Hell's Reapers - Lex & Bull

~ Chapitre 21 ~

BULL

On suivait Valente depuis quasiment 15 jours. 15 jours où il semblait nous balader de tous les côtés, à faire du tourisme, aller à l'opéra ou des expos artistiques. Rien. Aucune information en plus. J'étais une boule de nerf ambulante, et je passais mon temps à gueuler sur tout le monde. Geek essayait de récupérer des contacts sur le Dark Web, mais il n'avançait pas plus de son côté que du mien...Le pauvre ne dormait plus beaucoup. La vie de Sylvain Valente semblait presque d'un ennui mortel. À part quelques escortes qu'il fréquentait de temps en temps pendant son séjour et ce garde du corps qui le suivait en permanence, il était presque plus blanc que la neige... et pourtant je savais que ce n'était pas le cas. On devait bien pouvoir réussir à chopper quelque chose. Mon cerveau chauffait à plein régime non-stop.

Je n'avais pas revu Lex depuis la soirée chez elle. Je l'avais prévenue que j'avais des affaires à régler et que je n'aurais sans doute pas le temps de la voir. On s'envoyait des sms, et on s'était appelé plusieurs fois, mais jusque-là j'avais réussi à m'empêcher d'y aller. Si je la voyais, je savais très bien que je la harcèlerais de questions sur ce qu'elle avait vécu, sur ce qu'elle savait de Valente jusqu'à ce que j'ai un assez gros os à ronger. Et si elle avait le malheur de ne pas vouloir me répondre, je me connaissais assez pour savoir que je pèterai un câble... Je ne voulais pas lui infliger ça ! Si elle était en colère ou déçue de ne pas me voir, rien n'avait été perceptible dans nos échanges. Elle restait très neutre... Sa carapace était remise.

Je calmai mes nerfs en doublant mes séances de musculation. Ça me permettait d'évacuer mon trop plein d'énergie et de canaliser ma colère. Le punchingball qu'on avait encore dans l'arrière salle morflait pas mal en ce moment. C'était le même qui datait de l'époque où j'étais prospect et je crois que j'étais celui qui s'en était toujours le plus servi ici. Je venais de prendre une douche et de redescendre. Je m'attablai, une fois n'est pas coutume avec un verre d'eau à la main, histoire de faire une pause. Scorp était à côté, pendu au téléphone avec un mec qui aurait peut-être des infos pour nous, et Geek dormait debout devant sa bière. Un gros vrombissement de motos se fit entendre, et je soufflai rageusement. Ça y'est, les emmerdes allaient débutées. Et avec ma nouvelle obsession envers Valente, le chapitre du Sud tombait vraiment très mal.

- Hé !! Alors c'est comme ça qu'on accueille les frères du sud ! s'esclaffa Sam le président des Hell's Reapers Sud en passant les portes du club house tout sourire en ouvrant grand les bras, comme si on devait acclamer un dieu.

Je me levai pour aller à sa rencontre un sourire forcé sur les lèvres. Je ne savais pas encore pourquoi il venait en personne, mais je savais d'avance que ça n'allait pas être une partie de plaisir. Je fis une accolade amicale à ce type qui par rapport à moi avait la corpulence d'un ours. Pour la même taille, il avait bien mon double en poids, et pas qu'en muscles. Sa longue barbe était maintenant grisonnante, plutôt normal pour ces cinquante piges et son crâne était rasé, ce qui laissait apparaître plusieurs cicatrices. Scorp et Louis se toisèrent quelques secondes, mais mon VP concentra son attention vers la porte où apparut Gun, celui avec qui il avait grandi à Marseille et de quatre autres frères. Les deux potes se serrèrent dans les bras et ça faisait plaisir à voir. Je saluai Gun à mon tour d'une tape franche dans le dos.

- Ça fait plaisir de te voir mec !

- Moi aussi Bull, me répondit Gun. J'aurais juste préféré que ce soit dans d'autres circonstances, ajouta-t-il tout bas avec un regard qui en disait long.

- On en discute un peu plus tard en privé avec Scorp, lui soufflai-je.

- Yep !

Je me retournai vers Sam.

- Alors quoi de neuf mon vieux ! C'est rare que tu déplaces ta vieille carcasse jusque dans l'Est ! rigolai-je.

- Je suis pas encore mort, p'tit con. Et je viens pour vous faire gagner du fric les amis ! ajouta-t-il de son rire gras en passant un bras autour de mes épaules.