne dis que la vérité, une vérité reconnue. Qu'est-ce qui pourrait te faire accepter mes paroles, qu'est-ce qui les rendrait correctes à tes yeux ? La vérité ne te suffit pas mais tu me parles de sincérité. Qu'est-ce qui est plus sincère que la vérité ?

IRINA
La connaissance. La connaissance est sincère. Et toi tu ne connais plus, tu ignores jusqu'où va l'amour que tu as pour moi. Ferme les yeux. Pense à moi, laisse toi envahir par tes songeries, absorbe le délice que te procures ma vision. Rappelle toi de ce que tu aimes chez moi, prends conscience de toutes les pensées, qu'elles soient innocentes ou non- que j'ai provoqué sur toi. Pense à l'électricité qui t'envahit chaque fois que je frôles, pense à mes yeux qui te rendez folle. Pense à moi Solange et connais à quel point tu m'aimes.

Elle s'arrête quelques instants, laissant Solange se concentrer.

IRINA
C'est bon. Ouvre les yeux. Tu peux parler.

SOLANGE
Je t'aime Irina ! Je t'aime depuis toujours, depuis trop longtemps, à la folie passionnément. Je t'aime ! Je t'aime, je meure de mots pour toi. Devant toi, je perds mes moyens, mes idées, mes paroles, mes silences et mes hantises cachées. Tu ouvres sous mes pieds un gouffre-oxymore délicieux détestable absolument imparfait de beauté et d'amour caché. Je t'aime Irina et maintenant que je le sais, je pourrais te le dire mille fois.

Elles se regardent quelques instants dans les yeux, sans rien dire. Puis Irina sort quelques chose de sa sacoche.

IRINA, donnant le Livre à Solange
Tu l'as bien mérité.

SOLANGE récupère le livre et regarde Irina partir en silence.2

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Voilà la scène 4 ? Qu'en avez-vous pensé ?

Là où dansent les mensongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant