Sourde tempête - PLK 1

Chapitre 84

Début Août 2018

- C'est bon t'entend? me demande Mathieu.

- Oui, balance.

Mathieu est en train de me faire écouter les sons qu'il a enregistrés cet été pour son album. Mes parents sont au travail donc on a l'appartement pour nous cet après-midi. Il me fait rire parce que je vois à son air sérieux qu'il est fier de ce qu'il a produit.

- T'es trop fort, dis-je à la fin du son. 

- T'aimes ? 

- J'aime trop quand tu chantonnes.

- T'es sûr ? C'pas chelou? 

- Non, je ricane.

- Tu veux écouter le son avec ton reuf ? 

- T'as fini le mixage ? 

- Ouais, sourit-il.

- Vas-y met le ! 

Son téléphone se met à sonner, je vois à son air inquiet que c'est important. 

- Décroche, je le mets toute seule, dis-je en lui pendant son PC des mains.

Il me regarde une dernière fois avant de prendre son téléphone en main. Je décide d'écouter tout les sons pour lui laisser son intimité. Il termine 10 minutes plus tard. Il verrouille alors son téléphone et le pose sur la table de ma chambre.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je lui demande en voyant ses sourcils froncés.

- J'ai pas envie d'en parler.

J'acquiesce parce que je sais que c'est à propos de sa famille mais je reste quand même déçu car je me rends compte que depuis quelques jours sa carapace est revenu. Je préfère pas lui en parler pour éviter une dispute. Je m'allonge donc sur mon lit en regardant mes réseaux sociaux alors que Mathieu fume son joint près de ma fenêtre.

- T'as tout écouté ? 

- Oui bon il faut plusieurs écoutes mais pour l'instant j'adore. Sérieux j'suis choquée c'est tellement bien.

- C'est vrai tu kiffes ? 

- Tu te rends pas compte de ce que tu fais. Un jour tu vas tous les détrôner.

Je vois qu'il sourit.

- Sauf Ken bien sûr.

- C'est le meilleur du game.

C'est à mon tour de sourire. Même avant qu'on se mette ensemble, Mathieu avait ce discours sur mon frère. Il l'a toujours admiré et pris comme exemple de réussite. Je crois en lui et je sais qu'il est sur le bon chemin.

- Il est toujours en Grèce lui ? 

- Ouais, ça s'est mal fini avec Léna. Tu le connais, il fait le mort jusqu'à qu'il soit obligé de revenir sur Paname.

 Il jette son joint avant de s'allonger à coté de moi.

- Il est vraiment investi dans ses histoires, déclare Mathieu.

- Il pensait que c'était la femme de sa vie, ils ont tout vécu ensemble. Du jour au lendemain elle coupe tout contact avec lui. Je le comprends. C'est pour ça que je le saoule pas, je préfère le laisser gérer sa peine. 

Il ne réponds pas.

- Tu sais, un jour c'était pire. J'ai ne l'ai jamais vu dans un état pareil. J'ai cru qu'il allait mourir de peine

- De peine ? dit-il en haussant un sourcil.

- Oui, il mangeait plus, il fumait sans s'arrêter. Il disait que son corps lui faisait mal tellement son coeur pouvait plus retenir toute sa peine. C'est la première fois où il s'est séparé d'elle.

- Ça fait peur non ?

- De quoi ? D'aimer à ce point-là?

- Ouais, d'être autant dépendant d'une personne. 

- Je sais, ça me retourne le ventre de penser à ça. 

On reste allongés en silence pendant plusieurs minutes après cette discussion. Je sens que nos cerveaux fusent à cause de cette discussion. Je ne sais pas trop quoi en penser à vrai dire. Je suis le genre de personne à ne pas dépendre d'une autre. J'ai toujours fonctionné comme ça donc je ne comprends pas trop comment Ken peut être autant détruit. 

- Tu dors à la maison ce soir ? Mathieu coupe le silence.

- Ton père n'est pas là ? 

- Non. 

Je hoche la tête. D'habitude, Mathieu ne veut pas que je vienne chez lui si son père est chez eux. Je vois à son regard que c'est à cause de son père qu'il est autant pensif et désagréable depuis quelques jours.

- T'as hâte d'être ce soir ? 

- À fond, c'est la première fois que Léna vient me voir. J'vais tout donner.

Mathieu fait un showcase ce soir à Paris et pour une fois, sa petite soeur peut venir. Enzo n'est pas à Paris mais est en Corse avec la grand-mère de Mathieu jusqu'à la fin du mois. Je connais assez bien Enzo car il traîne souvent dans les pattes de Mathieu mais je n'ai jamais vu Léna. Je sais que Mathieu ne l'a pas beaucoup depuis que ses parents ne veulent plus s'adresser la parole et il s'en veut de ne pas être autant proche d'elle qu'Enzo. Ce n'est pas sa faute mais il s'en veut quand même.

- Tu verras, c'est la plus mignonne des petites filles.

- J'ai hâte de voir ça. 

- C'est ma mère qui l'amène.

- Je vais enfin voir ta maman ? 

- Malheureusement.

- Arrête, elle ne doit pas être si horrible, je rigole.

- Non du tout mais elle me prend déjà la tête parce que je t'ai jamais présenté. 

- J'ai hâte d'être ce soir alors, dis-je en posant un baiser sur sa joue.

- Tu viens avec moi ou avec tes potes ? 

- Avec Rayane, comme ça tu fais tes balances tranquilles.

- Ça m'dérange pas de te ramener.

- Tu veux juste pas que Rayane me ramène ouais, dis-je en rigolant.

- Rien à voir, j'men fous.

- Après plus d'un an t'es toujours jaloux de lui ? je lui demande pour le taquiner.

- Jaloux ? T'es folle toi.

- Tu fais encore la tête quand je sors avec lui.

- Quand tu sors seule avec lui, rétorque-t-il en accentuant sur le seule.

- C'est mon meilleur ami ! 

- C'est mon meilleur ami, répète-t-il avec une voix aiguë.

Je le pousse en rigolant.

- T'as de la chance que j'ai pas de meilleure pote meuf.

- Bagarre si tu m'en ramène une, dis-je en prenant ses joues dans mes mains.

- Y'a pas d'raison, dit-il en m'embrassant.

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OOOPS en retard