Le lendemain, je me réveille plus tôt que d'habitude, avant même que mon réveil ne sonne, tellement je suis excitée et j'ai hâte de voir ce qu'il va se passer à l'université. Je ne loupe pas mon bus, et j'arrive en avance sur le campus, alors je téléphone à Emma et Sam pour qu'on se retrouve avant le début des cours.
-Raphaëlle ! Pour une fois que t'arrive en avance !
On se fait toutes les trois la bise, et on s'assoit sur un des bancs qui bordent la pelouse devant le bâtiment de cours.
-Alors Emma, dis-nous en plus sur ton futur mec !
Avec Sam on se fait un clin d'œil. Depuis les trois années qu'on se connaît à la fac, on a toujours eu une connexion, et là, d'avoir sorti la même phrase, ne fait qu'augmenter notre sourire et notre bonne humeur.
-Eh bien... Il s'appelle Jonah, il a vingt-cinq ans et il est Coréen.
-Un coréen qui s'appelle Jonah ? C'est pas un peu étrange ça ?
Sam hoche la tête à ma question, et Emma sourit en me répondant.
-Je me souviens lui avoir posé exactement la même question quand j'ai appris son origine, mais il m'a dit que son arrière grand-mère a émigré des USA à Séoul lors de ses études, et qu'elle n'est jamais repartie. Du coup il a des origines américaines, mais pas la nationalité, ça j'ai pas tout compris pourquoi, et donc les prénoms américains sont quelque chose qui font partie de sa famille. Mais il est seulement coréen.
J'acquiesce, et je me tourne une nouvelle fois vers elle pour lui poser une question.
-Et pourquoi veut- il venir en France ? La Corée c'est un pays extrêmement avancé en tout, et là-bas les gens vivent bien, non ?
-Oui, sauf que depuis quelques mois, la Corée du Nord masse ses troupes à la frontière, et tout le pays à peur qu'une guerre éclate, et depuis le scandale entre la présidente des USA et celle de la Corée, les deux pays se font la tête comme des gamins et il n'y a plus aucune alliance qui tienne. Et donc si jamais la Corée du Nord attaque, la Corée du Sud va être toute seule pour lui faire face et c'est pratiquement sûre qu'elle va tomber, et en moins d'une semaine. Du coup, comme personne ne veut finir sous la coupe du dictateur, tous les citoyens cherchent à partir et c'est encore plus simple si ils obtiennent une autre nationalité, car ils risquent de devenir citoyens de Corée du Nord le jour cette-dernière annexera celle du Sud, et donc ils seront vu comme des ennemis par tous les pays et renvoyé dans la dictature. Sauf s'ils sont mariés où en situation régulière dans le pays d'accueil.
-Et donc toi tu le sauves de devoir retourner dans un régime autoritaire en le mariant ? En fait c'est plutôt courageux de ta part...
Sam n'a pas l'air aussi enthousiaste que moi, mais je ne doute pas qu'elle finira par se ranger à nos avis à Emma et moi.
Je regarde mon téléphone, et l'heure affichée nous force à nous lever et à partir en courant pour ne pas arriver en retard à nos premiers cours. Ce serait vraiment honteux franchement, vu que pour une fois je suis arrivée plus qu'à l'heure sur le campus.
Les trois premières heures se passent sans que rien n'arrive. Mais alors que le quatrième cours a débuté depuis à peine une dizaine de minutes, soudain les deux projecteurs s'allument et projettent une image noire sur les écrans qui restent déroulés et que personne ne prend la peine de remonter depuis de longues années.
Une musique classique retentit dans les hauts-parleurs en sourdine, tandis qu'un diaporama se lance, laissant apparaître le buste d'Alexandre qui commence à parler. Au bout de cinq minutes de parole à peine, toute l'amphi est en effervescence et de grands cris de "hourra" résonnent à n'en plus finir. Sans que le prof ne puisse rien faire, et alors que la vidéo recommence une seconde fois à passée sur l'écran, les élèves commencent à sortir de la classe en criant et en scandant "vive la monarchie". Je souris et envoie un émoji pouce en l'air sur notre groupe de discussion à mes potes et moi.
Ils répondent tous pareils, et Pierre envoie même une courte vidéo de son groupe de travail, où on voit tous les élèves chanter en cœur un refrain de trois phrases : "Vive la monarchie, vive Alexandre et vive la France". Je rigole derrière mon écran, et je souris en levant la tête, pour voir que je suis une des dernières toujours présente dans l'amphi, avec quelques élèves endormis, et le prof qui est affalé sur son bureau.
Quand je sors de la salle, je suis entraînée par la foule, qui s'élance et qui danse... Non pardon, juste entraînée par la foule des élèves qui sortent du campus et descendent dans la rue. Lorsque la foule de centaines d'élèves débarque dans les jardins du Luxembourg, je remarque qu'il y a des journalistes qui sont déjà en train d'interviewer des étudiants.
Je souris. Ma mission est réussie, je suis sûre qu'avec cette médiatisation qui va suivre, nous serons dans une monarchie d'ici moins d'un mois !
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La Seconde Monarchie Française
Tarihi KurguUn roman qui imagine une France qui décide de se retourner vers la monarchie et la royauté après 200 ans de république.