Revêche - Tome I - Les fiancées

Chapitre deux [ Corrigé]

Ils chevauchaient dans la nuit, l'homme et le garçon, allant toujours plus vite et poussant à fond le cheval, ce dernier mourrait surement le lendemain. Voilà un bon moment qu'ils parcouraient routes et champs en prenant soin d'éviter les chemins surveillés par les gardes, mais le Roi n'était pas un fin stratège et ce fut assez facile. L'enfant dictait le chemin au grand. Ils finirent par entrer dans la forêt avec une grande aisance. Le Roi, considérait la « plèbe » (dans laquelle il rangeait tout le monde) trop stupide pour éviter le peu de gardes postés sur les routes. Ils les considéraient tous comme des illettrés, des incompétents et des vauriens de moindre classe, ce qui était sa plus grande faiblesse : sous-estimer son peuple.

Une fois dans la forêt ils furent forcés de ralentir à cause des broussailles et des arbres, d'autant qu'ils n'empruntaient aucun chemin. Seulement celui que traçait mentalement le garçon. La forêt était trop dense, ils durent continuer à pied et tirer le cheval. Finalement, ils remontèrent le chemin dégagé. En moins de quelques minutes ils purent apercevoir au loin la faible lumière des torches. Une fois au pied de la montagne, près de la porte dissimulée, Dame Morgane aida Randall, l'enfant, à descendre de cheval. Sir Dougall et Sir Aniball de Vencouvert remercièrent le cavalier.

Huit ans, l'âge de Randall.

— Ils faut que vous rejoigniez le donjon le plus vite possible. Randall doit rester avec Dame Morgane. Êtes-vous sûr que vous n'aurez pas besoin de mon aide ? Les sous-sols ne seront pas certains, surtout avec ce qui ce qui se prépare.

Morgane semblait d'accord avec à cette solution, mais les deux frères, Dougall et Aniball étaient plus réticents et finirent par refuser. La jeune femme doutait d'elle-même, la plupart du temps elle était plus confiante, mais ce qui se préparait, elle ne l'avait jamais expérimenté. Et Randall de même. Au moins, la solitude ne serait pas de mise ce soir là. Bien au contraire. Le cavalier dans la nuit, rabattit son capuchon en même temps que Dame Morgane rabattait le sien et repartit à travers la forêt. Morgane le regarda, les yeux pleins d'inquiétude et lui fit un discret signe de la main que seul lui put distinguer.

Dougall tira sur le rideau de lierre et de mousse qui masquait l'entrée secrète, et déplaça les bouts de bois devant. Finalement, lui et sont frère, ouvrirent la porte. Ils avaient beau être tous deux de grands hommes forts à la musculature développée, cette porte était plus dure à ouvrir qu'ils ne l'auraient cru. Une fois dans le passage, ils se séparèrent dans différentes directions. Dame Morgane prit le chemin des sous-sols, et les frères, celui du donjon. Ils croisèrent plusieurs gardes en cours de route, mais personne ne voyait Dame Morgane, la bâtarde du Roi, et le petit Randall de huit ans comme une menace. Que pourraient faire de bien grave, une illettrée, stupide et simple d'esprit, et un gamin à moitié muet ? Eh bien pour commencer Dame Morgane était probablement l'un des humains les plus intelligents de ce château et elle savait parfaitement lire et écrire. Ensuite, le gamin de huit ans, était très doué en cartographie et fournir des plans détaillés du château à des assassins fut une tache très facile à réaliser La femme encapuchonnée était à l'origine du plan, bien qu'horrible, son heure de gloire allait enfin sonnée. Quant aux frères, ils étaient tout deux de très efficaces meurtriers et de très bons chefs de guerre. « Prends garde à eux », disaient souvent les femmes à leurs jeunes garçons qui venaient de faire leur entrée à la cour.

Pourtant, ce n'était pas eux la menace principale, mais bien Dame Morgane. Dame Morgane et le cavalier dans la nuit. Mais personne ne le savait, c'était un secret.

Ils arrivèrent dans un nouveau couloir, cette fois hors du passage secret. Morgane jeta des regards inquiets à droite à gauche avant de s'y engouffrer. Elle descendit la pente en tenant fermement la main de Randall et ensemble ils atteignirent une petite pièce, dont les murs étaient tapissés de portes.