𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑 : Rencontre

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Une nouvelle journée débuta. La jeune femme se leva, toujours tracassé par sa rencontre au parc.



La journée d'hier n'avait pas très bien fini. Sur le chemin du retour pour rentrer chez elle, elle croisa de nombreuses personnes qui étaient malsaines, le genre de personne qui se bourrent la gueule à 4h du mat, sauf qu'il était 19h.

Malgré sa musique au volume maximal, elle ressentit un énorme mal de tête, comme si on lui tapait dessus de tout les côtés, et manqua de s'évanouir.

Il y a des journées comme celle-ci où elle est plus sensible aux émotions l'entourant que d'autres. C'était un de ces jours.


Ce surplus d'émotions peut également être ressenti si elle se retrouve face à quelqu'un étant dans le mal depuis trop longtemps, ou cachant une trop grosse souffrance. Les sentiments refoulés depuis des années surgissent ainsi tous d'un seul coup, et l'engloutissent.



Elle rentra donc chez elle très fatigué, et se laissa tomber sur son lit d'épuisement avec son oreiller contre les oreilles, tentant en vain de stopper ce mal de tête insupportable.





Ce fut devenu une routine de croiser le jeune homme encore inconnu tout les soirs, aux alentours de 16h30. De temps en temps, elle était la première à arriver sur les lieux, et de temps en temps c'était lui. Les regards qu'ils se lançaient se transformèrent rapidement en petit sourire, de plus en plus expressifs. Aucun des deux individus n'osaient encore aller se parler, chacun pensant que la personne en face de lui n'était pas intéressé. Pourtant, ils le savaient tout deux, au fond d'eux, qu'ils étaient attirés l'un par l'autre.



Le jeune homme avait remarqué que ses sourires s'évanouissaient juste après qu'ils se soient regardées. La jeune femme était préoccupé par ce que lui ressentait : ce mélange de solitude, de culpabilité et d'une profonde tristesse l'a figeait sur place, la mettant dans une position où elle était inutile. Elle aurait voulu aller lui demander ce qu'il se passait, mais elle n'était pas assez courageuse, et n'a jamais été capable de réconforter des gens dans le mal. C'est quelque chose que personne ne lui avait appris.



Voilà donc comment l'on se retrouve dans une scène où ces deux individus se contentaient de se voir une trentaine de minutes chaque soir, sans échange, mais avec juste un simple regard et parfois un simple sourire. Cela se déroula pendant encore une bonne semaine, jusqu'au jour où, comme tout les soirs, elle se rendit au parc mais ne le vit pas lui. Elle attendait sans le montrer, en espérant ne serait-ce que croiser son regard ou le voir au loin. Mais rien, rien de ceci ne se passa. Elle rentra alors chez elle, déçu, et vagua à ses occupations.




Les jours suivants, elle ne se rendit pas au parc. La fatigue l'achevait, et elle n'en avait plus l'envie pour je ne sais quel raison. Elle se trouvait stupide d'avoir cru intéresser quelqu'un, elle qui n'était au final, qu'une personne lambda.



Le jeune homme, lui, était au rendez-vous, tout les soirs. Il ne la voyait plus, à son grand désespoir, et commença à replonger dans une tristesse encore plus profonde. Il ne savait pourquoi, mais cette jeune femme, qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, enjolivait ses journées répétitives. Il continua à se rendre dans ce parc avec toujours une once d'espoir, et tenta de se relaxer malgré tout. Il en avait même oublier qu'il venait ici pour se changer les idées normalement, mais c'était elle qui trottait dans sa tête maintenant.






Un soir, elle décida de retourner au parc. Elle n'en pouvait plus de voir les murs de son minuscule appartement constamment, et avait besoin d'air frais. Elle pris son manteau, et sortit. Elle alla s'asseoir sur ce même banc, au même endroit, n'attendant rien de particulier. Tout à coup, une vague d'émotions la submergea : elle se rendit compte assez vite qu'elle n'avait pas pris ses écouteurs, et qu'elle était donc à découvert dans ce monde de brute.

-Bordel de merde, j'suis vraiment tête en l'air c'est pas possible, dit-elle en se tenant la tête entre les mains.

Elle se mit peu à peu à paniquer, un flux d'émotions l'envahissant peu à peu, mais essaya malgré tout de se calmer en se focalisant sur sa respiration, ce qui est assez compliqué quand celle-ci n'est pas régulière.



Elle voulait pleurer toutes les larmes de son corps, crier, faire quelque chose pour que ce bruit incessant dans sa tête s'arrête, mais elle ne laissa rien paraître sur son visage, mis-à-part cette même expression vide. Elle voulait rentrer chez elle, partir en courant, mais quelque chose la retenait. Son unique option était de laisser sa tête et ses oreilles entre ses mains, et d'essayer de penser à autre chose.

Étonnée, elle sentit cette même vague d'émotion qu'elle connaissait trop bien. Ce mélange similaire de tristesse, de culpabilité et de solitude. Cette sensation qu'elle avait fini par connaître par cœur. Sauf que cette fois-ci, elle pouvait ressentir une once, extrêmement légère, de bonheur, laissant une place moins importante à la solitude. Elle n'eut même pas le temps de lever la tête que l'individu vint s'asseoir à ses côtés, sur le banc.






-Tout va bien ? T'a un peu l'air au bout de ta vie, lui dit-il d'un air inquiet tout en arborant un sourire chaleureux et rassurant.






Le jeune homme avait pris son courage à deux mains pour venir la voir. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être timide, mais il perdait ses moyens face à elle, et n'était pas non plus dans une période réjouissante.



La jeune femme était tétanisée. Son mal de tête était toujours présent, mais s'était légèrement estompé suite à l'arrivée de cet inconnu. Elle n'osait pas bouger, comme si un petit mouvement allait se transformer en un geste brusque et le faire fuir. A son grand étonnement, elle leva la tête sur le côté et le regarda : c'était lui, c'était bel et bien lui. Le fameux jeune homme qui la perturbait depuis maintenant quelques semaines, celui qu'elle voulait connaître et découvrir. Elle le fixa sans lui donner une réponse claire, tout en bégayant.

-T'es sûre que tout va bien ? redemande-t-il.

-Euh oui pardon, je me suis juste un peu emporté, répond-t-elle en tremblant encore à moitié, avec un sourire nerveux.

Il la regardait avec son bandeau sur les yeux, toujours avec son air inquiet. Un long silence se fit entendre entre eux deux. Elle réussit à se calmer et à retrouver une respiration stable, puis osa enfin lui parler.

- C'est quoi ton nom ?

L'homme mit du temps à répondre. Sans aucune raison apparente, elle avait peur de l'avoir offensé ou pire, qu'il parte et qu'il ne revienne plus.

-Moi c'est Satoru. Et toi ? répondit-il enfin après quelques minutes d'attente en arborant un léger air de fierté.

- Haruna.

Bizarrement, Haruna n'avait plus mal à la tête. Sûrement car le jeune homme, à ce moment précis, se sentait bien. Il avait juste une sensation de confort qui l'envahissait, et ne pensait plus aux aspects négatifs de sa vie. Elle ne chercha pas à comprendre pourquoi son mal de tête s'était estompé, et profita juste du moment présent.



- Eh bien enchanté Haruna ! dit Satoru avec un grand sourire.



Il n'avait plus les mêmes expressions.






Dès qu'ils se voyaient au parc, ils restaient ensemble et discutaient de rien et de tout, voire restaient assis pendant une demi-heure sans s'échanger un seul mot, mais ce n'était pas un problème. Leurs présences mutuelles leur faisaient du bien. Ils parlaient de tout sauf des sujets qui fâchent : l'exorcisme. Il voulait tout les deux fuir ce sujet, et fuir leurs vies respectives, ne voulant pas être juste défini par leurs capacités. Les deux jeunes adultes ne s'en étaient d'ailleurs pas rendu compte, mais inconsciemment, aucun d'eux n'avaient énoncé son nom de famille lors des présentations précédentes.

𝗖𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲॥ Gojo Satoru X OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant