Chapitre six [Corrigé]

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Morgane aida Randall à se défaire de ses lourds vêtements , elle lui fit enfiler une chemise de nuit et le mit au lit. Randall pleura. La jeune femme caressa les cheveux de l'enfant en chantonnant une chanson puis remonta un peu plus les couvertures et en rajouta une nouvelle de peur qu'il ait trop froid. Elle le borda comme il faut, mais lorsqu'elle s'apprêta à sortir Randall l'interpella. Il se sentait mal, très mal, il en avait gros sur le cœur depuis trop longtemps et se sentait du mauvais côté des évènements. Comme si quelque chose se tramait dans son dos sans qu'il ne s'en rendit compte.

— C'était méchant ce que l'on a fait. On n'aurait pas dû le tuer.

Morgane sourit au jeune garçon et retourna s'assoir à ses côtés, elle sembla songeuse un moment, il comprit qu'elle cherchait les bons mots pour le lui expliquer simplement.

— Il nous aurait encore fait du mal si nous ne l'avions pas tué. Nous ne voulions pas qu'il te fasse souffrir, comme il nous en avait fait baver. Comprends-tu ?

Il acquiesça d'un signe de la tête.

Morgane était la petite fille d'un riche marchand et c'était lors d'une visite du Roi au port d'Autumn que ce dernier était tombé sous les charmes de feu sa mère. Feu sa mère, mourut en couches. Pas de Morgane, non, la jeune fille avait déjà deux ans et feu sa mère était censée donner naissance à deux garçons avait prédit l'oracle. Ils avaient tout deux perdu la vie sans laisser de trace. On n'avait en réalité, retrouvé d'eux que des cendres. La communauté scientifique avait identifié des traces de plusieurs poisons dans la nourriture qu'était censée manger la mère. Plus tard, on soupçonna le Roi lui-même d'avoir cru à la prédiction de l'oracle. Ce dernier avait prédit au Roi que sa maitresse était en réalité une sorcière, alors il avait tué la mère de ses enfants.

Morgane grandit en tant que bâtarde et simple d'esprit aux yeux de la société, elle était discrète et même Dougall et Aniball avait été surpris de se rendre compte qu'elle était bien plus intelligente qu'elle n'en avait l'air. Elle s'était protégée tout ce temps, en se faisant passer pour ce qu'elle n'était pas.

— Allez. Il est l'heure de dormir, tu iras mieux demain.

— Ce n'est pas faible de pleurer ?

— Non petit ange. Même Bjorn qui est un Dieu à un jour pleurer.

— Tu me racontera cette histoire ?

— Bien sûr, mais pas ce soir, nous devons tous nous reposer. Je vais m'occuper de tes frères maintenant.

Ça le fit rire que ses frères ne puissent pas se coucher sans avoir vu leur sœur avant, et parfois il arrivait même que l'un fut jaloux qu'elle soit passé voir l'autre avant. Et c'est ce qu'elle fit, elle rendit visite à ses frères, puis Dame Morgane fuit la lumière pour l'obscurité des caves. Elle se glissa derrière plusieurs gardes malgré ses jupons et les froissements de sa cape. Il y avait quelque chose de magique en elle, en sa personne, la rendant plus discrète qu'une araignée. Ça avait été une malédiction dans sont enfance, et un don dans son adolescence, une fois sa malédiction acceptée. La jeune femme fit voleter les pans de sa robe et après un dernier virage tomba face au cavalier dans la nuit. Grand homme, fin et élancé, cheveux mi-long noirs, pour une fois, barbe rasée, un visage aussi affiné et harmonieux qui avait, plusieurs fois séduit bon nombre de femme au yeux noirs. Noirs, comme ceux de Morgane.

— Papa !

Elle se jeta dans ses bras et il l'enlaça fort. Comme si sa fille était son oxygène, et elle l'était peut-être un peu, au sens propre et poétique du terme. Liée par la magie à vrai dire. Si elle souffrait, il le sentait, il ne souffrait pas forcément comme elle, mais sentait au fond de lui que quelque chose n'allait pas.

Revêche -  Tome I - Les fiancéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant