Chapitre 9

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Arrivé dans mon bureau, je sors le papier de ma poche. Je suis là, assis face à ce numéro, à me demander quoi faire. Dois-je l’appeler ? Je ne sais pas quoi faire, une règle dit qu’il faut attendre trois jours avant de recontacter la personne mais est-ce vrai ? Vais-je encore devoir attendre deux jours ? Je tente ma chance tant pis !

Je prends mon téléphone et note le numéro pour envoyer un SMS. Mes doigts tremblent légèrement, un mélange de stresse et d’excitation de lui parler, de la revoir, de l’embrasser à nouveau. Dans ma tête, tout tourne si vite que je pourrais en avoir des vertiges. Je lui propose maladroitement de se revoir ce midi. Message envoyé. Plus de pression à avoir, le message est envoyé, il ne reste plus qu’à attendre une réponse que j’espère positive. Je pose ensuite mon téléphone et me plonge dans mon travail. En tout cas, j’essaie. Il faut vraiment trouver une comptable. Je contacte les candidates retenues une par une afin de faire de l’une d’elle, une comptable. Les heures passent, le téléphone à la main, à contacter les nombreuses candidates moi-même. Je pourrais demander à quelqu’un de le faire à ma place, mais il s’agit de mon entreprise et je veux avoir le plein contrôle sur elle et savoir qui rentre en elle. Les heures passent rapidement et arrive l’heure du midi. Julie à accepter de me revoir, je l’invite à se rejoindre dans mon restaurant habituel. Ce petit restaurant où j’ai cru voir ma précédente secrétaire. J’arrive devant le bâtiment, où la jeune femme m’attend déjà.

-          Allons-y. Dis-je d’un ton neutre.

Je pousse la porte, le carillon sonne, et invite Julie à rentrer et s’installer à une table. Elle s’assoit, je passe par le bar, regarde l’homme derrière celui-ci.

-          On change de d’habitude, deux carbonaras s’il te plaît.

Je pousse la chaise, le bruit des pieds de bois glissant sur le sol est absorbé par le brouhaha ambiant. Je m’installe faisant face à ma jeune invitée. Je la dévisage de haut en bas, elle rougie, prend une grande inspiration,

-          Je suis en couple, je ne peux pas le quitter comme ça, pas pour toi car malgré ce qu’il s’est passé hier, je l’aime.

Elle sait mettre l’ambiance.

-          Si tu l’aimes tant que ça, alors pourquoi ne pas m’avoir repoussé ? Pourquoi m’avoir laissé t’embrasser ? Pourquoi m’avoir laissé ton numéro ?

-          Je ne sais pas, tu étais là, je n’arrive pas à te chasser de ma tête alors que je ne veux pas être avec toi. Je veux être avec mon copain, je veux vivre avec lui. J’ai été faible car pour une fois depuis longtemps, je me suis sentie désirée, écoutée et aimée. Mais malgré tout, je l’aime lui.

-          Écoute-toi un peu ! Ça n’a aucun sens ! Tu es là, à dire que tu ne te sens pas aimée et pourtant tu restes avec lui ! Tu veux vivre triste toute ta vie ? Ça n’a aucun sens !

-          Je ne suis pas triste, je ne peux l’expliquer, je l’aime c’est tout. Malgré tout ce qui se passe dans ma tête, je l’aime.

Je sers mon verre d’eau, rempli d’incompréhension et d’énervement face à ses arguments, un bruit clair se faire entendre. Tous les regards se tournent vers nous.

Ma main me brûle, des tâches pourpres éclatent au contact de la table. Les assiettes arrivent, furieux, triste et rempli d’une rage incommensurable, je pousse ma chaise en arrière et quitte le restaurant sous les regards emplis de jugements et les murmures des clients. Me voilà à nouveau seul avec moi-même, mon cœur est lourd, brisé. Je peine à retenir mes larmes en errant dans la rue. Notre rencontre peut paraître si rapide pour certains, pourquoi souffrir autant alors que je ne l’ai vu que quelques heures en tout ? Je ne saurais le dire, malgré le court temps passé ensemble, j’ai l’impression de la connaître depuis toujours. A chaque fois qu’elle n’est pas là, je pense à elle, je me demande ce qu’elle fait, ce à quoi elle pense. Elle embrouille mon esprit, mes pensées. Je pense que c’est ça le vrai amour, le véritable, celui qui nous tombe dessus sas qu’on demande ou cherche quoique ce soit. Le coup de foudre comme on dit, voilà ce que c’est. Chaque jour qui passe, elle manque un peu plus à ma vie. Chaque jour qui passe, je veux qu’elle soit avec moi, je veux la prendre dans mes bras et lui dire à quel point elle est tout pour moi. Mais le destin en a décidé autrement. Elle a fait son choix, s’est sans doute égarée le temps d’une soirée mais c’est peut-être pour le mieux. Mon mode de vie n’est pas l’idéal pour une vie de famille, la mort, la violence et les journées interminables sont ce qui représente le plus ma vie. Une vie qui peut faire rêver certains en manque d’aventures, mais, malgré mon jeune âge, j’ai déjà eu mon lot d’aventures pour toute une vie. J’ai rependu la mort tant de fois, j’aimerais maintenant créer la vie, penser à moi, essayer d’être heureux pour une fois. Je ne me souviens même pas la dernière fois que j’ai souri, un vrai sourire, plein de chaleur, de joie et de sérénité. J’ai toujours simulé ce sentiment, il est facile de faire croire aux gens que tout va bien. Il faut seulement répondre oui avec un grand sourire, la plupart ne demande que par politesse et se fichent de la réponse, c’est pourquoi cette simple technique suffit à berner le plus grand nombre. Pour une fois, je ne simulais pas, j’étais sincère, le retour du bâton fut douloureux. Je continue de marcher dans les rues bondées de Paris, les yeux rouges, le teint pâle, des cernes sous les yeux. Les gens me bousculent, des mallettes frappent le sol et des feuilles de papier volent au gré du vent. J’entends des bruits de pas se rapprocher de plus en plus de moi, je me retourne et bouscule une jeune femme qui courrait ce qui la fait chuter au sol. Son genou blessé, laissait échapper plusieurs gouttes de sang, tâche le goudron chaud sous le regard de nombreux passants. Je me baisse vers elle, m’excuse et paie un taxi l’emmenant à la pharmacie la plus proche. Je lui donne ma carte de visite, afin qu’elle me recontacte plus tard, en cas de complications. Mon regard se tourne vers la rue, au milieu de la foule, elle est là, me fixe. Je regarde la jeune femme blessée et rentre dans le taxi pour l’accompagner. La situation m’a fait tant souffrir que je ne fais ça que pour la blesser autant qu’elle m’a brisé le cœur. La nuit est tombée, la lune éclaire maintenant les pavés. Je pousse la porte de chez moi, déboutonne le bouton de ma chemise et allume le tourne disque jouant plusieurs musiques des années 60 à 80, de Queens à Dexys en passant par du Bonnie Tyler. La musique sortant de différentes enceintes placées un peu partout dans les différentes pièces transforme l’appartement en une géante discothèque privée. Quand tout va mal, rien de mieux que la musique pour panser les plaies du cœur. Les secondes passent, puis les minutes quand soudainement, un bruit extérieur se mélange à l’ambiance sonore. Ce bruit, c’est celui de l’interphone de la porte d’entrée.

Jusqu'à Ce Que La Mort Nous Sépare Où les histoires vivent. Découvrez maintenant