Mira - Londres - Partie 1

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On a tous quelque chose qui nous fais peur. Moi c'est les poupées. Et en ce moment, Sharon essaye de me trainer dans une affreuse boutique de jouets. Glauque. On en a tous entendu des histoires d'horreurs, sur ce genre de jouets. Et elles sont franchement pas rassurantes. Sharon me tire par le bras.

- Allez Mira, s'il te plaaaiit ! J'ai besoin de ton avis ! Lissa a à peu prêt les mêmes goût que toi ! Alleeeez !!

- Sharon, ta cousine a neuf ans, moi 17, et franchement, je t'ai déjà dit que ce genre de truc, je les évite. De trèès loin.

Elle roula des yeux. Oh oui je lui avais dit, et même des centaines de fois. Mais que voulez vous, on ne change pas des gens têtus. Elle finit par rentrer seule en marmonnant. Au bout de dix minutes, ne la voyant pas sortir, je préférais rentrer. Aux prix d'efforts que vous ne pouvez même pas imaginer, je poussais la porte. Et ce que je vis n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. C'était pire. Une ampoule aux fils dénudés éclairait le petit magasin aux vives couleurs inquiétantes. De petits clowns et autres horreurs miniatures me regardaient fixement. Une caisse était recroquevillée dans un coin et il régnait une atmosphère étrangement éttoufante malgré les deux murs recouverts de baies vitrées qui donnait sur le croisement de la rue. Apercevant Sharon saine et sauve, je ressortis aussi sec. Dehors je me sentis libérée. Ce mot me faisant repenser au dernier Disney, je fredonnait "Libérée, Délivrée" pendant les quelques minutes d'attente qui suivirent. En voulant me tourner pour jeter un coup d'oeil dans la boutique, j'aperçus un drôle de type. Un grand imper noir. Un pantalon de la même couleur. Des lunettes et un chapeau. Le type qui veut rester anonyme. Il me regardait fixement. J'avais des mouvements nerveux sous son regard. Au moment ou j'allais détourner le regard, il sortit la main de sa poche et pointa un index accusateur sur moi. Je me figeais, comme pétrifiée. Un froid glacial et surnaturel envahit mon corps et chatouilla encore plus mon poignet. Je battis des cils. Il n'était plus là. Du tout. J'avais toujours un regard de hibou choqué quand Sharon sortit. 

- Hey, tu vas ?

Je clignais des yeux, et la sensation persistante de froid s'évanouie complètement. Je me secouais et repris mes esprits.  Je me tournais vers mon amie. Elle tenait un petit paquet emballé et deux bracelets.

- Je t'ai pris un petit truc, je le trouvait sympa, genre dans ton style. J'en ai aussi pris un pour moi, me dit-elle avec un grand sourire. 

Elle me tendit un bracelet de cuir sur lequel il y avait des espèces de runes et de dessins bizarres. Je le trouvais sympa, malgré son étrangeté. Je jetais un dernier coup d'oeil au coin de la rue avant de me diriger vers chez moi.


* Le lendemain*


Je me levais à grand peine au son tonitruant de la radio. Je fracassais ma main sur le réveil pour le faire taire. Le bracelet de cuir frottait ma peau. Je regardais mon autre poignet où se trouvait ma montre. 8h... 8h !? Mais oui !!! Hier j'avais commencer à 9h30, et j'avais oublier de remettre le réveil à son heure habituelle. Je m'habillais en sautillant à travers ma chambre pour faire mon sac en même temps. Je l'attrapais en vitesse après m'être brosser dents et cheveux. Je sortis en attrapant vite fait un gâteau et mon déjeuner. Je grignotais mon biscuit en courant à toute allure, la jupe plissée de mon uniforme volant autour de mes jambes. En arrivant, je fis un dérapage devant le lycée avant de rentrer en trombe juste au moment où la cloche retentissait. Je soufflais et filait dans mon rang. Sharon me fit la bise. Je jetais un coup d'oeil circulaire. Josh me fit un signe de la main. Je lui rendit en rougissant. Josh, mon idéal. Folle de lui depuis plus de six mois. Sharon me sortit de mon rêve en m'adressant un coup de coude dans les côtes. La prof arrivait. Elle nous emmena dans les salles de cours étouffantes aux multiples tables de bois soigneusement alignées. Je m'assis, ou plutôt m'affalait. Sharon alla à l'autre bout de la classe pour s'asseoir à côté de son copain. Josh entra en dernier. il ne restait plus qu'une seule place. A côté de moi. Je retins mon souffle quand il déposa ses affaires sur la table voisine. Il m'adressa un grand sourire. Je replaçais une mèche rebelle derrière mon oreille en tentant de contenir mon rosissement. Un cours ennuyant de deux heures sur les méandres philosophiques de la vie commença. Je détestait le philo. Et ce devait être réciproque vu mes notes. Josh chuchota :

- Tu comprends quelque chose toi ?

Il m'a adressé la parole ! J'exécutais une petite danse de la joie mentale avant de répondre :

- Pas grand chose, à part que ça à l'air compliquer. Pfff... Pourquoi on s'embête à comprendre le pourquoi du comment ?

Il rit doucement.

- Quoi ? le questionnais-je.

- Tu es mignonne quand tu fais cette tête.

Pendant qu'il parlait, il me regardait fixement. Je ne pouvais pas détacher mon regard de ses yeux. Je détournais quand même la tête en tripotant nerveusement mon bracelet. J'entendis des espèces de chuchotement. Je tournais la tête et ne vis personne qui parlait. A la sonnerie, avant que je partes, Joh me retint le bras.

- Ca te dirait qu'on mange ensemble ce midi ?

Je souris.

- Ouais, avec plaisir.

Je m'en allais le coeur léger. A partir de ce moment, je n'attendais plus qu'une chose : le déjeuner. C'est dingue comme les heures semblaient s'étirer, se rallonger dans certains moments. Le midi, je rejoignit Josh avec Sharon. Nous nous installâmes à une table de quatre avec un ami à lui. J'étais aux anges. Je ne m'étendrais, mais le déjeuner se constitua d'éclats de rire, de petits compliments, de rougeur et de joie. J'en flottais encore le soir en rentrant.


*Le lendemain*


Cette fois-ci, je ne fus pas en retard. Josh m'attendait devant le lycée. Mon coeur battait la chamade. Je n'arrivais pas à me dire qu'on était devenus si proches. Il passa même un bras autour de mes épaules pour m'ébouriffer les cheveux. Il me dit qu'il ne pourrait pas manger avec moi ce midi, mais qu'il se rattraperait vite. Cette phrase me fit sourire jusqu'au yeux. Il se plaça à côté de moi toute la matinée. A midi, je le voyais de loin. Il riait à une quelconque blague. Je glissais à Sharon.

- Regarde, il est mort de rire.

Elle tourna un regard moqueur vers moi. Je replongeais le nez dans mon déjeuner et elle en fit autant en ricanant. Elle jeta un regard à SA table et se figea. Sharon m'agrippa le bras.

- Mira...

Je levais la tête. Josh riait. Sauf qu'il en toussait. Il se tenait les côtés. Son rire était convulsif. Il toussa. Du sang. Je me levais et courut vers sa table. Il se convulsait de rire. Il se tenait le ventre. Il toussa. Encore plus de sang. Il riait en me regardant, sauf que ses yeux étaient emplis de terreur. Je vis que son tee-shirt était plein de sang. Le sang. Rouge, chaud gluant. Il toussa, et je reçus quelques gouttes de liquide vital sur ma joue et plus encore sur mes vêtements. Son nez en dégoulinait. Sa bouche aussi. Il se leva, mais chancela et tomba à mes pieds. Il toussa puis rit de nouveau, à gorge déployée. Il me regarda et di toujours en riant.

- Mira, je t'aimais. Mira......

Et il rit tellement fort. Il convulsa en toussant. On entendit comme un craquement puis il s'effondra. Il ne bougeait plus.

- Josh ?

J'avais peur. Je voulait qu'il me réponde. Un surveillant se mit à écarter tout le monde rapidement. Moi, je ne pouvais pas bouger. Tout devenait flou autour de moi. Sauf lui. Lui, si gentil avec moi ces derniers jours, lui que j'aimais depuis un bout de temps. Il gisait maintenant dans son sang. Je levais lentement ma main à ma joue. Je touchais une goutte de quelque chose. Je l'amenais devant mes yeux. Du sang. Je pris soudain conscience. Il était mort. Josh était mort à mes pieds en m'avouant son amour. Et j'avais son sang sur moi. Je me mis à hurler à plein poumons. Il était mort !!! MORT !!! J'agitais les bras dans tous les sens en criant, repoussant tous ceux qui s'approchait de moi. Les morts "mort" et "sang" résonnaient dans mon crâne. Je perdis soudain connaissance, dans la mare de sang, la main sur la sienne.

Petites histoires à ne pas lire la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant