Chapitre 1

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J'ouvre les yeux au son de la radio qui me sert de réveil. Encore une fois, les quelques personnes qui débattent sur les ondes s'engueulent car elles n'ont pas les mêmes opinions. J'ai envie de leur foutre des claques à tous ces politiciens qui croient qu'ils peuvent faire avancer la France. De toute façon, ces élections de 2047, elles sont foutues d'avance. Personne n'ira voter, sauf peut-être un petit pourcentage de français qui sont membres de partis et qui sont obligés de voter, mais bon... ça ne représente pratiquement rien de la population.

J'éteins la radio sans prendre la peine d'écouter ce que disent ces cons, et je file prendre un petit-déjeuner rapide avant de me changer. Je n'allume pas la télé pour me divertir, vu que nous sommes à moins de deux semaines du premier tour, toutes les chaînes ne parlent que de politique... Je mets dans mon sac le devoir de philo que j'ai fini hier soir en quatrième vitesse, et je sors de l'appartement en courant pour ne pas louper le bus qui doit passer dans la minute qui suit.

J'arrive une nouvelle fois en retard à l'université, vu que j'ai loupé le bus, et je m'assois en silence au fond de l'amphi où le cours à déjà bien commencé. Tant pis, je demanderai une nouvelle fois à Thibault son cours, c'est pas comme si ça se serait la première fois. J'espère juste qu'il ne va pas me demander un paiement au bout de ces trois ans de licence, parce que là je ne sais pas comment je ferais !

La journée passe lentement une fois de plus, et je me réjouis d'en avoir bientôt finis avec l'université. L'année prochaine je fais une année de césure pour me reposer et pour mener quelques projets humanitaires, et après je ferais un master. Je ne sais pas encore dans quoi, mais j'ai le temps de voir venir ! Je rends mon devoir de philo in extremis alors que je croise le prof dans les couloirs du département des langues. Qu'est-ce qu'il vient faire là ? Je ne réfléchis pas plus et sors des bâtiments pour enfin retrouver mes amis. La journée a été chargée et j'ai bien besoin de boire un verre !

Sur notre terrasse habituelle, je remarque que certains manquent à l'appel.

-Samantha et Justin ne sont pas encore arrivés ?

Je m'assois et écoute Pierre me dire qu'ils sont passés par la librairie pour s'acheter je ne sais quel bouquin, qui, les connaissant, devaient avoir été lu depuis plusieurs semaines.

-Ils ne devraient plus tarder, je propose qu'on commande pour eux !

J'acquiesce à la proposition d'Emma, et je fais signe au serveur qui passe pas loin pour qu'il vienne prendre notre commande. Il arrive à toute vitesse et nous fait un grand sourire tandis qu'on lui donne chacun notre boisson, sans oublier de demander celles de Sam et Justin qui prennent tout le temps la même chose.

Les boissons ne tardent pas à arriver, et nos deux amis aussi. Ils s'installent autour de la table avec nous, tous essoufflés d'avoir couru pour ne pas être en retard, et nous remercie d'avoir commandé pour eux.

-Le prof de politique contemporaine nous a demandé d'acheter un livre de Founert, sur les présidentielles 2022. Apparemment c'est à partir de ces élections que ça a commencé à être le bordel !

J'écoute les autres discuter de ce qu'ils savent des années 2020. Bien sûr ressortent les incendies en Australie, la crise sanitaire mondiale, la guerre en Ukraine, la mort tragique de Timothée Chalamet sur un tournage en 2023 (ça c'est d'Emma à coup sûr !), l'annexion de Taïwan par la Chine, les jeux olympiques 2024 à Paris, la série de meurtre à grenoble qui a fait une vingtaine de mort, les attentas de Montparnasse les 16 et 17 septembre 2027, et l'effondrement de la tour de Pise avec le tremblement du 9 mai 2029.

Puis la discussion revient sur la campagne présidentielle de cette année.

-Vous pensez que qui aura le plus de voix ? demande Justin.

Parce que de toute façon, ça n'a plus de sens de dire "qui sera élu". On ne peut pas être élu quand moins de deux pour cent de la population votent au deuxième tour. C'est dire à quel point il n'y a personne au premier tour !

-Je parie sur Abadie, elle est la seule qui a un programme qui tient debout, les autres sont là juste parce qu'il ne fallait pas la laisser toute seule. Imaginez s'il n' y avait qu'un seul candidat aux élections ! Je me demande si on voterait quand même...

-Moi je pense comme toi Pierre, mais jamais il n'y aura qu'un seul candidat à des élections. Tu trouveras toujours des cons assoiffés de pouvoir pour se présenter !

Les autres hochent la tête à l'écoute de mon avis, et Pierre se tait car il sait que je gagnerais le débat s'il se lançait là-dedans avec moi. Je ne m'intéresse pas dû tout à la politique, c'est à peine si je sais qui est candidat cette année, mais comme ma mère était professeure de politique à Sciences Po il y a quelques années, j'ai pas mal de ses cours en tête, vu qu'elle les lisait à voix haute dans le salon à l'époque.

La soirée passe vite, et bientôt il faut que je rentre pour faire mes devoirs. Justin se lève pour me raccompagner, vu qu'il habite à deux rues de chez moi, et on fait un tour de bise pour dire au revoir. Sur le chemin du retour, je m'arrête à une boulangerie pour m'acheter un sandwich pour le soir, et Justin prend un croissant que nous donnons au premier SDF que nous croisons. C'est un peu une habitude quand on rentre tous les deux. Mais comme ça arrive deux à trois fois par mois, c'est pas comme ça qu'on va se ruiner. Mais au moins ça redonne le sourire à un pauvre être qui n'a pas la chance de vivre aussi bien que nous.

Je laisse Justin au détour de sa rue, et continue quelques minutes jusqu'à mon appart. Enfin l'appart que mes parents louent pour moi. Ce qui est un peu égoïste vu que je bosse le week-end mais que je me suis bien gardée de le leur dire pour garder l'argent pour moi. Mais après tout c'est la vie, mes parents n'ont jamais été fiers de moi, préférant ma soeur à moi, alors je ne vois pas pourquoi je devrais me sentir redevables à des gens qui n'en ont pas grand chose à foutre de moi, tant que je ne fais pas de connerie qui pourraient entaché leur nom.

Je me couche une nouvelle fois à pas d'heure à cause de mes devoirs, et m'endors en quelques minutes tant je suis épuisée.


La Seconde Monarchie FrançaiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant