Ils traversèrent les rues dallées, passèrent devant des boutiques aux vitrines miteuses, des maisons de pierre dont chaque fenêtre était ornée de sculpture et dont chaque toit était forcément gardé par des gargouilles. Certains racontaient que les gargouilles éloignaient les mauvais rêves, d'autres que c'étaient les voleurs passant par les cheminées, et encore d'autres pensaient que c'était pour éloigner l'orage. Férenir n'y croyait pas, un peu avant si, mais elle avait grandi.
Ils arrivèrent dans le quartier des Hysoles, où les maisons étaient de plus en plus souvent en colombage. Certaines changeaient de couleur, aux fenêtres pendouillaient les feuilles des fleurs dans leurs pots et malgré la pluie, les gens continuaient de circuler, d'un pas pressé, certains couraient. Férenir commença à trainer derrière Ewen. Elle commençait surtout à bien sentir la douleur. L'adrénaline ne perdurait pas toujours.
Ewen était un garçon grand et mince, bien taillé, il avait toujours aimé nager dans les eaux du lac à l'entrée de la forêt. Il avait des cheveux châtains et constamment en bataille avec de petits yeux noirs.
Il y avait un bâtiment en question qui attirait un peu plus l'attention que les autres. Il possédait un étage en plus, mais était également plus large. La porte était ronde au-dessus, large et pratiquement toujours ouverte. Une tonne de monde sortaient et entraient. Parfois de leur plein gré, parfois projetés dehors sous les ordres de la patronne : Michel. Femme, mais son prénom avait l'orthographe de celui d'un homme. Ses parents n'étaient que de simples campagnards qui ne connaissaient pas l'orthographe et encore moins la notion de féminin masculin dans un prénom. Au-dessus de la porte, une pancarte s'agitait au rythme du vent : La Taverne. Sur un morceau de bois contre le mur : Auberge, bar et restaurant, voir les horaires. Ewen la fit entrer à l'intérieur de force. Car il savait que si elle entrait là-dedans, elle n'en ressortirait pas une fois Eamon arrivé. Il allait la tuer. Cela faisait des années qu'il faisait en sorte d'éloigner les autres nations de ses affaires car il savait que Rakmor comptait sur sa discrétion pour réaliser certains crimes et Férenir venait directement de mêler le Prince Halvard.
La pièce principale était éclairée à la chandelle, des tonnes de chandelles accrochées aux murs et au plafond sur des chandeliers. Ewen la força à s'assoir sur une table bien au fond. La Taverne, du moins le premier étage comportait deux grandes pièces, celle pour les clients, qui comportait de grandes vitres encadrées par des rideaux jaunes. La hauteur sous plafond n'était pas grande, mais le mur du fond, avant la poutre, était recouvert de tableaux de différentes formes. Les tables étaient toutes rondes de ce côté, si on s'éloignait des vitres, elles étaient rectangulaires et ce n'étaient plus des chaises, mais des banquettes parfois défoncées. Le bar près de l'entrée était large, pouvait accueillir une dizaine de clients et derrière, autour d'une minuscule cheminée dans laquelle brulait un feu anormalement jaune grâce à des plantes, un large meuble permettait d'entreposer plusieurs bouteilles d'alcool en position allongée.
Férenir sentit son ventre gargouillé à l'odeur venant des fourneaux. Elle s'y rendait rarement. C'était une grande pièce séparée en trois par deux plateformes qui servait de garde-manger essentiellement, puis sur la partie basse ou pendait à des crochets des saucissons et des morceaux de bœufs et d'agneaux. Il y avait aussi plusieurs tables servant à la préparation des plats pour le midi et plusieurs rangements et sur la troisième plateforme, de la même hauteur que la première, se trouvait une grande cheminée ronde où autour reposaient fioles et herbe sèches. Parfois, un chat ronronnait ici, ou le chien de Férenir : Jort.
— Tu sais, je n'ai plus six ans ! Je ne suis pas en train de faire un caprice et de j'aurais même suivi de bon cœur. Tu n'étais pas obligé de me trainer dans la boue, dit Férenir
— Y'a pas d'boue dehors, que d'la pierre alors tais-toi, répondit Ewen.
Elle l'imita en train de parler et lui adressa un sourire mesquin ensuite. Lui se contenta de lever les yeux au ciel.
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Revêche - Tome I - Les fiancées
FantasyUn Roi guerrier qui pleure ses victimes et une Princesse qui tue dès qu'elle en a l'occasion sans jamais ressentir de remords. Après plusieurs décennies de guerre mutuelle, et plusieurs traités de paix, Férenir est envoyé de force par son frère dans...