L'air de rien

Les ombres

Petit déjà j'étais attiré par tout ce qui sortait des règles, des lois qu'on nous imposait. J'ai vécu bonnes dizaines d'aventures qui m'ont fait grandir et mûrir dès mon plus jeune âge. Seulement j'ai pu remarquer que personnes n'avait la même vision des choses que moi : ma spécialité m'a mis à l'écart et, non que je m'en plaigne, je pense comprendre cet homme solitaire et fou.

La première chose qui m'a différencié des autres m'est apparue très jeune, quand chacun en était encore à baragouiner des mots incompréhensibles et se baver dessus en faisant joujoux. Qui ne se souvient pas étant enfant, hurler en plein milieu de la nuit jusqu'à ce que ses parents arrivent et fassent semblant de fouiller partout dans la chambre pour rassurer le petit, alors qu'ils ont seulement en tête d'aller dormir. Ils n'écoutent pas, ils ne se souviennent pas et pourtant : ces monstres existent réellement.

« Si tu ne peux les affronter, fais-en tes amis. »

C'était les seules paroles de mon père face à son enfant terrifié. Mais j'ai suivi ses conseils : je suis resté éveillé et j'ai attendu que la porte de mon placard s'ouvre, que mon lit se secoue et que les ombres sortent de leurs cachettes.

La première fois j'ai eu vraiment peur, elles m'ont lacéré le dos, m'ont brulé les mains et m'ont hurlé dans la tête. Puis petit à petit j'ai réussi à les amadouer faisant d'elles des amis nocturnes et indispensables à mon moral, ma survie. Les seuls amies que je pouvais avoir. De fils en aiguilles j'ai fini par les amadouer puis à les contrôler totalement.

Depuis ce jour les ombres cachées dans le noir me suivent partout, elles restent dans ma tête, enfermées bien au chaud. Certaines se plaignent, elles hurlent, d'autres restent assises sans rien dire se contentant d'attendre que le temps file jusqu'à ce qu'elles soient libres, à ma mort.

Mais je ne peux pas les laisser partir : ce sont mes amies, vous comprenez ?

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Alors, perturbant ? :p