Chapitre trois [Corrigé]

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Il était temps qu'elle sorte d'ici. Elle avait eu ses réponses et désormais elle devait retourner auprès de son frère. Elle enfila une tenue proche du corps et noire qui lui permettait d'être libre de ses mouvements. A certains endroits, ses lamelles de cuir servaient de renforcement. C'était une veille tenue qu'elle avait cachée à l'époque où elle avait dû se rendre au château, lors de la visite d'un noble dont elle avait oublié le nom. La jeune fille mit ses bottes qu'elle lassa à la va vite, également un morceau de tissu pour cacher son visage et une cape dont elle ne rabattit pas tout de suite le capuchon. Car elle savait qu'elle aurait besoin de sa vue pour faire l'ânerie qu'elle s'apprêtait à commettre.

Férenir avait volé il y a peu une flamberge et son fourreau, à l'armurerie, au cas où elle aurait besoin de se défendre. Le propriétaire n'était pas venu la réclamer et Férenir n'avait pas l'attention de la lui rendre. La jeune fille poussa un profond soupir. Elle n'avait que seize ans, avait toujours vécu dehors et on venait de lui dire qu'elle allait devoir se marier à un inconnu qui avait le cul sur le trône depuis l'âge de ses six jours. A ses yeux ce n'était pas logique.

Elle secoua la tête et ouvrit la petite fenêtre de sa chambre. Le château de Lerm avait vécu la guerre et quatre décennies en arrière c'était a la nation du Sud, qu'il appartenait. L'Ouest l'avait récupéré pendant la dernière guerre qui avait opposé les quatre royaumes. La façade de son aile était bien cabossée, il ne serait pas bien compliqué de désescalader la paroi. Ça avait fait partie de son entrainement, bien qu'il ne durait que depuis quatre ans. Dans le métier, escalader des murs arrivait souvent. Elle observa la paroi cabossée et soupira.

La jeune fille chercha avec son pied une bonne prise, petite, mais solide. Férenir connaissait son point faible, elle ne faisait pas confiance aux prises, alors elle avait tendance à glisser. Cette fois, elle n'avait pas le droit à l'erreur, sinon elle tombait plusieurs mètres plus bas et, elle n'était pas une professionnelle du sujet, mais se dit qu'elle exploserait peut-être. La jeune fille prit une profonde inspiration et commença sa périlleuse descente. Elle fut légèrement gênée par son arme.

Férenir ne prenait pas le temps de vérifier les prises avant, elle était trop pressée. Cette baisse de vigilance lui couta : alors qu'elle tentait de continuer sa descente, sa vision se brouilla et elle se retrouva les deux pieds au-dessus du vide, elle parvint néanmoins à se rattraper avec fluidité. Mais elle ne tira pas leçon de son échec et voilà ce qui arriva : Férenir continua sa descente, mais une prise se détacha sous son pied, une autre sous sa main, elle bascula en arrière, vit le pan du mur ou elle se tenait il y a quelques secondes s'éloigner de plus en plus d'elle. Son cerveau ne comprit pas sur le champ, il ralentit, cessa presque de fonctionner. Pendant ce temps elle continuait de tomber, sa vision se fit plus sombre, elle voyait ses bras et ses jambes au-dessus d'elle, puis elle sentit le choc du contact avec le sol.

Férenir hurla de douleur, mais elle n'était pas tombée de très haut et elle put se relever lentement. La jeune fille inspecta son corps sur le champ. Elle passa ses mains le long de son torse et son ventre, elle avait au moins deux côtes cassées, elle tenta de bouger, mais un violent pic de douleur l'envahit. Férenir balança la tête en arrière et souffla un bon coup. Elle devait avancer, rejoindre la ville et retrouver Eamon.

La jeune fille parvenue à atteindre la forêt, son premier réflexe fut de tendre l'oreille afin de s'assurer qu'elle était bien seule. Elle n'entendit que les bruissements des branches, le chant des oiseaux et ne sentit que l'odeur du bois avant la rosée matinale. Elle soupira et reprit sa marche. A vrai dire, faire le chemin du château de Lerm jusqu'à la ville n'était pas une bonne idée à moins d'être un très bon randonneur. Elle s'en sortirait, malgré la douleur. Férenir était quelqu'un de fort physiquement. Cela ne faisait que quatre ans qu'elle s'entrainait, mais Eamon était un bon professeur et elle apprenait vite. Elle était loin du niveau de son frère, très loin même de l'égaler, mais elle le dépasserait un jour et elle deviendrait assassin, comme elle l'avait toujours voulu.

Revêche -  Tome I - Les fiancéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant