VII - La nuit des amants

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Aucun mot n'était assez précis pour décrire les sensations que Thomas lui fit ressentir, cette nuit-là. 

Avec la rudesse qui le caractérisait si bien, il lui avait fait l'amour dans cette chambre sombre et surchauffée. Hannah se pensait réservée et timide. Mais au contact de cet homme, elle n'était plus rien de tout cela. Au contraire, elle l'avait surpris par son audace, maladroite et innocente, mais son audace quand même. Sans peur, elle l'embrassait sur ses lèvres pleines et entrouvertes ; elle le plaquait contre les draps humides, la main sur son torse blessé, la peau encore tâchée de sang. 

Rien ne semblait pouvoir arrêter la force de son désir. Elle le voulait tout entier, sans concessions, de manière absolue. 

Le corps moite et tremblant, il la prenait avec une passion dévorante. Ses cris étouffés ne cessaient que lorsqu'ils se décidaient silencieusement à reprendre leurs souffles, comme deux lions en cage que l'on libère quelques secondes à l'air libre, se mesurant l'un à l'autre, les yeux débordants d'un appétit impatient.

*

L'odeur de la cigarette. Hannah fut réveillée par l'odeur caractéristique de la cigarette. Puis, elle le vit, dos à elle, scrutant l'extérieur de sa propriété par la fenêtre. 

- Quelle heure est-il ? demanda-t-elle, un peu indécise sur l'attitude à adopter après tout ce qu'il s'était passé entre eux.

- Il est cinq heures, ma belle. 

- Je... Excusez-moi.

- Tu continues à me tutoyer après tout ce que tu m'as fait ? dit Thomas avec un petit sourire. 

- Oui, c'est vrai que c'est un peu étrange de continuer à vous vouvoyer. 

- Et de quoi t'excuses-tu ? D'avoir violé mon intimité ? continua-t-il en appuyant sur ce terme avec un ton de plus en plus amusé. 

- Oh, Thomas, je... je me suis laissée emporter, dit-elle en repensant à cette soirée où elle avait laissé le désir prendre le pas sur le reste. 

Une ombre passa sur le visage de Thomas. Il se tourna face à elle, son torse nu éclairé par les premières lueurs de l'aube. Elle pouvait y déceler de fines cicatrices serpentant tout le long de son corps à demi-nu, n'ôtant rien à sa beauté. La fumée de sa cigarette envahissait progressivement la pièce, mais elle pouvait toujours voir son regard bleu percer à travers la brume. 

- Regrettes-tu ce que nous avons fait cette nuit ? 

Le souffle court, Hannah serra les draps blancs contre sa poitrine. Elle se leva ensuite avec lenteur, prenant soin de ne pas faire encore davantage de bruit qu'ils en avaient fait lors de leurs ébats. Ses pieds foulèrent le parquet et en quelques pas, elle fut près de lui. 

- Non, Thomas, je ne regrette absolument rien, murmura-t-elle en déposant ses doigts sur les lèvres de son amant. Je suis même prête à m'offrir de nouveau à toi, si tu le désires, quand tu le voudras. 

Elle remarqua qu'à ces mots, un léger frisson était passé sur l'échine de l'ancien soldat.

- Hannah... sais-tu dans quoi tu t'engages, en couchant avec un homme comme moi ? 

- Je n'ai que faire de ce que les gens diront de moi ! s'écria-t-elle. Thomas, tu ne comprends pas. Tu es le premier homme à qui j'accorde la moindre attention. 

- Tu n'as pas les épaules pour assumer les conséquences d'une telle relation.

Dans son for intérieur, Hannah savait bien qu'il avait raison. Mais elle n'en avait que faire. Seul comptait l'immense orage qui agitait son cœur lorsqu'il la regardait, le tumulte qui agitait ses entrailles lorsqu'ils se trouvaient dans la même pièce. 

Elle fit alors tomber le drap qui la couvrait, et enserra la taille de son amant de sa peau nue. 

- Je suis prête à tout affronter, si c'est à vos côtés, Monsieur Shelby. 

Black Stallion || PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant