Chapitre 1

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 La jeune vendeuse me tendit le sac, un large sourire fendant son visage maquillé à outrance ; avec moi, elle venait de faire son chiffre du mois.

— votre petite copine va encore plus vous aimer ! m'encouragea-t-elle avec un regard complice.

— J'espère bien ! répliquai-je en riant pour donner le change.

Je me saisis de mes achats et rentrai directement. J'habitais dans un appartement de belle taille : il comportait deux chambres – la seconde étant souvent utilisée par ma grande sœur – une salle de bain acceptable, une cuisine ouverte sur un grand salon et j'avais même la chance d'avoir un balcon spacieux, donnant directement sur le parc d'en face. Le calme environnant avait été décisif dans le choix de mon habitation, en plus de mon besoin crucial d'inexistence de vis-à-vis.

J'allumai la télévision pour ne pas rester dans un silence pesant puis me dirigeai vers ma chambre. En face du lit, j'avais fait installer un grand miroir montant sur toute la hauteur du mur et qui courrait sur trois bons mètres de large. La seule vraie « folie » dans cet appartement. Je posai délicatement le petit sac sur ma couette, en sortis le papier de soie fermé par un autocollant à l'effigie de la marque puis étalais mes achats tout autour.

Une dizaine de nouvelles culottes en dentelle venaient de rejoindre ma collection déjà bien garnie. Les nouvelles pièces de cette marque me comblaient de joie ; il y avait tant de couleurs différentes. Des plus claires, passe-partout et d'autres plus osées, pour les soirées où j'étais d'humeur. Un sourire ténu s'installa sur mon visage. J'avais hâte de les porter !

Je pris le temps de les installer convenablement, se chevauchant joliment, puis attrapai mon portable. Après quelques clichés tests, je publiais une nouvelle photo sur Instagram, accompagnée d'une légende affichant mon bonheur. J'avais ouvert ce compte il y a environ un an, après avoir passé plusieurs années à regarder des comptes semblables et à envier les commentaires agréables qu'ils recevaient. La communauté des adeptes des panties n'était, en apparence, pas très étendue et pourtant, à bien y regarder, nous étions nombreux. Je ne comptabilisais pas énormément de followers, mais assez pour que je reçoive quotidiennement des mots qui me boostaient. À peine la photo publiée, quelques likes arrivèrent, suivi de commentaires qui flattèrent mon égo, appauvri ces derniers jours.

Ensuite, je pris le temps de plier les dessous et de les ranger avec soin, triés par couleur et par marque. J'admirai durant de longues minutes mes étagères remplies puis repartais dans mon salon. Je passais la soirée à parler avec quelques personnes qui suivaient mon compte depuis un moment en regardant parfois la télé d'un œil distrait et finis par me coucher assez tôt.

Le lendemain je me rendis au travail de bonne humeur. Je portais l'une des culottes que j'avais acheté la veille, bien cachée sous mon pantalon de toile noir. Dans mon entreprise, le costume était de rigueur. Nous avions souvent des rendez-vous imprévus avec des clients, nous devions donc toujours être sur notre trente-et-un afin de les recevoir convenablement. J'avais toujours essayé de paraître « convenable et bien élevé » partout où j'allais et mon lieu de travail était l'endroit parfait pour ça. Pourtant, aujourd'hui, j'étais en retard. Quand mon réveil avait sonné, j'avais pris grand soin à choisir mes sous-vêtements. Je m'étais tardivement décidé pour le modèle hipster blanc ; la dentelle courant autour de mes hanches puis s'échancrait, laissant mon bas-ventre libre et à l'arrière, un mince bout de tissu venait se loger entre mes fesses. J'avais passé un peu trop de temps à me regarder porter cette nouveauté, à palper le tissu tendu autour de mon sexe et je m'étais donc mis en retard.

J'accélérai donc le rythme pour ne pas accentuer ma faute. Je ne pouvais pas me permettre d'arriver trop tard. Il y a un peu plus d'un an maintenant, à force de travail acharné depuis que j'avais quitté les bancs de l'école, j'avais été promu chef d'une équipe de trois personnes. Anna, une jeune femme énergique aux cheveux flamboyants et aux yeux noirs, ainsi que Luc ; un jeune prodige à la peau aussi foncée que ses yeux et ses dreadlocks où se perdaient quelques perles fluo, avaient immédiatement rejoint mon équipe. Tous les trois, nous nous étions toujours bien entendus. Nous travaillions conjointement dans une bonne humeur et un respect mutuel. Beryl, le dernier arrivé avait été embauché il y a environ six mois. Il avait rejoint notre groupe assez rapidement. Il s'entendait à merveille avec Anna et Luc. Avec moi, beaucoup moins. L'un des nombreux exemples était le fait qu'il appelait les autres par leur prénom, mais que moi, il m'appelait « Boss »

Je détestais qu'on m'appelle comme ça. Dans mon esprit, ce mot avait toujours eu une connotation bizarre. Tous les quatre, nous avions à peu près le même âge. J'aurais aimé qu'on puisse tous s'entendre comme une équipe, sans forcément faire mention de mon statut de chef pratiquement à chaque phrase.

En poussant la porte de mon étage, j'accélérai la cadence.

— Bonjour Ethan ! me lança Anna d'un ton joyeux. J'ai fini les dossiers des clients que tu m'avais demandés hier ! Luc et Beryl sont en déplacement pour rencontrer un nouveau client.

J'attrapai la liasse et la remerciais, continuant de me diriger vers mon bureau. En tant que « chef » j'avais eu droit à mon propre espace de travail avec murs vitrés et porte décorée de mon nom, loin de mon équipe dont les leurs étaient collés. Ce côté-là me déplaisait un peu. Je n'étais des plus sociables, mais j'aimais passer du temps avec eux et me retrouver cloisonné seul pour travailler était parfois un peu démotivant. Alors que j'ouvrai la porte de mon carré solitaire, Anna me héla de loin.

— Au fait ! Un colis a été livré pour toi ! Je l'ai mis sur ton bureau !

Je hochai la tête, les yeux déjà fixés sur les documents. Encore un client qui voulait un rabais. Ne faisant pas vraiment attention au désordre qui envahissait continuellement mon bureau, je poussai mon pot à crayons et apposai les feuilles sur une place libre. Je lus intensément durant plusieurs minutes, annotant la charte du client afin de trouver un moyen de réduire ses dépenses. J'appelai ensuite Anna afin de lui rendre mes propositions dans l'optique qu'elle les transmette et quand elle referma la porte, mes yeux tombèrent sur le colis.

D'une forme rectangulaire, je le soupesai. Il était léger, très léger. Intrigué, j'attrapais mon coupe-papier et découpai doucement le gros scotch marron qui le scellait, précautionneux. Mes yeux tombèrent sur une petite enveloppe blanche où mon nom était mentionné. Troublé, je l'ouvris et lus.

« Bonjour Ethan. Voudrais-tu bien la porter pour moi et m'envoyer une photo ? J'ai essayé de tenir compte de tes goûts et des miens en la choisissant. »

Un numéro de téléphone suivait le message. Les sourcils foncés, je posais la lettre à côté de moi et plongeais la main dans la boîte. Je fus piqué par quelque chose et relevai le bras, retenant un cri de surprise. Fixant mon doigt, je vis une micro goutte de sang se former sur l'extrémité. Je le portais à ma bouche et suçai le liquide, poussant le papier de soie de l'autre main. Une rose rouge était délicatement posée sur une petite bourse en velours d'un rouge profond. J'ôtais la fleur, la déplaçant sur ma pile de « dossiers en cours » puis ouvris la sacoche. Mes yeux s'exorbitèrent quand je découvris un tanga en dentelle et simili, mêlant des teintes rouges et noires. Je refermai le sac à la hâte et jetai des regards affolés autour de moi, dans les bureaux adjacents.

C'était quoi ça ?


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Merci aux Tpeureuses :

Art3mis, Arthur Glpstkf, Shoto, Valentine j.

Panties for all [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant