Chapitre 22

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Le batteur et moi marchons longuement. J'en profite et tente de lui tirer les vers du nez en lui posant un nombre incalculable de questions. Malgré le fait que nous soyons beaucoup séparés depuis quelques temps, je le connais toujours autant. Je le connais mieux que ma propre personne. Je sais donc exactement où frapper pour avoir des réponses à mes questions. Ce mode de fonctionnement a toujours fait ses preuves. En revanche ce n'est pas le cas aujourd'hui. Je suis très surprise de voir que Roger ne me livre même pas une seule info.

Après de longues minutes, nous entrons finalement dans un café. Le bistrot est impeccable. Si neuf que l'on pourrait voir notre reflet dans le bois vernis des tables carrées. Le blond m'entraine dans un coin du café, sur une petite table bancale installée dans l'angle d'un mur.

L'air est pesant malgré l'ambiance chaleureuse du bar. Je sens que mon meilleur ami est stressé, comme si son "secret" était une erreur, une faute. Son annonce lui brûle les lèvres, je le sens. Mais son air grave ne présage rien de fantastique. Je cherche la fameuse surprise dans tout ça. Je m'attend surtout à une mauvaise nouvelle. Il ne m'adresse pas la parole. Simplement pour me jeter un "Tu prends quoi ?" lorsque le serveur est venu prendre notre commande. Je décide donc de briser la glace.

-" Alors Roger ? C'était ça ta super surprise ? M'amener boire un chocolat chaud ?" dis-je en posant mes mains autour de ma tasse brûlante.

-" Non ce n'est pas ça c'est... Merde." dit-il en marmonnant.

-" Tu es sûr que tout va bien ? Tu commences sérieusement à me faire flipper Rog'."

-" Euh oui oui, comment ça "flipper"?"

-" Et bien je ne sais pas, mais tu te comportes bizarrement depuis qu'on a quitté la boutique. Alors oui tu es bizarre de nature mais là plus que d'habitude." Ma remarque me fait gagner un peu de terrain, je remarque un sourire qui se forme sur les lèvres du blond.

-" Disons que je ne sais pas trop comment tu pourrais réagir."

-" Réagir ? Alors ne tourne pas autour du pot."

-" Alors je me lance si c'est que mademoiselle désire..." rétorque t-il avant de se racler la gorge.

-" Comme tu sais, Queen a programmé une tournée en Europe et dans deux semaines on part en France."

-" Je sais, je ne vous verrai plus et je serai malheureuse. Mais encore ?"

-" Et bien il est possible qu'une négociation est été faite pour avoir une chambre supplémentaire dans notre hôtel. Quand je parle d'une chambre supplémentaire elle n'est pas pour nous, bien évidemment. Nous avions tous pensé que tu pourrais venir avec Mary..."

-" Venir à... à Paris..? Dis-je d'une voix à peine audible. Je sens mon coeur qui se serre dans ma poitrine, mon souffle se coupe, j'ai l'impression de suffoquer.

- " Écoute Daya, je sais à quel point ta vie a été dure là-bas. Mais je sais aussi à quel point tu aimes Paris. Tu l'as en toi, elle coule dans tes veines. Alors peut-être qu'il est juste temps de te créer de nouveaux souvenirs.. Des bons ce coup-ci, avec nous. Qui plus est, Mary adorerait aller à Paris !" termine t-il avec un sourire en coin de bouche.

Mon coeur continue de battre de plus en plus fort et ma gorge se serre toujours autant. Je tente de retenir les larmes qui menacent de sauter mais il m'est compliqué de garder mon calme dans cette situation... Je ne sais plus trop où donner de la tête pour être honnête.

-" Alors belle Diana, c'est un oui ?"

-" Je... Je crois... Oui..." dis-je en hochant timidement la tête.

*****

Finalement, j'ai fini par attendre ce weekend à Paris avec impatience. Cette escapade m'effraie autant que ce qu'elle m'excite. Malgré les mauvaises expériences que j'ai pu rencontrer, je suis toujours inconditionnellement amoureuse de cette ville; Roger avait raison. L'idée de pouvoir sortir boire un café à huit heures du matin à Montmartre en dégustant un croissant chaud pourrais, je pense, être la seule chose qui me pousserait à repartir habiter dans ce bijou d'histoire.

Mais cette fois-ci tout est différent. La raison pour laquelle je ne me sentais pas bien à Paris à disparu. Ma famille est là. Et lorsque je parle de famille je parle bien entendu du groupe et de ma petite Austin. Je sais que leur programme est overbooké suite au succès qu'ils connaissent à présent, mais je suis plus que déterminée à leur voler au moins une demie journée pour leur montrer mes coins parisiens préférés.

Mais perdue dans mes pensées, je ne réalise même pas que nous y sommes déjà. C'est ici que tout recommence. À cet instant précis. Je n'arrête pas de bouger sur mon siège comme une enfant. Bien entendu, je ne manque pas à une énième réflexion de Freddie.

-" Darling arrête de frétiller autant, tu vas en user ton jean !" Un Freddie en toute délicatesse, comme à son habitude.

Une fois l'avion posé sur le tarmac je m'empresse de sortir et de prendre une grande boufée d'air frais. J'avais l'impression que l'air avait un goût différent, très certainement d'épanouissement. Il flottait comme différemment dans mes poumons.

Étonnamment, je me sentais bien, instinctivement. Je craignais de me sentir mal au départ, le temps de m'adapter. J'avais peur que mes mauvais souvenirs me reviennent en plein visage. Mais rien. Au contraire. Je me retourne et vois les garçons suivis de Mary, descendre doucement de l'avion. Je ne peux m'empêcher de foncer vers eux et de les serrer fort dans mes bras.

Je parle d'une voix très douce voire presque inaudible :

-"Merci du fond du coeur..."

Le blondinet prend rapidement le dessus sur l'étreinte collective et finit par me prendre dans ses bras, à lui seul. Il me regarde et m'offre son plus franc sourire. D'un index sous le menton, il relève ma tête afin de plonger ses yeux dans les miens, et me dit d'une douce voix :

-" Tout pour vous rendre heureuse, Mademoiselle Walton..."

Perdus dans notre petit moment à deux, Freddie nous ramène à la réalité en se raclant la gorge de manière exagérée tout en déclarant que nous avons des bagages à récupérer.

Nous avançons pour récupérer nos bagages puis je me permets d'aborder une dame de l'aéroport afin de lui demander où est-ce que l'on pourrait aller pour appeler un taxi. Je lui explique la situation en français. Que je suis avec le groupe Queen et que notre pire cauchemar serait d'engendrer une sorte d'émeute de groupies. Qui plus est ce n'est pas du tout mon truc, je suis angoisée rien que de penser a l'idée d'être encerclée de tous ces gens hystériques. Je connais mes copains depuis bien avant leur succès et même si ils le méritent amplement ça me fait toujours bizarre de penser à cette notoriété internationale.

Très compréhensive, la dame répondant au nom de Nina d'après son badge, m'indique qu'elle va rejoindre une collègue pour lui demander d'appeler un taxi pour nous.

-" Waouh... Ton français est excellent ! Comment as-tu pu apprendre si vite en seulement quelques mois...?" me demande Deaky, stupéfait.

Je réponds par un rire.

-" Tu sais quand tu es confronté a une langue tous les jours, partout où tu vas, tu t'y fais plus vite que ce que tu penses."

-" Je dois admettre que c'est très sexy Darling !"

-" Ah ça c'est sûr..." marmonne le batteur.

-" Tu m'apprendras ?"

-"Oui Fred, Aucun soucis ! Tu pourrais déjà commencer par dire "Voulez vous coucher avec moi ce soir ?" Dis-je avec sourire en coin.

-" Daya chérie, ne me prend pas pour un idiot non plus, j'ai mes bases..."

Le reste du groupe et moi-même explosons de rire. Je pense que ce séjour dans la capitale devrait plutôt bien se dérouler finalement...

SAVE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant