𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟖 : Ataraxie

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L'ataraxie est un état d'indifférence émotionnelle totale du sujet qui n'éprouve pas d'émotion émanant de lui-même et qui lui serait propre.








Vide.






Vous savez, cette sensation d'une amplitude profonde. Celle qui vous fait perdre la notion du temps, celle qui vous enlève toute envie de, ne serait-ce que vous levez. Celle qui est impitoyable, qui n'a aucune peine à vous envahir, et qui laisse vos larmes s'écouler sans cesse, sans que vous n'ayez aucun contrôle dessus. Celle qui vous laisse le regard vide, des heures et des heures durant, faisant en sorte que votre existence n'ait plus de sens, et celle qui vous prive de vos sentiments, même vis-à-vis de vos proches soi-disant les plus chères.

Celle qui est présente constamment, mais qui ne se manifeste qu'au moment où vous êtes au plus bas, et celle qui fait que vous vous enfonciez encore plus.



C'est comme cela que Haruna se sentait.



Deux jours avaient passés depuis l'annonce de Satoru, et depuis qu'elle avait fait sa dernière sortie. Mais cela lui avait paru être une éternité.

Elle n'avait presque pas bougé de son lit pendant ces 48h, même pour se nourrir, cela lui étant sorti de la tête. Haruna était simplement les bras croisés autour de ses jambes, recroquevillée, le regard vide. Et rien n'y changeait.



Il faut dire que le destin s'acharnait sur ce petit bout de femme. Il était cruel envers elle, et lui retirait petit à petit tout ce qui la rendait heureuse chaque jour, et tout ce qui l'animait. Et il faisait cela à chaque fois qu'elle commençait à aller mieux, ne lui laissant jamais de répit. Alors comprenez que sa lueur d'espoir s'éteignait peu à peu, celle-ci n'ayant plus la force de résister et de se battre.



Satoru.



C'était sa dernière étincelle d'espoir, celle qui ne voulait pas s'éteindre et qui continuait à vivre malgré tout les coups bas. Celle qui, malgré sa petite taille, rendait la vie un peu moins dure à vivre, et un peu plus agréable.

Mais c'était aussi celle qui n'allait pas tarder à s'éteindre, et qui ne se rallumerait plus.















Brutalité.



Le seul mot qui était venu à l'esprit de Satoru lorsqu'il vit Yuji sur la table mortuaire, brutalité.

Sa perte ne pouvait qu'être défini ainsi, elle avait été très rapide, et personne ne pouvait s'y attendre. C'était comme si on vous arrachait un membre, d'un coup sec, et que vous n'aviez pas le droit de réagir, mais seulement de rester stoïque.

Tel était le rôle de Satoru, il ne pouvait se permettre de fondre en larmes, alors il arbora seulement une expression laissant sa bouche se crisper légèrement, et se tut.

Voir son si jeune élève couché devant lui, sans vie, perforé au cœur, était plus que compliqué. Satoru s'était particulièrement attaché à lui rapidement, et imaginait déjà un grand futur pour lui. Mais le destin du jeune garçon n'avait pas décidé de la même chose. 



Après cette visite, tout ce qui était présent dans l'esprit du jeune homme se généralisait à une seule question : Comment lui annoncer ?

Annoncer la mort de quelqu'un n'est jamais quelque chose de simple, encore moins lorsque c'est quelqu'un que vous aimez. Comment faire pour être doux en annonçant une chose brutal ? Tel était le paradoxe.

Haruna était particulièrement proche également de Yuji, il le savait. Il avait aimé observer ses sourires aux côtés de l'adolescent, et savait au plus profond de lui qu'il était bénéfique à la jeune femme, elle qui avait du mal à se sentir à l'aise, et qui n'allait pas bien. Alors comment lui dire que cette personne si chère à son cœur était parti ?

Après de nombreuses réflexions, il décida qu'il la retrouverait à l'un de leur endroits fétiches, et qu'il irait droit au but sans prononcer les mots explicitement. Il savait qu'elle comprendrait. Certes, ce serait brutal, et elle en souffrirai, beaucoup. Mais ce n'était qu'un moment dur à passer, et quoi qu'il arrive, il serait là pour l'épauler et pour la soutenir.

Quoi qu'il arrive.



Il arriva devant son appartement, ouvrit sa porte qu'il referma d'un claquement, et resta figé pendant quelques minutes à observer ce qui l'entourait.

Puis il se précipita de colère, et jeta tout ce qui se trouvait sur sa table à manger à l'autre bout de la pièce d'un seul coup.

Les vases s'écrasèrent sur le sol, et les tasses se brisèrent, laissant du verre éparpillés partout. Les chaises se retournèrent sous la violence, provoquant un bruit répétitif rauque lorsqu'elles atteignèrent le sol. Les journaux volèrent à travers la pièce, et les murs tremblèrent.

Puis vint le tour du cadre fissuré, qui garda l'attention de Satoru quelques secondes avant d'être balancé, plus fort que précédemment, contre le mur. Chaque geste qu'il effectuait s'accompagnait d'un cri, un cri de colère mélangé à de la tristesse, de la nostalgie, de la haine.






Plus un bruit.






Il s'écroula. Il s'était laissé glisser dos au mur, comme si toutes les forces qui l'avaient porté jusqu'ici avaient décidé de se dissiper, et de le laisser seul, face à lui-même.

Aucun bruit n'était présent. Seules les larmes coulaient à flot le long de ses joues rougies par le froid et abimées par les morceaux de verre volants, et allèrent s'écraser sur son pantalon d'un bleu nacré. Satoru ne se retint pas. Les émotions qui l'envahissaient et qu'il ne savait exprimer depuis tout ce temps étaient extériorisés à travers ces larmes, et il en avait besoin. Il n'avait surtout plus de force pour s'empêcher de pleurer, et laissa faire, n'étant qu'un spectateur de sa propre souffrance.

A cet instant précis, il se sentait vide. Il était imprégné de ce qu'Haruna allait ressentir quelques jours plus tard.




Cette souffrance cachée depuis bien trop longtemps.




Bonsoirrrr, comment ça va ? Les chapitres sont pas très très joyeux en ce moment, je m'en excuse mais j'espère que ça vous plait quand même !

𝗖𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲॥ Gojo Satoru X OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant