IX - Ombres chinoises

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"Eh bien, je me disais que tu pourrais porter cette robe pour le gala, en ma compagnie."

Les mots résonnaient dans la tête d'Hannah. Comment Tommy pouvait-il seulement envisager une telle chose ? Elle, Hannah Sullivan, accompagner Thomas Shelby au gala de charité des Peaky Blinders ? C'était tout bonnement insensé. N'avait-elle pas tout fait, jusqu'ici, pour respecter les vœux de son père : se faire discrète ? 

Depuis qu'ils avaient entamé cette "relation" (Hannah ne parvenait pas à se dire que c'en était vraiment une), les deux amants avaient tout fait pour éviter que leur secret ne soit découvert. Il n'était pas difficile de passer inaperçu pour Hannah : en tant que caste inférieure, c'était même une question de survie. Être invisible faisait partie de son quotidien. Laisser briller les puissants allait de soi... 

*

Mais pour Thomas, c'était une tout autre affaire. 

Pour lui, il était extrêmement compliqué de se contrôler en sa présence. Dès qu'il voyait Hannah, il devait rassembler tout son sang-froid pour ne pas faire éclater au grand jour son attirance, et surtout son désir. Car il la désirait plus que tout, au-delà des mots, au-delà de tout ce qu'il avait déjà connu. Mais pour éviter de révéler leur liaison, il se forçait à garder des distances. Chaque regard pouvait les trahir. Alors, bien que cela fasse de la peine à Hannah, il restait froid, distant, et surtout, absent. Cela la déchirait de l'intérieur. Il voyait à quel point elle s'était sentie seule et délaissée, ces derniers temps. Et combien elle ne comprenait tout simplement pas son comportement. 

Et c'était bien cela, le problème. Elle ne pouvait pas comprendre.

- Vas-tu quand même me faire l'obligeance de l'essayer ? demanda-t-il en tentant de se maîtriser.

Ses poings s'étaient crispés contre ses cuisses et il luttait pour ne pas éclater. Le fait qu'Hannah réagisse ainsi le désarçonnait, et même si ce n'était pas son intention, une colère sourde menaçait d'exploser. D'habitude, les femmes s'extasiaient à la vue de ce type de présents. Les robes, les bijoux, les soirées mondaines... Tout cela leur en mettaient plein la vue, en général. Décidément, cette domestique ne faisait vraiment rien comme tout le monde...

La jeune femme pose de nouveau ses beaux yeux noirs sur la robe, qui semblait luire sous la lumière bleutée de la nuit. 

- Oui, bien sûr, murmura-t-elle après une courte  hésitation.

Ses nerfs se calmèrent quelque peu à ces mots, et Thomas sentit les paumes de ses mains se détendre. Il observa Hannah se diriger vers la minuscule partie de son petit studio où un paravent lui permettait de se réfugier pour se changer en toute intimité. Ses cheveux souples attachés en chignon se voyaient au dessus du paravent, tout comme sa nuque gracile et fine. Le bruit feutré de ses vêtements qui foulaient le sol, le jeu d'ombres qui se diffusait sur les murs de la pièce, rendirent soudain l'imagination de Thomas bien trop fertile.

L'ombre de ses courbes voluptueuses, devant ses yeux. Son parfum, partout dans la pièce.
Au bout de quelques minutes, il n'y tint plus. Il se leva brusquement, atteignit en deux enjambées le paravent, et le repoussa avec  force. Hannah poussa un petit cri de surprise. 

Thomas se plaqua contre son dos et posa fermement ses grandes mains calleuses sur ses hanches. La robe qu'il lui avait achetée n'était pas encore très bien ajustée, mais il vit d'un coup d'oeil qu'elle lui allait à merveille. Sa tête enfouie dans son cou, il respira l'odeur de sa peau fébrilement. 

- Hannah. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me tue de me retenir de te toucher depuis des semaines.

- Thomas, attends, tu... nous devrions peut-être...

- Tais-toi. Je te veux. 

Ses mains remontèrent sur sa poitrine et empoignèrent ses seins, dont la simple vue le rendait fou. Le tissu de la robe était fin, si fin, qu'il ne masquait rien de l'excitation qui commençait à poindre du côté d'Hannah. Ses tétons étaient durs, et elle gémit lorsqu'il les pressa contre ses doigts. Il déposa une pluie de baisers le long de son cou, chacun ponctué par un soupir. Ces derniers confirmèrent qu'elle le désirait, elle aussi. Il pouvait presque sentir son cœur battre à tout rompre contre ses lèvres. 

Avec empressement, elle tourna légèrement la tête et l'embrassa avec passion. Sa langue aventureuse chercha la sienne. Thomas grogna en sentant son érection pressée contre ses fesses. Il allait abaisser sa culotte lorsqu'Hannah posa ses doigts sur son membre dur comme de la pierre. 

- Petite téméraire... 

Un sourire s'épanouit sur le visage de sa domestique. Elle ne perdait rien pour attendre...  

Hannah entreprit de le caresser, tout en douceur au début, puis en accélérant ses mouvements. Toujours derrière elle, Thomas essayait de contrôler son désir dévorant. Ne pas céder, ne pas la pénétrer sur le champ, sans autre forme de procès. Car en plus de le torturer ainsi par ses caresses, elle maintenait un va-et-vient absolument infernal avec tout le bas de son corps. Le bas de ses reins se mouvait d'avant en arrière, de droite à gauche, inlassablement, contre son membre. 

Après un autre baiser brûlant, il entreprit de lui retirer la dentelle qui recouvrait encore son intimité. Elle était trempée. Il sourit et accrocha son regard qui brillait d'envie, apposa une main sur sa gorge pour la maintenir à la hauteur de ses yeux, et l'autre sur son entrejambe. Elle ferma les paupières et se concentra sur le plaisir qu'il commença à lui donner. Ses doigts la caressaient avec une douceur infinie, allant et venant par moments en elle, et Thomas dû remonter sa paume sur sa bouche pantelante pour étouffer ses gémissements.

Au bout de quelques instants suspendus, il dit : 

- Hannah. Je vais te prendre. 

 Sa voix rocailleuse et éraillée par le plaisir la fit trembler, et elle acquiesça de la tête. 


Black Stallion || PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant