Chapitre 2

2K 126 12
                                    

 Les battements de mon cœur tentèrent de battre un record. Ou alors ce n'était que l'instant chaotique avant qu'il n'explose ? J'attrapai la fleur, la lettre puis le sachet de tissu pour les fourrer d'un geste rapide dans le carton afin de lancer l'ensemble au fond de la pièce en jurant dans ma barbe.

Il était plus que clair que j'avais un problème. Un gros problème. Quelqu'un connaissait mon secret. Quelqu'un qui savait où je travaillais et ce que je faisais de ma vie en dehors du boulot. Est-ce que je devais avoir peur ? Est-ce que c'était un stalker mal intentionné ? Un fétichiste malsain ? Et puis cette rose, franchement... un peu cliché, non ? Enfin, cliché... disons plutôt flippant. Un cliché flippant. À cet instant, m'engluant dans un début de crise de panique, je remis à peu près la totalité de ma vie en question. Devais-je déménager ? Changer de nom ? Fermer mon compte Instagram ? Est-ce qu'un follower aurait pu me reconnaître ?

Une nouvelle fois, je sondai les humains aux alentours. Personne n'avait la tête d'un gars dangereux ou fou. Ça ne m'avançait à rien. Les coudes posés sur la surface en bois foncé, je mordis consciencieusement mes ongles, les rongeant pour faire baisser mon stress. Ce n'était quand même pas rien. Est-ce que je pouvais avoir des problèmes ici, si mes collègues découvraient le pot aux roses ? Cette simple pensée m'ennuya. Cette rose... une convention sociale romantico-débile.

Au repas du midi, je m'installai à la cafétéria avec mon équipe. À l'affût d'un quelconque comportement suspect de la part de qui que ce soit, je passais presque l'entièreté du repas à tenter de décrypter les pensées des gens qui vaquaient à leurs occupations autour de nous.

— Est-ce qu'il est pas énorme le contrat qu'on t'a rapporté, Ethan ?

Perdu dans mes pensées, je n'entendis pas Luc me parler.

— Ethan ?

Je relevai la tête subitement, comprenant enfin qu'on s'adressait à moi.

— Oui ?

— Je disais, répéta-t-il avec un sourire. On t'a rapporté un contrat énorme, hein ? Anna me croit pas.

Je fixai Luc d'un air absent, pas totalement en dehors la conversation, mais pas vraiment dedans non plus.

— Ouais, peut-être, je sais pas. J'ai pas commencé à lire votre rapport.

— Eh ben, Boss, t'as l'air complètement en dehors de tes pompes. C'est pas souvent, se moqua Beryl.

Je levai un regard blasé vers lui.

— Tu voudrais pas m'appeler par mon prénom ?

— Aucune chance, répondit-il avec un petit sourire. C'est bien plus sympa comme ça.

Je me replongeai dans mon assiette, tandis qu'Anna exprimait d'une façon assez explicite sa réticence à les croire. Ils passèrent la fin du repas à se chamailler gentiment, me laissant de côté, pour mon plus grand bonheur.

À la fin de la pause, je me dirigeai d'un pas pressé vers l'espace fumeur de l'entreprise. Une large terrasse à ciel ouvert où six bancs se disputaient l'espace autours de divers plans paysagés. Je pris possession de l'un d'eux, sortis une cigarette puis l'allumai. La première bouffée me détendit instantanément. Je profitai du silence environnant, des bruits de la circulation au loin. J'avais besoin de quelques jours de vacances. Mon sentiment de sérénité ne dura pourtant pas. La porte s'ouvrit sur Beryl qui vint directement vers moi, d'un pas un peu trop déterminé à mon goût.

— Boss, t'as pas du feu à me prêter ? D'ailleurs, tu devais pas arrêter ?

Pourquoi ? Pourquoi devait-il toujours être désagréable et poser le doigt juste là où il ne fallait pas ? Est-ce que c'était un don ou une malédiction ? Je lui tendis le briquet sans y mettre de sentiment amical.

Panties for all [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant