Chapitre 1

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___Mei___



A bout de souffle, je m'arrête un instant, m'appuyant contre un arbre pour soulager ma jambe blessée. La nuit est sombre, la lune s'étant camouflée derrière d'épais nuages. C'est une aubaine pour moi, cela va ralentir la bande de tordu qui me courre après. L'adrénaline du combat retombe et mes blessures commencent à me faire savoir qu'elles sont bien là, et que je ne peux les ignorer encore longtemps.

Je décide de repartir avant que la douleur ne se réveille pour de bon. Ma jambe gauche, qui a été écrasée tout à l'heure, ne peut presque plus me porter, ce qui fait que je me traîne sérieusement.

La douleur se fait plus vive à chaque minute, sans compter la plaie à mon abdomen, qui ne cesse de saigner. Quel merdier j'vous jure !

Pourtant, je persiste à avancer. Hors de question de me laisser prendre.

Après un moment, qui me semble des heures, je regagne la plage que j'ai repéré plus tôt dans la journée. Trois navires y sont amarrés. Le premier est un vieux rafiot abandonné, dont le bois pourri est rongé par les algues. Je ne sais même pas par quel miracle il flotte encore.

Le second est un énorme galion arborant le pavillon noir. J'entends des chants d'hommes ivres et des rires s'en échapper. J'ai croisé cet équipage aujourd'hui même, en ville. Une bande de sagouins puants et alcoolique, voilà ce que j'en ai retenu.

Le troisième est un bâtiment un peu moins gros que le galion, mais de taille tout à fait respectable. Aucun pavillon ne flotte sur ce bateau, ce qui me chagrine. Je sais que la marine envoie, depuis peu, des navires banalisés qui mouillent dans des endroits qui, comme cette crique, servent aux pirates à accoster sur les îles. J'aimerais mieux ne pas tomber sur la marine. Pire encore, ce rafiot pourrait être celui de mes poursuivants.

Alors que je me résigne à supporter des pirates, n'ayant vraiment pas confiance en ce troisième bateau, mon regard se pose sur quelque chose qui mouille, non loin du navire sans pavillon. De là ou je me tiens, impossible de distinguer de quoi il s'agit. Je fais le choix de m'approcher, afin de savoir de quoi il en retourne.

En m'approchant un peu, je constate qu'il s'agit d'un submersible, qui mouille là. La nuit sombre ne me permet pas d'en distinguer grand-chose, surtout qu'une bonne partie du navire est sous l'eau. Aucune lumière ne s'en émane, son équipage doit dormir.

Alors que je m'approche prudemment de quelques pas de plus, j'entends des pas venir et des voix s'élever des bois. Je n'ai aucun doute sur la provenance de ces bruits, il s'agit de mes poursuivants. S'ils sont déjà là, c'est que j'ai vraiment dû être très lente avec ma jambe en moins.

Acculée, je prends la décision qui me semble la plus sûre, ou du moins la moins risquée : m'infiltrer dans le submersible.

J'entre dans l'océan et avance jusqu'à être à hauteur des barreaux de fer, qui forment une échelle jusqu'au pont du navire. Le contact de l'eau froide engourdi un peu ma jambe, ce qui me soulage. Je me hisse comme je le peux jusqu'au pont. Une fois atteint, je m'approche de la porte en fer. Je tourne le mécanisme permettant de l'ouvrir, le plus doucement possible pour limiter le bruit. Je l'entrouvre et me glisse dans l'habitacle sombre. Je referme rapidement et le plus discrètement possible derrière moi.


- Eh, t'as pas l'impression d'avoir entendu la porte ? Fais une voix masculine.


Je sursaute et évalue la distance qui me sépare de cette voix. Quelques dizaines de mètres, tout au plus, ce qui me laisse le temps de réagir. Il fait encore plus sombre qu'au dehors, et mes yeux n'étant pas encore habitué à cette luminosité, je ne distingue pas grand-chose.

Guérir - Law x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant